« Il vit, le Christ, et il te veut vivant »

« Il vit, le Christ, et il te veut vivant »
« L’Eglise a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Evangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous », écrivait le pape François en 2015 en annonçant le jubilé de la miséricorde. En ce dimanche de la Divine Miséricorde, frères et sœurs, revenons à l’essentiel, au cœur battant de l’Évangile, à la grande annonce qui change tout.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, le Seigneur Jésus déclare par trois fois à ses amis : « la paix soit avec vous. » Ce souhait de paix produit aussitôt ses effets : plénitude de joie, foi confiante, courage pour témoigner, persévérance dans la détresse et l’épreuve. Nous avons aussi entendu le récit de l’apparition du Christ à saint Jean exilé sur l’île de Patmos : « Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. »
Aujourd’hui cependant, bien des chrétiens auraient du mal à répondre à la question : au fond, la résurrection du Christ, qu’est-ce que ça change pour toi ? Afin de répondre à cette question, appuyons-nous sur « la grande annonce pour tous les jeunes » que faisait le pape François en 2019 dans Christus vivit : « Dieu t’aime… le Christ te sauve… il vit et il te veut vivant… l’Esprit donne la vie. »
La résurrection du Christ est l’ultime témoignage du Père en sa faveur. Aussi déroutants et déstabilisants que soient les paroles et les gestes, la personne même de Jésus, sa prétention à être le Fils, l’envoyé du Père, le Ressuscité peut dire en toute vérité : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie… Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant. »
Ce Jésus de Nazareth que les disciples ont suivi et dont ils ont entendu l’enseignement, celui qu’ils ont vu être contredit, arrêté, torturé et tué, celui-là est le Fils Unique, le Témoin authentique du Père miséricordieux. Tout ce qu’il a dit, tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a souffert aussi, tout cela révèle le visage de la miséricorde du Père, et son dessein bienveillant de se donner des fils et des filles, frères et sœurs du Fils Unique.
« Si donc [Jésus] a fait l’expérience de la mort, c’est, par grâce de Dieu, au profit de tous. Celui pour qui et par qui tout existe voulait conduire une multitude de fils jusqu’à la gloire ; c’est pourquoi il convenait qu’il mène à sa perfection, par des souffrances, celui qui est à l’origine de leur salut. Car celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, doivent tous avoir même origine ; pour cette raison, Jésus n’a pas honte de les appeler ses frères (Hébreux 2,9-11). »
« Dieu t’aime… le Christ te sauve. » Il a pris sur lui les péchés du monde. Par amour pour nous, il a accepté de grand cœur les souffrances et même la mort. Celui qui apparaît à saint Jean l’affirme : « Moi, je suis… le Vivant : j’étais mort. » Les blessures de ses mains, de ses pieds et de son côté le prouvent : Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu, a souffert et il est mort. Voilà jusqu’où va son amour pour toute personne !
Il est bel et bien mort. Le Vivant a visité le séjour des morts et, comme il le dit à saint Jean, il a revendiqué « les clés de la mort et du séjour des morts ». Il a désormais tout pouvoir sur la mort qui a tant de pouvoir sur nous.
« Il vit, le Christ, et il te veut vivant. » Celui qui est apparu aux disciples le dimanche de Pâques, puis à nouveau le huitième jour en présence de Thomas est un vivant, il est le Vivant. « Moi, je suis… le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles. »
Pour le Seigneur Jésus, la résurrection n’est pas un pas en arrière après avoir trempé le pied dans la mort. Il s’agit plutôt d’un bond en avant qui ouvre un chemin à travers la mort, qui crée un lieu pour l’humanité au-delà de la mort. Sans le Christ, sans sa résurrection, il n’y aurait pas d’autre destinée pour les hommes et les femmes que la descente au séjour des morts, loin de la lumière de Dieu. Grâce à la résurrection du Christ est offerte la possibilité d’une vie en Dieu pour toujours.
« Dieu t’aime… le Christ te sauve… il vit et il te veut vivant… l’Esprit donne la vie. » Le Seigneur Jésus Christ est celui qui nous attend par-delà la mort et aussi celui qui est présent à son Église aujourd’hui. Les lectures d’aujourd’hui nous le montrent apparaissant vivant à ses disciples rassemblés, continuant d’agir dans l’Église par les signes et les prodiges qui s’accomplissent par les mains des Apôtres, soutenant son Église éprouvée par la persécution : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises. »
Ici et maintenant, Jésus de Nazareth, le Ressuscité, le Témoin du Père, le Vivant qui fait vivre, est toujours présent à son Église animée par l’Esprit Saint. À celui qui croit en son Nom, il offre son compagnonnage, son amitié, son amour, sa Vie plus forte que la mort. Par son Esprit Saint à l’œuvre dans l’Église, il donne aux croyants d’être remplis de sa vie divine, d’écouter sa parole, d’être atteints par ses gestes de salut que sont les sacrements.
« Au fond, la résurrection du Christ, qu’est-ce que ça change pour toi ? », nous demandions-nous tout à l’heure. La résurrection ne nous rend pas la vie plus facile, bien sûr, mais elle nous assure de la présence de ce Dieu d’éternelle miséricorde qui nous a purifiés par le baptême, fait renaître par le don de son Esprit, rachetés par le Sang de son Fils. Voilà le message de la miséricorde, « cœur battant de l’Évangile », que les disciples du Christ ne peuvent pas garder pour eux et qu’ils s’efforcent de « faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous ». À Dieu notre Père, par son Fils Unique, dans l’Esprit Saint, gloire, honneur, louange et action de grâce, maintenant et toujours, et pour tous les siècles des siècles. Amen. Alléluia !
Père Alexandre-Marie Valder