Qui peut souffrir plus que moi ?
Plutôt que de sombrer dans la désespérance à la suite de l’assassinat de son frère, le père Jacques Hamel, tué par deux jeunes terroristes fanatisés, Roseline Hamel s’est posée cette question : Qui peut souffrir plus que moi ? Quelle serait ma souffrance si c’était moi la maman dont l’enfant avait pris ce chemin ?
Roseline Hamel a d’abord pris contact téléphoniquement avec la mère d’Adel Kermiche, puis s’est rendue à son domicile pour la rencontrer en présence de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen. « Pardon » est le premier mot prononcé par Madame Kermiche, pleine de honte et de culpabilité pour l’acte commis par son fils, car « on n’est pas du bon côté, on est du côté de l’assassin, qui donc va pouvoir nous pardonner, nous accepter ? »
Roseline Hamel lui a répondu : « Je ne suis pas venue chercher un pardon mais vous proposer de gérer notre douleur ensemble ». Madame Kermiche lui a confié : « Il y a longtemps que je vous attendais », décrivant l’indicible souffrance d’une mère constatant impuissante, l’embrigadement inexorable de son enfant dans une idéologie mortifère dont la seule obsession est de faire le mal et de diffuser la haine et la mort.
Après avoir vécu une telle épreuve, les deux femmes auraient pu penser que leur vie était terminée mais cette rencontre leur a permis de construire un lien d’amitié très fort « on essaye de se soutenir parce qu’on est toutes les deux victimes du terrorisme » « ça nous porte, ça nous rassure l’une et l’autre qu’il y ait encore des gens qui œuvrent pour la paix, le vivre ensemble, le partage… » « aller à la rencontre de la différence, c’est mieux comprendre, c’est mieux connaître l’autre sans juger, sans obligation d’adhérer à ses opinions mais partager le dialogue, c’est comme ça que peut naître l’envie d’une fraternité, d’une humanité… »
En cette période de carême, laissons-nous inspirer par cette démarche de réconciliation, ce recommencement d’humanité, rendu possible quand l’amour est plus fort que la haine et la mort !
Equipe liturgique Saint-François-de-Sales (d’après une émission de RCF du 25 janvier 2024)