Rendre témoignage au Seigneur qui vient

Rendre témoignage au Seigneur qui vient

Rendre témoignage au Seigneur qui vient

La parole qui nous est donnée en novembre, en fin d’année liturgique, est souvent difficile à entendre. À l’approche de la fête du Christ-Roi et du temps de l’Avent, les textes mettent l’accent sur les temps de la fin, avec des images impressionnantes : « Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera. »

D’une manière ou d’une autre, toutes les réalités terrestres auront une fin. Il est normal, au cours d’une existence humaine, qu’il y ait des crises, des moments de bascule, des épreuves, des bouleversements, des deuils ; que quelque chose disparaisse et laisse place à autre chose. Il est tout aussi normal que cela suscite de l’inquiétude et soulève des questions : serai-je capable de passer cette épreuve ? serai-je assez fort(e) ? vais-je y arriver ? est-ce que je serai à la hauteur ? comment réussir dans la vie ? ou même : à quoi bon créer et construire si rien ne dure ? à quoi bon commencer ?

Toutes ces questions sont légitimes. N’ayons pas peur de les poser au Seigneur, de nous présenter devant lui avec nos inquiétudes et nos angoisses. Le Seigneur n’est pas offensé par nos questions. Il connaît notre cœur. Il n’attend pas de nous que nous lui présentions un visage faussement idéal.

En ce mois de novembre tout particulièrement, la foi chrétienne, dans la continuité de la foi juive, ne craint donc pas de parler des temps de la fin, ce que l’on appelle l’eschatologie. Toutefois, ce que l’imaginaire néo-païen en Occident, et aussi les textes islamiques ou les sagesses orientales nomment fin du monde, catastrophe ou anéantissement, nous l’appelons apocalypse, c’est-à-dire révélation ; nous l’appelons rédemption (« Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ») ; nous l’appelons surtout jour du Seigneur.

L’accent n’est donc pas mis d’abord sur le quand, le quoi ou le comment, mais sur le qui : qui est-il, celui qui vient ? Dans l’évangile d’aujourd’hui, aux disciples qui demandent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? », Jésus répond de rester attaché à lui seul, de ne pas marcher à la suite des faux prophètes et que, quoi qu’il arrive, il sera là : « C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse [contre vos adversaires]. »

« Voici que vient le jour du Seigneur. » Mais qui est-il, ce Seigneur ? Pour les premiers chrétiens, toute la foi tenait justement en ces quelques mots : « Jésus est le Seigneur ! » (Actes 11,20)

Parmi les jeunes confirmés hier, beaucoup ont évoqué la notion de témoignage. Le témoignage qu’ils ont reçu de leurs grands-parents, de leurs parents, de leurs frères et sœurs, de leurs amis. Le témoignage qu’ils souhaitent, rendre à  leur tour, comme parrains et marraines, comme époux et parents.

Aujourd’hui comme il y a 2000 ans, le témoignage suprême que l’on rend au Seigneur est celui du martyre, mot qui signifie justement témoignage : rendre témoignage au Seigneur même au prix de sa vie. C’est dire que la fermeté du témoignage est éprouvée par les difficultés de la vie. Dans l’évangile, le Seigneur Jésus nous prévient : « Cela [c’est-à-dire les épreuves et les persécutions] vous amènera à rendre témoignage. »

Rendre témoignage, au sens général, c’est raconter ce que l’on a vu, entendu, vécu et déclarer que c’est la vérité. Rendre témoignage au Seigneur qui vient est peut-être la plus belle et la plus importante mission des chrétiens. C’est déclarer à tous ceux qui voudront bien nous écouter :  « Celui qui vient, le Seigneur, c’est Jésus. Nous le connaissons déjà et il est déjà avec nous. Il est le Dieu d’amour et de miséricorde, le Soleil de justice qui guérit, celui qui gouverne avec justice, le Bon Berger qui relève le faible, qui pardonne au pécheur, qui aime inconditionnellement. Il attend seulement que nous mettions en lui notre confiance, que nous aimions avec l’amour dont il nous aime et que nous persévérions jusqu’à la fin dans la confiance et l’amour. »

À propos de la confiance, plusieurs jeunes confirmés ont rendu ce témoignage : le Seigneur est toujours avec eux comme lui-même l’a promis. Aucun de nous ne sait de quoi l’avenir sera fait. Toutefois nous rendons ce témoignage : le Seigneur Jésus, lui que l’on appelle Emmanuel, c’est-à-dire Dieu-avec-nous, est vraiment là tous les jours, dans les moments joyeux et dans les moments d’épreuve, lorsque nous sentons sa présence et lorsque nous ne la sentons pas, lorsque nous sommes entourés et lorsque nous sommes seuls ; il est vivant à nos côtés chaque jour pour nous éclairer, pour nous fortifier, pour nous libérer (cf. Evangelii Gaudium n°164).

Que dire à propos de l’amour qui n’ait été déjà été dit ? Baptisés, confirmés, nourris de l’eucharistie, nous sommes le sanctuaire de l’Esprit Saint. Nous sommes rendus capables d’aimer Dieu et notre prochain avec l’amour même de Jésus, avec son propre Cœur.

Aimer Dieu, cela se traduit par la prière : prière personnelle, prière en famille ou en fraternité locale, prière de l’Église, en particulier la messe chaque dimanche. Les saints nous l’assurent : persévérer dans la prière, cela en vaut la peine.

Aimer le prochain, cela se traduit par le service concret. Celui que nous avons choisi et dans lequel nous nous sommes engagés, et aussi celui qui survient sans prévenir comme le jour du Seigneur : cette personne-là qui requiert mon aide ici et maintenant.

« Voici que vient le jour du Seigneur. » Aujourd’hui, comme à chaque eucharistie, le Seigneur vient pour nous, sur nous et en nous. Rendons-lui témoignage par la confiance et par l’amour. Amen.

Père Alexandre-Marie Valder