« Père, entre tes mains je remets mon esprit ».
« Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Ce sont les dernières paroles que le Seigneur a prononcées sur la croix ; son dernier soupir – pourrait-on dire -, capable de confirmer ce qui a caractérisé toute sa vie : un abandon continu entre les mains de son Père […].
« Père, entre tes mains je remets mon esprit » est l’invitation et le programme de vie qui murmure et veut modeler comme un potier le cœur du berger, jusqu’à y faire palpiter les mêmes sentiments que le Christ Jésus.
Le dévouement reconnaissant au service du Seigneur et de son peuple qui découle de l’acceptation d’un don totalement gratuit : « Tu m’appartiens… Tu leur appartiens », susurre le Seigneur, « Tu es sous la protection de mes mains, sous la protection de mon cœur. Reste dans le creux de mes mains et donne-moi les tiennes ». C’est la condescendance de Dieu et sa proximité capable de se placer dans les mains fragiles de ses disciples pour nourrir son peuple et dire avec lui : prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps qui est offert pour vous.
Un dévouement priant, silencieusement modelé et affiné entre les carrefours et les contradictions que le berger doit affronter, et l’invitation confiante à faire paître le troupeau. Comme le Maître, il porte sur ses épaules les fatigues de l’intercession et les fatigues de l’onction pour son peuple, surtout là où la bonté doit lutter et où les frères voient leur dignité menacée […].
Nous aussi, fermement attachés aux dernières paroles du Seigneur et au témoignage qui a marqué sa vie, nous voulons, en tant que communauté ecclésiale, suivre ses traces et confier notre frère aux mains du Père : que ces mains de la miséricorde trouvent sa lampe allumée avec l’huile de l’Évangile, qu’il a versé et dont il a témoigné durant sa vie […].
C’est le peuple fidèle de Dieu qui, rassemblé, accompagne et confie la vie de celui qui a été son berger […]. Nous voulons dire ensemble : « Père, nous remettons son esprit entre tes mains ».
Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix définitivement et pour toujours !
Extraits de l’homélie du pape François pour les funérailles du pape émérite Benoît XVI