Réunis autour de l’Enfant, transformés par l’amour jaloux du Seigneur
Réunis autour de l’Enfant, transformés par l’amour jaloux du Seigneur
Frères et sœurs, ce soir, nous sommes réunis autour de l’Enfant de la crèche. L’Enfant de la crèche, nous le croyons, est le Christ, le Messie de Dieu, et Dieu lui-même. Autrement dit, nous sommes réunis autour d’un Dieu qui se fait tout proche. Les auteurs des lectures de ce soir, le prophète Isaïe, l’auteur anonyme du psaume, l’apôtre Paul, l’évangéliste Luc, ne racontent pas des mythes : ils veulent rendent témoignage de Dieu qui est intervenu dans l’histoire.
Un Dieu qui intervient dans notre histoire, c’est inconfortable. Nous nous plaignons que Dieu laisse advenir des catastrophes. Le reste du temps, nous préférons qu’il nous laisse bien tranquilles sans se mêler de nos affaires. Oui mais voilà : ce n’est pas la manière d’agir du Dieu auquel croient les chrétiens : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Aujourd’hui, en l’église de Pulligny, le Sauveur est né pour vous, le Christ, le Seigneur, est présent pour vous.
Dans un monde où il y a du mal, notre Dieu intervient personnellement en faveur des hommes et des femmes. Quel parent digne de ce nom ne retrousse ses manches et ne se mouille pour ses enfants ? Quel parent digne de ce nom laisse juste ses enfants aller leur vie sans se soucier d’eux, sans faire sentir qu’il est là présent pour eux, sans les guider ?
« Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » : tel est notre Dieu. « Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers ! »
L’amour jaloux du Seigneur, c’est son amour ardent, son zèle pour notre bien, son amour qui ne se décourage jamais, son amour qui jamais ne dira : « J’en ai soupé de vous. Débrouillez-vous tout seuls. » C’est parfois inconfortable, mais c’est d’abord une bonne nouvelle, une grande joie : nous qui sommes réunis ce soir autour de l’Enfant de la crèche, comment vivre encore comme si Dieu n’existait pas ?
Je relis les paroles que l’apôtre nous adresse ce soir : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde […]. Notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ […] s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. »
Dans le monde où nous vivons, il y a du mal. Ce mal, nous en souffrons. Nous en sommes aussi les auteurs, chacun à son échelle. Qui d’entre nous prétendrait qu’il est entièrement innocent du mal qui se commet autour de lui ? Dans ce monde où il y a du mal, Dieu a fait naître un Sauveur. Son amour jaloux, son amour qui ne se décourage jamais, refuse de laisser l’humanité s’enfoncer dans le mal sans agir.
Chrétiens, disciples de Jésus Christ le Sauveur, nous sommes devenus par le baptême membres de « son peuple, un peuple ardent à faire le bien », animés du même amour jaloux que notre Dieu, animés du même Esprit Saint, animés de la même ardeur pour la Beauté, le Bien et la Vérité. Nous qui sommes réunis ce soir au nom du Seigneur et Sauveur, comment ne pas décider résolument d’accueillir le salut de Dieu, de nous laisser sauver par lui, de rejeter le mal et choisir le bien chaque jour, d’être réellement ardents à faire le bien ?
La vie chrétienne, cette ardeur à faire le bien, n’est toutefois pas un ensemble de choses à faire, de choses obligatoires, permises ou interdites. Elle n’est rien de moins que la réponse à l’amitié de Dieu qui s’approche et se propose en Jésus-Christ. L’Église, la communauté chrétienne, est le lieu où l’on vit au quotidien l’amitié avec Dieu, le lieu où l’on écoute la parole, où l’on célèbre les sacrements, où l’on prie, où l’on modèle sa vie sur celle de Jésus.
Un chrétien est un homme ou une femme qui croit que Dieu lui parle et qui prend le temps de l’écouter, de faire silence, de connaître ce Dieu au moyen de la Bible lue dans l’Église. Un chrétien croit que Dieu se donne à lui comme comme parole qui adopte, dans le baptême, comme parole qui nourrit, à la messe, comme parole qui pardonne, dans la confession, comme parole qui sauve. Un chrétien croit que Dieu travaille son cœur pour le rendre meilleur, toujours plus humain, toujours plus semblable à Dieu. Un chrétien, tout simplement, c’est un homme ou une femme qui contemple l’Enfant de la crèche, le Crucifié du Vendredi Saint, le Ressuscité de Pâques, le Corps et le Sang livrés pour nous sur l’autel, et qui croit que Dieu l’aime.
Nous qui sommes réunis ce soir autour du Seigneur qui parle et se donne en nourriture pour que nous vivions, comment vivre désormais comme si nous n’étions pas aimés de Dieu ?
Père Alexandre-Marie Valder