Conversation avec Dieu
« Frères, nous disait saint Paul, vous nous avez imités, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie de l’Esprit Saint. » Nous avons entendu les lectures, et nous avons acquiescé à ceux qui nous disaient : « Parole du Seigneur » ou « Acclamons la Parole de Dieu ».
Frères et sœurs, Dieu parle. Dieu parle à l’humanité. Dieu parle à toute personne. Dieu s’adresse à moi. N’est-ce pas merveilleux ?
Bien sûr, dans le passé, Dieu a parlé de manière toute spéciale, par les prophètes, et finalement en son Fils. L’Ascension de Jésus auprès de son Père ne marque pas la fin de la conversation : elle signifie au contraire que le dialogue se poursuit pour toujours.
Aujourd’hui, Dieu parle : c’est un acte de foi que nous posons à chaque liturgie, qu’il s’agisse d’une messe, d’un baptême, de funérailles, etc. Si nous lisons et écoutons des lectures bibliques lors de chaque célébration, ce n’est pas parce qu’il faut bien : c’est uniquement parce que nous croyons que Dieu continue de parler aujourd’hui.
Aujourd’hui, Dieu parle, et il cherche des gens qui écoutent, qui reçoivent la parole de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit. Chaque jour, matin et soir, les juifs redisent ces paroles : « Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » Nous aussi, héritiers de cette tradition, il nous faut avant toute chose écouter la Parole que Dieu nous adresse. Un grand merci à ceux et celles qui prêtent leur voix pour faire résonner la Parole de Dieu dans nos célébrations. J’encourage toutes les personnes qui remplissent cette belle mission à y mettre toujours plus d’attention et d’amour.
Aujourd’hui, Dieu parle. La première lecture, le psaume, la deuxième lecture, le verset de l’Alleluia conduisent au sommet qu’est la proclamation de l’Évangile. Ensuite l’homélie contribue à faire résonner cette parole, et tout s’achève habituellement par un temps de silence qui permet à chacun de poursuivre le dialogue personnel, ce silence qui, comme dit le pape François, est « symbole de la présence et de l’action de l’Esprit Saint ».
Aujourd’hui, Dieu parle. Ce même acte de foi, je le pose chaque fois que je poursuis seul à seul la conversation avec le Seigneur. J’ouvre la Bible pour la lire et la relire avec application, attentif à ce que Dieu veut me dire, puisqu’aujourd’hui, Dieu me parle. Même chose lorsque je médite les mystères du rosaire : ce n’est pas qu’une belle histoire du passé. Aujourd’hui, Dieu me parle et je peux, comme disait saint Paul, accueillir « la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie de l’Esprit Saint. »
Frères et sœurs, à chaque célébration, et aussi dans notre prière personnelle, nous posons un autre acte de foi : aujourd’hui, Dieu écoute. En réalité, cela ne fait qu’un avec ce que j’ai déjà dit : Dieu dialogue, Dieu entre en conversation et donc Dieu parle et écoute. Peut-être avez-vous dans votre entourage de ces personnes admirables qui, lorsqu’elles parlent avec vous, vous accordent visiblement toute leur attention. Les personnes de ce genre nous disent quelque chose de l’attitude de Dieu envers nous.
Aujourd’hui, Dieu écoute. Être présent à la messe aujourd’hui, c’est déjà un acte de foi : c’est croire que Dieu en a quelque chose à faire de moi, qu’il ne lui est pas indifférent que je sois ici ou bien dans mon lit. Depuis le début de la célébration, nous avons déjà dit « Amen », « Seigneur, prends pitié », nous avons chanté le refrain du psaume, nous avons chanté « Alléluia ». Nous en sommes sûrs : aujourd’hui, Dieu écoute.
Au centre de la messe, le Credo est un point de bascule. Depuis une demi-heure, j’ai écouté la parole de Dieu, je l’ai accueillie. Cette parole me parvient aujourd’hui, riche de plusieurs siècles de tradition, de dizaines de générations de croyants. Aujourd’hui, je choisis de prendre place dans l’immense fleuve des croyants : moi aussi, je crois.
Aujourd’hui, Dieu écoute. Il nous l’a dit lui-même dans la lecture du Deutéronome : « Si la veuve et l’orphelin crient vers moi, j’écouterai leur cri… Si ton prochain crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant. »
Aujourd’hui, Dieu écoute. Je le crois, nous le croyons, et c’est pourquoi nous faisons monter vers lui notre prière universelle pour nous et pour le monde entier, c’est pourquoi nous osons nous adresser à lui et lui dire « Notre Père ».
Aujourd’hui, Dieu écoute. Dans la prière personnelle, je ne crains pas de parler car je sais que Dieu écoute. La lecture biblique que j’ai méditée suscite en moi une question, une demande, une résolution, une révolte, et je l’exprime. Parfois c’est ma vie, ou la vie des autres, qui me fait crier et pleurer. Lorsque, en égrenant le rosaire, je prie pour diverses intentions, je sais que ce n’est pas peine perdue puisque, aujourd’hui, Dieu écoute. Ensuite, il est nécessaire de laisser sa place au silence. Le silence, je le répète, est « le symbole de la présence et de l’action de l’Esprit Saint » : lorsque je ne sais plus que dire ni comment le dire, c’est là que « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut ». C’est alors l’Esprit lui-même qui « intercède pour les fidèles ».
Frères et sœurs, aujourd’hui, Dieu parle et écoute ; aujourd’hui, Dieu converse avec nous ; aujourd’hui, Dieu agit, sauve et sanctifie. De même que la parole est un événement pour aujourd’hui et pas seulement le souvenir d’une parole du passé, de même l’eucharistie n’est pas seulement l’évocation du dernier repas de Jésus. Le Ressuscité, nous redisait le pape François, n’est pas le souvenir du souvenir d’autres personnes, nos parents, nos grand-parents, les apôtres. Chaque messe nous offre la possibilité d’une vraie rencontre avec Lui. Aujourd’hui, Dieu est vivant et présent : « la foi chrétienne est soit une rencontre avec Lui vivant, soit elle n’existe pas. »
« Frères, nous disait saint Paul, vous nous avez imités, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie de l’Esprit Saint. » Cette Parole avec un P majuscule est le Seigneur Jésus lui-même, la Parole vivante du Père, la conversation de Dieu qui se poursuit avec chacun dans notre assemblée et dans nos maisons, au milieu des épreuves, avec la joie de l’Esprit Saint. Amen.
Alexandre-Marie Valder