Homélie du 24 avril 2021
Quatrième Dimanche de Pâques Jean10,11-18 (avril 2021)
C’est aujourd’hui la journée mondiale de prière pour les vocations. Voici comment un des animateurs de cette journée reçoit cette invitation. Pour lui il s’agit de prier pour que chacun éclairé par la parole de Dieu et fortifié par les sacrements, reconnaisse dans sa vie l’appel que Dieu n’adresse qu’à lui seul.
Vocation vient du latin vocare qui veut dire appeler. Il s’agit donc de répondre à un appel, un appel que Dieu adresse à chaque être humain. Cela ne concerne donc pas uniquement les prêtres, les religieux et les religieuses mais tout un chacun.
Répondre c’est faire de notre vie une réponse à cette appel et qui doit normalement être source de bonheur et de liberté.
Lorsque je regarde ma vie avec les yeux de la foi, je me rends compte que les joies et les peines, les réussites et les échecs ont toujours été précédés par un appel de Dieu. Je pense souvent à ces paroles d’un chant : « Dieu vivant, ton Esprit nous devance sur les routes humaines ».Dans le feu de l’action, on n’y pense pas, mais après coup on s’en rend compte
Mais aujourd’hui dans notre prière, pensons surtout aux plus jeunes qui sont l’avenir de l’Église et du monde. Qu’ils se rendent compte qu’ils sont quelqu’un pour Dieu qui compte sur eux et qui les appelle. Je pense à ces paroles de Dieu à son prophète « tu as du prix à mes yeux ». Des paroles qu’Il adresse à, chacun de nous.
Retenons ces paroles du responsable du service des vocations : « La vie donnée par Dieu à chaque être humain est bonne, unique et portera un fruit immense à condition d’être reconnue par son destinataire comme un appel ».
Alors aujourd’hui il nous faut écouter le pasteur, le bon, le seul, le vrai, l’unique qui n’est autre que le Fils de Dieu lui-même. Et lui nous adresse un appel : « la moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson pour qu’il envoie des ouvriers dans son champ.
Bien sûr cela s’adresse aux pasteurs qu’il a envoyés pour continuer son œuvre. Mais cela s’adresse aussi à chacun de nous dans la mesure où nous sommes baptisés et donc envoyés vers nos frères.
Ce qui caractérise le Bon Pasteur et qui concerne bien sûr les pasteurs actuels c’est la connaissance des brebis qui lui sont confiées. Une connaissance qui est réciproque et qui va très loin parce que non seulement il les protège mais il est prêt à donner sa vie pour elles. Elles ont de l’importance pour lui. Il y a comme un lien profond qui les unit à lui.
Elles reconnaissent et écoutent sa voix. Encore aujourd’hui, surtout en montagne, le berger qui vit et dort sur place, se sert beaucoup de sa voix pour diriger et rassembler son troupeau, (avec les chiens aussi).
Au verset 3 du même chapitre il est dit que le berger appelle chaque brebis par son nom. Chacun de nous est pris en charge pour lui-même avec sa singularité. Le Christ donne sa vie pour moi comme si j’étais seul au monde. Je suis aimé pour moi-même.
Pour quelqu’un qui n’est pas du métier, toutes les brebis se ressemblent alors que pour le berger ce n’est pas le cas, il sait distinguer celle qui est malade ou blessée et qui a besoin de soin.
Dans un autre passage on voit le berger qui laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller chercher la centième qui est perdue. Elle a autant sinon plus d’importance, puisqu’elle est perdue. Elle est sauvée en étant ramenée dans l’ensemble du troupeau. Le Christ nous sauve en nous rassemblant au-delà des divisions meurtrières qui matérialisent le mal, le péché humain
Autre souci du pasteur : se soucier des brebis qui ne font pas partie du troupeau, comme dit notre Pape, celles qui sont à la périphérie.
Il s’agit donc pour le bon pasteur d’une connaissance qui va très loin puisque Jésus la compare à la connaissance qu’Il a de son Père et que son Père a de lui. Une connaissance qui va jusqu’au don de sa vie. « Je donne ma vie pour mes brebis ». Et il ajoute : « c’est pour cette raison que le Père m’aime. »
Et c’est dans ce courant d’amour que doivent se situer tous les pasteurs qui consacrent leur vie au service de l’évangile – et non seulement les pasteurs mais nous tous, qui sommes baptisés et qui avons reçu aussi cette même mission.
Et c’est tellement important que dans les dernières lignes de cet évangile Jésus prend soin d’expliquer que le Père l’aime parce qu’il donne sa vie.
Et il prend soin de préciser qu’il la donne pour la recevoir à nouveau.
Et il reprécise aussitôt après : « nul ne peut m’enlever ma vie, je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau ».(2 fois)
Et il ajoute, conclusion surprenante : « voila le commandement que j’ai reçu de mon Père ». Jésus est totalement libre : « ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » Mais que vient faire ici ce commandement du Père. Jésus est-il vraiment libre ?
Prenons la peine de relire dans le premier credo ce qui concerne le Christ : Il est Dieu, né du vrai Dieu, de même nature que le Père et par lui tout a été fait.
Comme dans le début de l’évangile de Jean c’est Dieu qui nous parle de Dieu et qui nous dit comment en Jésus il vient se livrer à ceux qui sont ennemis de l’amour.
Et quand il nous parle de commandement ou de la volonté de son Père, cela ne veut pas dire que Dieu veut la souffrance de son Fils en compensation de nos fautes.
Dieu vient en son fils se mettre lui-même dans la situation de nos victimes et cela jusqu’’à la mort. Le commandement reçu par Jésus est un pouvoir : celui de donner librement sa vie et de la reprendre.
Quel rapport me diriez-vous avec le bon pasteur et la vocation ! Que nous soyons ou non pasteur, Jésus nous montre jusqu’où peut nous conduire la vocation. Et nous sommes tous concernés.
La situation actuelle n’est pas brillante : vieillissement des prêtres raréfaction des vocations religieuses, baisse de la pratique religieuse et pourtant le Seigneur appelle toujours. Qu’est-ce qui manque ? La foi ? La prière ? Peut-être les deux mais il ne faudrait pas qu’après avoir médité cet évangile nous cédions à la morosité. Au contraire, c’est l’espérance qui doit l’emporter : une espérance fondée sur la puissance de l’amour.
Ce qui m’a le plus interpellé dans cet évangile, c’est ce que Jésus dit de la connaissance : le berger connaît ses brebis. C’est peut-être ce qui manque le plus. Notre pape le répète : il ne veut pas de prêtre fonctionnaire. Ministre du culte, ministre des sacrements ? Sans doute mais pas que cela. Il y a des frères à connaître et à aimer, il y a ceux qui sont à la périphérie.
Là où j’ai vraiment ressenti les bienfaits de la connaissance c’est durant la période où j’étais aumônier de lycée : connaissance des jeunes au lycée et à l’extérieur, connaissance des parents, connaissance du monde enseignant. Et tout ce monde se retrouvait une fois par mois pour l’eucharistie. Ce n’était pas le Pérou mais c’était réconfortant.
Fais Seigneur que nous te connaissions et que nous connaissions nos frères comme tu nous connais.