Une seule solution : la manifestation !
Une seule solution : la manifestation !
C’est aujourd’hui la fête du Baptême du Seigneur. Essayons de mieux en comprendre le sens. Cette fête clôt le temps de la Nativité. Dans l’élan de la fête de Noël, nous célébrons la Sainte Famille, Marie Mère de Dieu, l’Epiphanie et le Baptême, des fêtes de la révélation, de la manifestation de Dieu, qui répondent à la question : qui est-il, celui qui est né à Noël ?
Or pour notre Dieu, c’est la même chose d’être et d’aimer, de parler et d’agir, de sauver, de se donner et de se manifester. Aussitôt né, l’enfant de la crèche est célébré par les anges et reconnu comme Sauveur par les bergers, indiqué par l’étoile et adoré par les mages, mais aussi craint et persécuté par ses ennemis, à commencer par Hérode. Dieu est né dans le monde, et le monde n’est pas indifférent à sa présence.
Depuis Noël, les lectures des messes nous ont révélé ce qui va advenir de l’enfant de Bethléem, ce qu’il va dire et faire, et donc quelle est sa mission, d’où il vient, ce qu’il est, qui il est. Il appartient à une véritable famille humaine et pourtant sa mère peut être appelée la Mère de Dieu. Il va être reconnu par Jean le Baptiste comme l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Il est le Pasteur qui a compassion des humains et les nourrit en multipliant les pains et les poissons, le Prophète qui enseigne et qui appelle à la conversion, le Roi vainqueur qui chasse les esprits mauvais et qui marche sur les eaux déchaînées de la mort, le Sauveur qui guérit les malades et purifie les lépreux. Il est l’Epoux véritable et il apporte la joie aux noces de Cana.
Aujourd’hui, l’enfant né à Bethléem est manifesté comme le Messie, le Christ, celui qui a reçu l’onction, celui sur qui repose l’Esprit Saint. L’enfant de la crèche est le même à qui Dieu dit aujourd’hui : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Pour notre Dieu, c’est la même chose d’être et d’aimer, de parler et d’agir, de sauver, de se donner et de se manifester. Le fait que Dieu se rende accessible à nos sens, sa manifestation dans le monde, cela porte un nom que nous utilisons souvent sans y penser : la gloire. Lorsque le Fils de Dieu naît à Bethléem, les anges chantent « Gloire à Dieu ! », c’est-à-dire « Dieu est né dans le monde et cela se voit ». Nous en faisons autant au début de nos messes : « Gloire à Dieu ! » Le Seigneur est avec nous, Dieu est au milieu de nous, et cela se voit.
La gloire de Dieu, le livre d’Isaïe en parle justement aujourd’hui : « Consolez, consolez mon peuple… parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié… préparez le chemin du Seigneur… que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées… alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. »
À quoi cela servirait-il que Dieu pardonne si personne n’annonçait le pardon ? À quoi cela servirait-il que Dieu parle si personne ne proclamait la nouvelle ? À quoi cela servirait-il que Dieu naisse parmi les humains si tout cela restait caché ? À quoi cela servirait-il que Dieu soit si sa gloire ne se révélait pas, si l’on ne pouvait voir que la bouche du Seigneur a parlé ?
Le Seigneur Jésus est l’enfant de la crèche et le baptisé du Jourdain, le charpentier caché et le transfiguré resplendissant de lumière, l’Agneau et le Pasteur, le Roi vainqueur et le Serviteur souffrant, le Crucifié et le Ressuscité, celui qui juge et celui qui pardonne, le visage de la miséricorde du Père, le rayonnement de la gloire de Dieu et l’expression parfaite de son être, celui grâce à qui la gloire du Dieu invisible est rendue visible à nos yeux.
Le Seigneur Jésus n’a pas été adopté par Dieu. Il n’y a pas eu un jour où il n’était que Jésus, et le lendemain le Fils du Père. Pour Jésus, être ce qu’il est, être le Fils bien-aimé, être oint de l’Esprit Saint, être envoyé par le Père, sauver le monde, faire connaître le Père, manifester la gloire de Dieu, c’est une seule et même chose.
Par les sacrements de l’initiation, baptême, confirmation et eucharistie, nous sommes en communion avec Dieu, participants de la nature divine, greffés sur la vigne véritable qu’est Jésus, membres du corps du Christ, pierres vivantes intégrées à la construction, marqués par l’onction de l’Esprit Saint. Par conséquent, la grâce du Seigneur Jésus est nôtre, et la mission du Seigneur Jésus est nôtre.
« La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes, nous dit saint Paul aujourd’hui. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises… à vivre avec justice et piété. ». Nous sommes « son peuple, un peuple ardent à faire le bien. »
Notre mission ? Rendre visible le Dieu auquel nous croyons, manifester la gloire de Dieu, vivre de telle sorte que le monde voie et croie « que la bouche du Seigneur a parlé ». Nous le faisons en croyant l’Évangile qui nous assure que Dieu notre Père a tant d’amour pour nous qu’il a envoyé son Fils et son Esprit afin que nous le connaissions, que nous soyons sauvés, que nous l’aimions et que nous vivions en communion avec lui, dès aujourd’hui et pour toujours.
Voilà pourquoi, pour un disciple de Jésus, foi et pratique sont les deux faces de la même médaille. Si je crois en un Dieu lointain et indifférent, en un Dieu qui surveille et punit, en un Dieu qui ne me veut pas heureux, c’est cela que je manifesterai par ma pratique.
Au contraire, si je crois en un Dieu proche qui m’aime et me parle, comment ne pas lui consacrer un temps chaque jour pour la prière ? Si je crois en un Dieu de miséricorde qui me pardonne, comment ne pas venir régulièrement me confesser et réentendre « je te pardonne tous tes péchés » ? Si je crois en un Dieu qui désire d’un grand désir partager avec moi sa vie, comme ne pas honorer le rendez-vous de la messe ? Si je crois que l’Évangile concerne aussi mon prochain, comment ne pas le lui dire ? Si je crois que le Seigneur Jésus triomphe du mal sous toutes ses formes, comment ne pas prendre part à son triomphe en luttant contre le mal en moi et autour de moi ?
Si je crois que je suis le fils, la fille bien aimée du Père et qu’il trouve en moi sa joie, comment ne pas vivre de cette foi, la manifester et rendre gloire au Père, par le Fils, dans l’Esprit, dès aujourd’hui, chaque jour de ma vie et pour les siècles des siècles ?
Père Alexandre-Marie Valder