P comme Rameaux
« Vous savez, mon père, on est très pratiquants. On va à l’église presque chaque année pour Pâques.
_ Pour Pâques ?
_ Oui, vous savez bien : le truc avec le buis et l’eau bénite. »
Pour rappel : Pâques, la plus importante fête chrétienne, se célèbre le dimanche qui suit les Rameaux. En un sens, le dimanche des Rameaux est à la célébration de Pâques ce que la lettre P est au mot « Pâques » : un bon début, mais quel dommage de s’arrêter là !
Le dimanche des Rameaux ouvre la Semaine Sainte où les chrétiens revivent et célèbrent le cœur de leur foi : la passion et la résurrection du Seigneur Jésus. Le lundi saint et le mardi saint, le Seigneur annonce qu’il va bientôt être tué et enseveli, et également que ses disciples vont le trahir, le renier et l’abandonner. Le mercredi saint, Judas promet de livrer Jésus à ses ennemis en échange d’argent.
Le jeudi saint, nous faisons mémoire du dernier repas du Seigneur avec ses disciples. À genoux devant eux, il leur lave les pieds et leur donne un modèle à suivre dans l’avenir. Avec eux, et pour eux, il célèbre la première messe qui annonce par avance sa mort et sa résurrection. Enfin, il donne à ses apôtres la mission et le pouvoir de faire cela en mémoire de lui jusqu’à la fin des temps. Le Seigneur Jésus nous promet que tout ne s’arrêtera pas avec sa mort ; nous pouvons donc poursuivre avec confiance.
Le vendredi saint, est un jour triste : nous accompagnons le Seigneur Jésus dans sa passion. Jugé, humilié, torturé, abandonné de tous et exécuté, il continue de bénir et de pardonner. C’est un jour triste, mais aussi plein d’espérance : voilà jusqu’où Dieu aime les hommes et les femmes. Le samedi saint, tout se tait : Jésus est mort et enseveli. L’Église, auprès de Marie, attend dans le silence et la confiance que vienne le matin de la résurrection.
Le dimanche des Rameaux n’est que le début. Il est même la face obscure de Pâques. Aujourd’hui, nous accueillons Jésus à Jérusalem et nous le suivons dans sa déchéance, jusqu’à sa mort en croix. Alors Joseph descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau, puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau… mais tout ne s’arrête pas là : ce Messie crucifié, ce supplicié enseveli derrière la lourde pierre du tombeau n’est pas le dernier mot de Dieu.
Chrétien des Rameaux, ne t’arrête pas là : deviens un chrétien de Pâques.
Alexandre-Marie Valder, prêtre.