Peinture représentant les disciples d’Emmaüs en marche avec Jésus.
Peinture représentant les disciples d’Emmaüs en marche avec Jésus.
On s’étonne moins quand on apprend que Robert Zünd a, pour sa formation, copié des tableaux de notre compatriote Claude Gellée, dit Le Lorrain, amateur de tels paysages bucoliques. Ainsi passe-t-il, dans cette représentation, à l’ombre des arbres, comme un vent de fraîcheur. Mais c’est ce qui s’est sans doute passé dans l’échange entre les disciples et Jésus : un souffle de vie. L’espérance renaissait à chaque parole de ce mystérieux pèlerin.
Cette scène ne rapporte qu’un verset : « Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, Jésus leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait » (Lc 24, 27). Mais nous n’en saurons pas plus sur ce que Jésus leur dit.
Nous avons là un trou narratif qui nous donne soif du sens des Écritures. Et le tableau, par essence muet, ne fait qu’accentuer ce silence de l’évangéliste. Combien de temps dura cette discussion ? Sûrement assez longtemps puisque le soir commença à tomber quand ils approchèrent du village où ils devaient aller. Ce qu’a voulu rendre l’artiste, c’est le cœur brûlant des disciples à l’écoute, comme ils se le diront plus tard (Lc 24, 32).
Un peu perdus dans l’ensemble du tableau dont ils ne forment qu’un élément parmi d’autres ; vus donc de loin, et de dos, nous ne pouvons pas savoir ce qui se dit entre eux. Mais nous comprenons ce qui se passe, à voir ces visages tournés vers le Christ, qui, la main levée indique le Père.
Ce tableau devient donc une illustration de l’écoute de la Parole. Pour eux, comme pour nous, les Écritures s’éclairent non à la suite d’un effort de compréhension, mais dans l’ouverture à la rencontre avec un mystérieux voyageur. Place au silence et à l’intimité.