Bienvenue en Dieu

Bienvenue en Dieu

Bienvenue en Dieu

Frères et sœurs, nous sommes réunis pour célébrer l’eucharistie en cette fête de la Sainte Trinité. La Sainte Trinité du Père, du Fils et de l’Esprit est le Dieu unique de l’alliance nouvelle et éternelle, Celui qui crée, et qui sauve, et qui sanctifie.

Baptisés et confirmés, nous avons été plongés, puisque c’est le sens du mot. Dans quoi, en qui avons-nous été plongés ? Que ce soit aujourd’hui notre première, notre centième ou notre dix-millième communion, posons-nous la question : avec quoi, avec qui allons-nous être en communion ?

Être baptisé, c’est être plongé dans le nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. C’est être plongé en Dieu. Communier, que ce soit pour la première ou pour la dix-millième fois, c’est entrer en communion avec Dieu. Le repas de l’eucharistie que nous partageons nous fait entrer en Dieu, dans la communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

À la fin du XIVe siècle, André Roublev a créé la célèbre icône dite de la Trinité en s’inspirant de l’histoire d’Abraham. Un jour, Abraham a reçu un jour la visite de trois voyageurs qu’il a invités à partager un repas. Au cours du repas, Abraham a compris que c’était Dieu lui-même qui était venu le visiter. En ces trois voyageurs qui parlaient tantôt au singulier, tantôt au pluriel, les chrétiens ont entrevu l’annonce du mystère de la Trinité.

Sur cette icône, André Roublev a donc représenté trois personnages identiques, parce que le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont un seul Dieu, ils reçoivent même adoration et même gloire. André Roublev a néanmoins représenté les personnages bien distincts, car le Père n’est pas le Fils ni l’Esprit. Ils sont installés autour de la table qu’Abraham a apprêtée pour eux. Le repas est préparé, et il reste une place, comme pour inviter celui qui contemple l’icône à venir prendre place à table, en communion avec Dieu.

On peut dire que le mystère de la Trinité est le mystère d’un Dieu ouvert, d’un Dieu hospitalier, d’un Dieu en qui il y a de la place pour celui qui le veut bien. Ou bien disons que le Dieu que nous confessons n’est pas impénétrable. Il est au contraire infiniment pénétrable. Sur l’icône de Roublev, les trois personnages assis autour de la table nous souhaitent la bienvenue en Dieu.

Si nous sommes réunis ce dimanche, c’est pour affirmer et célébrer cela : comme chrétiens, instruits par le Seigneur Jésus, nous sommes sûrs qu’il est possible d’entrer en communion avec Dieu, d’être unis à Dieu, d’être unis en Dieu. Au sein de la communion du Père et du Fils et du Saint-Esprit, il y a de la place pour chacun de nous. Par le baptême et la confirmation, l’enfant ou l’adulte est plongé, baigné en Dieu. Par l’eucharistie, il accueille Dieu en lui. C’est un seul et même mystère, un seul et même embrassement de l’homme par Dieu et de Dieu par l’homme.

Chaque eucharistie, la première ou la dix-millième, nous fait prendre place à table avec Dieu, et même entrer en Dieu. C’est ce que nous rappellent les quatre temps de la messe. D’abord, Dieu ouvre les bras pour rassembler ses enfants dispersés. Puis Dieu ouvre le livre de la Parole et parle à ses enfants. Ensuite, Dieu ouvre le pain en le rompant et s’offre en nourriture par amour. Enfin, Dieu ouvre les portes et envoie ses enfants annoncer la bonne nouvelle.

« Amen » : c’est le petit mot que je réponds à Dieu qui s’ouvre à moi pour lui dire ma disponibilité, ma confiance et mon amour. « Amen », c’est-à-dire : « C’est vrai, c’est sûr, j’y crois dur comme fer. » Mon Dieu, je crois que tu es un Père plein d’amour, que tu as envoyé ton Fils pour me sauver, que tu veux allumer en moi le feu de ton Esprit Saint.

Je réponds « Amen » au moment du signe de croix et des prières, à la fin de la prière eucharistique, du Notre Père et de la bénédiction. Oui, je crois qu’à chaque messe, tu m’invites à ta table pour que je vive de ta propre vie.

Je réponds « Amen » au moment du baptême. Oui, je crois que c’est ta vie divine qui coule sur moi et en moi.

Je réponds « Amen » en recevant l’eucharistie. Oui, je crois que je suis semblable à cette hostie de pain. Amen. Comme le blé, je suis issu de la terre, je suis sorti des mains du Père Créateur. Amen. Comme le pain, je suis le fruit du travail et de la sagesse de mes parents et de mes éducateurs, je suis devenu un être aussi unique, précieux et fragile que ce morceau de pain. Amen. Comme l’hostie de la messe, je viens vers Dieu et il répand sur moi son Esprit Saint. Le même Esprit Saint qui transforme ce pain en Corps du Christ vient sur moi et en moi pour faire de moi, chaque jour un peu plus, un ami de Dieu, une maison de l’Esprit Saint, un frère ou une sœur de Jésus, un enfant du Père.

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient, pour les siècles des siècles. Amen !

Père Alexandre-Marie Valder