Associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse

Associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse

Associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse

« Frères, vous avez appris, je pense, en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous », commence saint Paul dans la lecture d’aujourd’hui. Les destinataires de la lettre aux Éphésiens sont tous des Grecs convertis au Christ, des hommes et des femmes issus des nations païennes, des non-juifs, étrangers à l’alliance que Dieu a conclue avec le petit peuple d’Israël. Paul, comme souvent, revient sur la Bonne Nouvelle : en Jésus-Christ, tous les humains, qu’ils soient d’ascendance juive ou non, ont accès à l’alliance par le ministère des serviteurs de l’Évangile.

 Parcourons ensemble une galerie de portraits à travers l’Ancien et le Nouveau Testaments. Certains vous sont familiers, d’autres peut-être moins.

Ruth n’était pas Israélite, mais Moabite. Après la mort de son époux, elle s’est attachée à sa belle-mère juive Noémi : « Où tu iras, j’irai, disait-elle, des siècles avant Sheila. Où tu t’arrêteras, je m’arrêterai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. » (Rt 1,16) Nous connaissons la suite : en épousant Booz, Ruth entra dans l’alliance et devint l’arrière-grand-mère du roi David.

Naaman était un général araméen atteint de la lèpre. Sur les conseils d’une jeune fille juive, il se rendit auprès du prophète Élisée et lui demanda de prier pour lui. Élisée lui ordonna de se baigner dans le Jourdain, Naaman fut purifié de sa lèpre et il crut au Dieu d’Israël (2R 5,17).

Akhior était le chef du peuple ammonite, allié au général Holopherne. Il avertit celui-ci du danger de combattre le peuple d’Israël, protégé par Dieu. Par la main de Judith, Dieu délivra effectivement son peuple de la menace d’Holopherne. Ce que voyant, Akhior l’Ammonite crut en Dieu, reçut la circoncision et entra dans l’alliance (Jdt 14,10).

Le Seigneur Jésus fit plusieurs rencontres avec des hommes et des femmes issus des nations païennes. Pensons à cette Syrophénicienne venue prier pour sa fille possédée par un démon : « Seigneur, les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ! » dit-elle, et Jésus répondit : « À cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. » (Mc 7,29)

Pensons aussi à ce centurion de Capharnaüm qui demandait humblement la guérison de son serviteur : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. » Entendant cela, Jésus fut dans l’admiration : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. » (Mt 8,8-10)

Achevons ce parcours avec l’eunuque éthiopien qui interrogea le diacre Philippe sur la route de Gaza et reçut le baptême (Ac 8,27-38), et aussi avec le centurion Corneille, qui envoya chercher Pierre afin qu’il lui parle de Jésus et le baptise (Ac 10).

Comme les mages aujourd’hui, des hommes et des femmes étrangers à l’alliance par leur naissance, y sont associés par la grâce de Dieu. Il suffit pour cela devenir puiser à la source de l’alliance que Dieu a conclue avec Abraham et sa descendance, car « le salut vient des juifs », comme l’a dit Jésus à la Samaritaine (Jn 4,22).

 Éphèse était un haut lieu de la religion grecque, là où se dressait le temple d’Artémis, l’une des sept merveilles du monde antique. Mais Artémis n’a jamais mené aucun homme au Ciel, c’est pourquoi Paul ne craignait pas d’écrire aux chrétiens d’Éphèse: « En ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous n’aviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu. » (Ep 2,12)

Mais précisément, tout a changé désormais : « Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. »

Frères et sœurs, nous sommes les Éphésiens. Nous sommes Ruth, Naaman et Akhior, la Syrophénicienne et le centurion romain de Capharnaüm, l’eunuque éthiopien et le centurion Corneille. Nous sommes les mages venus d’Orient pour adorer le roi des Juifs et avoir, par lui, avec lui et en lui, accès au Dieu Unique. Nous sommes « associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse » faite à Israël.

Nous sommes associés « au même héritage ». L’histoire sainte d’Israël est devenue notre histoire. Les Ecritures Saintes sont notre terre nourricière. Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Ruth, David, Judith, Joseph, Marie et les autres sont nos ancêtres. Le Messie d’Israël est aussi le nôtre. L’histoire de l’alliance se poursuit avec nous.

Nous sommes associés « au même corps ». Nous ne sommes plus « des étrangers, ni des gens de passage », nous sommes « concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu » (Ep 2,19), membres du corps du Christ. Greffés sur le Christ, nous avons part à sa vie. Nous étions des morts mais Dieu qui est « riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés… nous a donné la vie avec le Christ. » (Ep 2,4-5)

Nous sommes associés « au partage de la même promesse » faite par Dieu à ses amis : « Ne crains pas, car je suis avec toi. » (Is 43,5). La lumière du Christ s’est levée sur Jérusalem et, comme les mages, nous marchons vers elle. Chacun de nos vies est une tâche : connaître, aimer et suivre le Christ qui nous conduit au Père.

 Grâce à lui, notre vie a désormais une orientation, un sens, un but. Nous pouvons avancer car « nous avons l’espérance de la vie éternelle, promise depuis toujours par Dieu qui ne ment pas. » (Tt 1,2) Nous avons l’espérance, nous en vivons déjà au présent, nous sommes dès aujourd’hui en communion avec Dieu, l’unique, qui s’est rendu visible, tangible, accessible en Jésus notre Seigneur, à lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Père Alexandre-Marie Valder