5ème dimanche de Pâques et canonisation de Charles de Foucauld

5ème dimanche de Pâques et canonisation de Charles de Foucauld

Actes des apôtres… : »Ils les exhortaient à persévérer dans la foi… « Ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui… « Après avoir annoncé la Parole… »Ayant réuni l’Eglise…

La foi des premiers disciples se vit et se nourrit à travers des actes et des paroles qui disposent à l’accueil de la foi. Ce sont des actes de réception d’un don, oui, parce que la foi ne va pas de soi, comme ça, comme une évidence, qui n’aurait pas besoin d’être relancée – par un acte libre.

…Par des actes et des paroles qui sortent de l’ordinaire – ex de nos sacrements, ancrés dans la vie, mais sortant de l’ordinaire // mariage, baptême ( …), Eucharistie, … car chacun signifie un Acte qui nous dépasse et nous rejoint en même temps : un Acte divin.

Et nous, comme ces premiers apôtres, nous participons à cette oeuvre divine – car oui, c’est avant tout Dieu qui oeuvre, il prend et reprend l’initiative.

Les apôtres, interpellés par cet Amour hors norme de Jésus ressuscité réalisaient alors que Dieu était finalement bien au-delà de leur imagination, des idées qu’ils se faisaient de Dieu, …

Et alors justement, étonnement face à ce Dieu si grand et pourtant « avec nous », … Ap… « leur » Jérusalem comme ayant vocation à être « la demeure de Dieu avec les hommes »… Vu ce que les hommes sont capables de faire, en pire, est-ce bien raisonnable ce « Dieu avec les hommes » ?!?

Et bien non, ce n’est pas raisonnable. Comme il n’est pas « réaliste » non plus de demander aux hommes  de s’aimer les uns les autres, comme Dieu les a aimés. Les sagesses raisonnables humaines nous diraient : c’est vain et illusoire. Trop « hors-norme »!

Et bien les premiers chrétiens, oui, comme tous ceux qui cherchent Dieu de tout leur être, comme les saints, vivaient de cette foi qui pulvérise les sagesses humaines trop bien rangées.

Non que ces chercheurs de Dieu soient meilleurs que les autres justement, mais parce leur soif si grande,  leur cri, a creusé un accueil plein, entier, de la Miséricorde, folle, de Dieu. Oui, cette miséricorde, elle est pour moi… je l’accepte, je veux même vivre DE Dieu qui prends pitié de moi.

..N’est-ce pas ce qu’a expérimenté Charles de Foucauld ? ( et St Ignace, et St Augustin…)

Par quels actes, quelles paroles lentement sédimentés en lui dans son enfance, avant qu’il se détourne de la foi,

par quel étonnement en voyant des personnes prier dans le désert,

par quelle phrase ou attitude bouleversante, lors d’une confession décisive,

… Par quelles médiations,

lui a été donné de saisir le contraste entre l’Amour de Dieu… et sa vie de misère ? Entre l’Amour de Dieu pour lui, et son vide intérieur qu’il ne savait pas remplir ( et ce n’est pas faute d’avoir essayé)…

Toujours est-il qu’il s’est laissé saisir, il s’est laissé travaillé – une oeuvre divine – par la grâce de Dieu.

Au minimum, … peut-être ne pouvait-il plus se mentir à lui-même sur la nature de sa soif …insatiable par les mondanités.

Est-ce dès son adolescence, plutôt introvertie et mélancolique, que s’est creusée en lui cette soif d’une vie à 100%… ou rien ?

Est-ce plus tard, lors des fêtes qu’il organisait, que s’est creusée une insatisfaction permanente et ce vide ressenti au fond de lui-même ?

Est-ce ce vide ressenti en lui qui allait devenir ce lieu, cette place vacante, cette disponibilité, bien plus encore ce cri… qui accueillera le Dieu de miséricorde, qui lui fera miséricorde, lors de sa confession à Paris ?

Comme nos abîmes disent aussi nos vraies soifs !

Toujours est-il qu’il ne fera pas dans la demi-mesure, encore une fois, Charles de Foucauld. Il va tenter d’épouser le plus possible la vie du Christ avec son Amour pour tous.

Il va se laisser travailler, buriner, par le Christ avec toute sa force de consolation:

« Soyons tendres comme Jésus, aimants comme lui… Consolons comme Lui les affligés, et d’abord ceux qu’Il a mis Lui-même plus près de nous dans la vie ( une mère, une âme chérie); et ceux qui ont le plus besoin de consolation, ceux qui sont plus près de fléchir sous une douleur poignante… Consolons ses membres, les parties de son propre corps, ces membres de Lui-même dont Il a dit :  » ce que vous ferez à un de ces petits, vous me le ferez »…Soyons comme Lui de tendres consolateurs, des frères aimants pour tous les hommes affligés, pour tous les hommes, surtout pour ceux dont il nous a le plus spécialement chargés, mais pour tous, car de tous il a dit :  » ce que vous ferez à une de ces petits, vous me le ferez. » ( Ch. De F. Nouveaux écrits spirituels, Plon, 1950)

Marc Haeussler