La résurrection de Lazare

5ème dimanche de Carême. Année A
La résurrection de Lazare (Jean 11, 1-45).
Je ne sais plus qui m’a dit un jour : quand on lit n’importe quelle page d’Evangile, il est intéressant de se poser la question : qu’est-ce que ce passage me dit de Dieu ? C’est toujours enrichissant. C’est la question que je me suis posée à propos de la résurrection de Lazare. Voici la réponse qui m’est venue à l’esprit quand j’ai lu ce texte : Jésus est vrai Dieu et il est vrai homme. Et d’ailleurs, c’est ce que le Père Alexandre-Marie va dire dans la préface que nous allons entendre tout à l’heure :
« Vraiment il est juste et bon, pour ta gloire et notre salut, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, Seigneur, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ, notre Seigneur. Lui-même homme véritable il a pleuré son ami Lazare ; Dieu éternel il le releva du tombeau. Ainsi dans sa compassion pour le genre humain il nous conduit par les sacrements de Pâques jusqu’à la vie nouvelle. »
Jésus vrai Dieu, vrai homme, cela a été l’objet de nombreuses discussions et désaccords, de ruptures, de condamnations entre les chrétiens dans les premiers siècles. Certains disaient que Jésus était Dieu, mais pas homme, ou un homme créé par Dieu, ou un homme extraordinaire mais pas Dieu, ou un Dieu différent de Dieu le Père, ou plus Dieu que homme etc… Il faut dire que ce n’est pas simple. Comment peut-on être à la fois Dieu et homme ? C’est le mystère de l’Incarnation (mystère = non pas quelque chose qu’on ne peut pas comprendre, mais quelque chose qu’on n’a jamais fini de comprendre).
Credo de Nicée-Constantinople : « il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l’Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. »
Catéchisme de l’Eglise catholique en 1992 (n° 467) : Jésus «le même parfait en divinité et parfait en humanité. (…) Consubstantiel au père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité, «semblable à nous en tout à l’exception du péché ». (lettre aux Hébreux 4, 15).
Catéchisme de l’Eglise catholique (469) : « Jésus est inséparablement vrai Dieu et vrai homme. Il est vraiment le fils de Dieu qui s’est fait homme, notre frère, et cela sans cesser d’être Dieu, notre Seigneur ».
Alors pourquoi penser à tout cela à propos de ce texte ?
D’abord, l’humanité de Jésus : elle est évidente dans ce passage. Jésus, comme tout être humain, a des amis, et des amis qu’il aime : Lazare, Marthe Marie. Et surtout, il pleure son ami Lazare. En rencontrant Marthe et Marie, les deux sœurs de Lazare qui vient de mourir, « Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, » et un peu plus loin : « Jésus se mit à pleurer. » Et encore un peu plus loin : « Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. » Qu’y a-t-il de plus humain que de pleurer ? Jésus est sensible comme tout être humain. S’il n’avait été que Dieu, il aurait ressuscité Lazare, et ne se serait pas laissé aller à pleurer. Cela peut être humiliant de pleurer en public. Un Dieu « 100% Dieu » ne ferait pas cela.
D’autant que, Jésus savait déjà qu’il allait ressusciter Lazare. Il avait déclaré à ses disciples : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. » Et il avait dit à Marthe : « Ton frère ressuscitera. » (…) « Moi, je suis la résurrection et la vie. » Jésus savait ce qu’il allait faire : ressusciter Lazare et donc faire cesser les pleurs de tout le monde. Il en est tellement sûr qu’il ne se précipite pas chez Marthe et Marie. « Quand il apprit que Lazare était malade, Jésus demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. » Et malgré tout cela, il pleure, comme tout être humain.
Jésus est aussi vrai Dieu. Il le prouve en ressuscitant Lazare. Qui peut ressusciter un être humain, redonner la vie à un être humain, sinon Dieu lui-même, qui a créé l’homme ? Et surtout, Jésus prouvera qu’il est Dieu en ressuscitant lui-même. D’ailleurs, la résurrection de Lazare annonce clairement la résurrection de Jésus. Il y a plusieurs similitudes, plusieurs détails identiques entre les 2 résurrections : il y a des pleurs, il faut enlever une pierre, il y a des bandelettes, un suaire, et surtout, il y a le rôle des femmes.
Ce sont deux femmes, Marthe et Marie, qui demandent la résurrection de leur frère et en sont les premiers témoins. De même, ce sont des femmes, et non des hommes, qui sont les premiers témoins de la résurrection de Jésus. Ce sont des femmes qui ont vu les premières le tombeau vide, ce sont des femmes qui ont vu les premières Jésus ressuscité.
Jésus est à la fois vrai Dieu, et vrai homme. C’est pourquoi dans toutes les circonstances de la vie, dans les joies, dans les peines, nous pouvons nous adresser à lui. Vrai homme, il nous comprend. Vrai Dieu, il nous aime au-delà de tout.
Antoine Mériaux, diacre de la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal