Vigile Pascale 2022
Genèse 1… Toute chose émerge de la confusion… Tout être est nommé, distingué, appelé à exister…
Assez spontanément, les humains, à l’échelle de l’Histoire et avec une résurgence aujourd’hui, adoreraient volontiers la nature, voir la déifierait à nouveau.
De même, notre imagination humaine se ferait de Dieu des idées plus proches des mythes : un surhomme, un dieu dont la puissance serait celle d’un roi armé, ou encore un habitant présent en toute chose de la nature de manière un peu brumeuse, romantique, ou sous la forme écologique de notre « mère la terre », ou, pour certains encore, plus rares aujourd’hui, comme LA vérité que nous pourrions cerner, saisir, là, dans l’histoire, que nous pourrions posséder et qui du coup ferait autorité sur tous…Tout cela est assez… « naturel' », pas très nouveau en fait, essentiellement issu des idées humaines, des non-chrétiens comme des chrétiens.
… Et pourtant, Dieu, Lui se révèle. Le mot est choisi. C’est à dire qu’Il va toujours surprendre nos imaginations, nos idées toutes faites. C’était déjà le cas à l’époque du petit peuple juif. Il n’était pas du tout fréquent alors de parler d’un Dieu Unique… qui crée… !
Il y a le créé et il y a le Créateur. Ainsi, la relation devient possible !
De manière poétique, l’écrivain inspiré nous dit même que Dieu s’adresse à sa création, il parle aux étoiles !…
« Il lance la lumière, et elle prend sa course; il la rappelle, et elle obéit en tremblant. Les étoiles brillent, joyeuses, à leur poste de veille; il les appelle, et elles répondent : « nous voici! » Elles brillent avec joie pour celui qui les a faites.
C’est Lui qui est notre Dieu : aucun autre ne lui est comparable. »conclut Baruch (3, 9…).
Et voici que l’Écriture Sainte nous révèle encore bien d’autres choses qui vont nous surprendre, qui ne vont pas aller de soi. Il y faudra un consentement permanent, un accueil à renouveler sans cesse comme tout ce qui ne va pas de soi.
Les écrivains inspirés nous ont révélé ce qui n’est pas spontanément admis par le cœur humain… Dieu, non seulement n’est pas le fruit de notre imagination – à notre guise – mais va être bien plus déroutant et bien plus grand en même temps, que ce qu’on peut imaginer.
Ainsi, Dieu crée, c’est à dire à partir de rien, et il accorde une existence propre à chaque être…Dieu peut ainsi entrer en relation avec ses créatures.
Il va se communiquer tout spécialement aux hommes, à un peuple qui devra ne pas garder pour lui seul la révélation. Il entend ce peuple, Il entend son cri, Il les délivre, les guide par Moïse, et… plus encore, leur donne une Loi… une Loi non de servitude, mais une Loi …pour faire Alliance avec eux!…
… Isaïe, Dieu à Jérusalem :
» Ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est le Seigneur de l’univers.
Ton rédempteur… le Dieu de toute la terre » ( Is 54)…
Tout un vocabulaire d’un Créateur non indifférent, et plus encore, impliqué, concerné par la vie des hommes, partie prenante. Et avec une fidélité sans faille, en dépit de l’inconstance des hommes, en dépit de leur volatilité.
Bref, un Dieu incomparable…
Et ce n’est pas tout… Dieu va mettre son souffle divin, son Esprit au cœur de chacun, nous dit Ezéchiel, pas seulement ici en nous donnant la vie, mais bien par un acte spécial d’Alliance…
» vous vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu » ( Ez 36).
Et ce n’est pas tout… Pour que s’accomplisse son dessein, Dieu va se faire Lui-même…être humain.
Pleinement Dieu et pleinement homme, le fils de Dieu, Jésus-Christ va pouvoir ainsi renouer le lien sans cesse rompu par l’inconstance des hommes. Car oui, regardons nos histoires humaines à répétition, les hommes ont toujours tendance à se livrer à eux-mêmes, avec toutes les divisions intérieures, les accusations, les auto-suffisances ( bref, le péché) qui nous rendent hermétiques, non accueillants au souffle divin, souffle divin qui est tout à la fois amour et discernement.
Dieu ne nous abandonne pas à nous-mêmes, Il se lie à nous pour l’éternité… c’est fait ! Il se lie à nous, d’un lien tout spécial qui ne nous force pas. Un lien indéfectible, mais qui ne nous force pas.
Il se lie à nous en prenant notre chair, notre chair criblé de blessures, notre chair mortel, pour que ce soit dans notre chair qu’Il ressuscite, pour qu’à notre chair il donne sa Vie, Vie radicalement nouvelle… Qu’il nous demande de recevoir par un acte… d’Alliance. Notre baptême est un don et un accueil de cette Vie Nouvelle qui est donnée.
Et donné c’est donné !
Mais nous avons une existence propre, (ni robot ni marionnette), alors nous renouvelons, souvent, cet accueil qui est un acte posé, un consentement renouvelé.
Parce que Dieu n’agit pas en nous comme une mécanique automatique, nous renouvelons notre acte d’accueil, chaque dimanche, régulièrement, oui, en ce sens, la foi Chrétienne se vit dans un rythme, un consentement toujours à refaire car un sauveur crucifié, oui, c’est fou ! Inouï ! ( mais ne fallait-il pas d’ailleurs un Amour fou pour répondre aux folies des hommes ?)
Alors oui, aussi, le baptême se confirme. Il se confirme par la confirmation ( Claude…) qui nous fait « élargir l’espace de notre tente » (Is) en ne gardant pas pour nous une tel Don, mais en le proposant généreusement autour de nous.
Et, oui, le baptême s’alimente… Le baptisé devra poser un acte d’alimentation de la foi de son baptême, en se nourrissant de la Parole de Dieu, celle-là même qui va sainement nous déranger, nous bousculer dans les idées que nous nous faisons de Dieu. Un acte d’alimentation, au sens le plus concret du terme en assimilant le Christ lui-même donné en Nourriture, à travers le pain consacré, qui fait de nous un seul Corps, celui du Christ, l’Église.
Alors, que l’on se rassure, si on trouve que la foi chrétienne en Dieu ne va pas de soi, n’est pas spontané, demande de reposer un consentement, un acte, c’est tout à fait normal… ce qui n’est pas invention de l’homme est inouï !
Avec beaucoup de simplicité, accueillons aujourd’hui ce pur DON qui nous est fait et qui nous rassemble :
c’est en notre chair que le Christ ressuscité habite, pour toujours.
Laissons-le nous vivifier, laissons-le relever nos fronts baissés, soyons dans la joie!