Homélie du 18 juillet

Homélie du 18 juillet

Il nous est sans doute arrivé après un temps d’intense activité d’éprouver le besoin de souffler, de prendre un moment de repos, de silence loin du bruit. Et voici que ces bonnes intentions s’écroulent à la suite d’un coup de téléphone, d’une visite, d’une sollicitation. Alors adieu le repos !

En parcourant ce passage d’évangile j’ai l’impression que c’est ce que Jésus est en train de vivre avec ses apôtres.

Ceux-ci viennent de rentrer de mission, riches de cette nouvelle expérience mais sans doute un peu fatigués.

Jésus s’en rend compte d’où cette invitation : « Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez vous un peu ; »

Remarquons ici l’humanité de Jésus sensible au bien être des siens, une humanité qu’il assume en  tant qu’homme  car lui aussi connaîtra la fatigue, la soif, la faim mais aussi la tristesse, l’étonnement, la déception et même les larmes. L’évangéliste Saint Marc est attentif à souligner cet aspect chez Jésus.

Nous avons parfois tendance  à voir en lui la force, celui qui sait et qui domine les événements. Alors que nous allons s le voir ici changer d’avis en fonction de la situation.

Nouvelle et imprévue. La foule est là qui le presse et on n’a même pas le temps de manger alors adieu le repos.

Mais qu’à cela ne tienne, allons chercher cet endroit désert sur l’autre rive du lac et Jésus et ses apôtres  embarquent et s’éloignent.

Peine perdue, la foule qui a compris les rejoint sur l’autre rive. Manifestement  c’est une foule qui cherche quelque chose.

Jésus s’en rend compte. Il est saisi de compassion pour ces gens qui sont comme des brebis sans berger. Alors, nous dit l’évangile, il se mit à les enseigner longuement.

Il fallait nous arrêter un peu sur les détails de cette événement d’où nous pouvons dégager deux enseignements : d’abord l’attention qu’à travers Jésus Dieu nous porte, il prend soin de nous – enfin la patience à notre égard, il se laisse déranger.

Si la foule se presse autour de Jésus c’est qu’elle se sent abandonnée.-«  comme des brebis sans berger »

Pourtant à l’époque il y en avait des bergers : les grands prêtres, les docteurs de la loi, les scribes, les anciens.

Sans doute  mais ce sont des bergers qui n’ont de souci que pour eux-mêmes. Comme ceux que le prophète Jérémie critique dans la première lecture : « Vous avez dispersé mes brebis, vous ne vous êtes pas occupé d’elles ».

Des bergers à notre époque, il y en a beaucoup, pas seulement dans le domaine religieux mais aussi en politique. Dans la cité certains qui sollicitent nos suffrages prétendent à être les seuls à pouvoir faire notre bonheur alors que c’est d’abord une affaire qui nous regarde personnellement, nous n’avons besoin de personne.

Par contre certains ont eu ou ont encore un véritable souci du bien commun. Le pape François vient de déclarer « vénérable » Robert Schuman qui a été Président du conseil et a beaucoup œuvré pour la naissance de l’Europe. Etre déclaré vénérable est la première étape avant la canonisation.

 En fait le seul berger authentique, c’est Dieu lui-même révélé en la personne du Christ. Comme il le dit lui-même : « je suis venu rassembler les enfants de Dieu dispersés »  Rassembler, prendre soin c’est le rôle que Jésus incarne dans cette évangile. Ce doit être le rôle de tout berger qui vit uni au Christ  et de tout autre qui assume cette fonction en  vérité sans connaître encore de Christ.

Prendre soin des hommes c’est ce que jésus fait en venant parmi nous. Mais c’est ce que Dieu fait dans l’histoire de l’humanité  en offrant son alliance à ceux qui acceptent de lui faire confiance.

Jésus  accepte de se bouger au gré du désir des hommes et de leur bonheur, de changer de projet selon leurs besoins,

D’épouser leurs soucis et leurs misères. Tout cela nous apprend comment est Dieu pour nous.

Et cela se manifeste  constamment dans l’Ancien testament.

Ainsi Quand Dieu décide de détruire la Vile de Sodome complètement corrompue, Abraham entreprend avec Dieu un véritable marchandage. « S’il n’y a que cent Justes, détruiras-tu la vile ? Non dit Dieu. Mais il n’y a pas cent justes. Abraham descend à cinquante mais il n’y en avait pas cinquante, et ainsi de suite. Finalement seul le neveu d’Abraham et sa famille sera sauvé ?

Et cela continuera avec Moise qui intercède auprès de Dieu pour que le peuple qui s’est révolté ne périsse pas. Et Dieu une fois de plus ne punira pas.

Et enfin les prophètes vont continuer à préserver l’alliance avec un peuple qui se laisse séduire par les divinités des autres nations. Jésus va alors donner à cette alliance sa forme nouvelle et définitive en donnant sa vie sur la croix. Une alliance que nous célébrons à chaque eucharistie. Dieu est toujours en alliance avec nous.

Ce n’est pas pour rien que Paul voit dans le mariage la figure majeure de l’Alliance. Chacun des partenaires  modifie ses comportements et se modifie en fonction des besoins et des désirs de l’autre.

C’est ce que Dieu fait avec nous. Il n’est pas ce bloc immuable, imperméable, impassible que nous pourrions imaginer. Sa loi, son être c’est l’amour ; Un amour qui libère et qui pardonne.

Que fait Jésus devant la foule sans pasteur. Il instruit longuement. Et instruire c’est communiquer connaissance et sagesse pour que chacun puisse se déterminer par lui-même et faisant un avec le Christ, reconnu comme le seul vrai pasteur

Demandons au Seigneur de nous donner sa compassion pour toutes les foules d’aujourd’hui qui courent dans tous les sens sans pouvoir donner de sens à leur vie .- qu’ils découvrent le vrai sens de l’amour et de la dignité humaine qui est bafouée – qu’ils découvrent que le divertissement n’est pas le seul but de la vie.

Seigneur donne- nous ta patience, ta bienveillance et ton l’humilité.