Hâte de Jésus, hâte de Zachée !

Hâte de Jésus, hâte de Zachée !

 

C’est mystérieux, beau, d’une beauté emprunte de gravité, de profondeur, ( livre de la Sagesse), chacun, nous sommes à la fois tout petit dans l’univers, une « goutte de rosée » (Sg), et c’est pourtant chacun que Dieu considère – chacun – tout homme, et toute créature. C’est dire à quel point nous sommes beaucoup plus qu’un fragment impersonnel d’un tout impersonnel.

 Et en plus, chacun est une personne-sujet : nous avons la faculté – même plus ou moins confusément – de discerner des manières de vivre qui ne sont pas toutes équivalentes : certaines renforcent la vie reçue, d’autres nous enferment, empêchent la vie reçue de se déployer. Ces enfermements, quand ils sont volontaires, sont appelés « péchés ».

Ce qui est grand, c’est que Dieu ne nous colle pas le nez devant notre péché. Lui-même n’a aucune complaisance à regarder le mal. Quand nous mettons un mot sur un mal, c’est pour mieux le nommer et le mettre à distance. La seule fois où nous regardons ces maux, c’est pour les voir cloués sur une croix, portés, assumés par le Crucifié! ( pressenti par Moïse quand il donne au peuple à regarder le serpent cloué sur le bois, perdant ainsi sa force insidieuse).

Ainsi, nous ne parlons pas du mal pour l’étaler avec complaisance ( comme ces pages d’actu d’internet qui exhibe tous les maux possibles existants…) Nommer (des maux) n’est pas retenir, étaler, regarder.  Dieu, par amour pour ses créatures, « envoie son Fils » ( antienne Alléluia), pour porter sur lui le mal sans le regarder complaisamment, ni nous le coller devant les yeux. Avec pédagogie, il nous rappelle en quoi nous péchons, « et nous reprend peu à peu » (Sg). Ce faisant, il ne se départit pas de sa tendresse, c’est son être même ( « sa tendresse vont à toutes ses œuvres » – psaume 144 ; « Il n’ a de répulsion pour aucun de ses créatures » – Sg ). Réconcilions-nous avec cette autorité qui, bien comprise, est aimante, prévient, fixe des limites, une loi, tel le guide de montagne qui prévient fermement des lignes à ne pas franchir.

 Sa pédagogie, à Dieu, vise à nous faire exister ! Il nous appelle, avec combien plus d’intensité encore que pour les étoiles – « à chacune d’elles il donne un nom! » (ps 147), il nous appelle chacun par notre nom. Chacun est animé de « son souffle impérissable ».  Il nous appelle, … et nous reprend, nous re-saisit. En vue d’une rencontre plus authentique!…

… Comme avec Zachée… Quelle hâte en Zachée et en Jésus, chacun, pour se rencontrer! Zachée, mal vu, pécheur, fend la foule, ose monter à un arbre… Jésus l’appelle par son nom : « descends, vite ! » Vite… Zachée ne traîne pas… c’est la rencontre chez lui. Ce pécheur n’a pourtant guère de malice ni de coeur tortueux avec Jésus, il lui dit où il en est… loin du « top », mais tout de même, faisant ce qu’il peut, et surtout, avec un cœur direct, reconnaissant avoir besoin de Jésus !… Il n’en faut pas plus pour que Jésus se réjouisse de cette rencontre !

 Zachée, désormais, existe autrement ! Il est ré-orienté vers la Vie !  Nous aussi, aujourd’hui, … …

Marc Haeussler, prêtre