« Lazare, viens dehors ! »
A Laneuveville, c’est le Scrutin de Confidence. Les Lectures du 5e dimanche de carême sont celles de l’année A.( Evangile de Jésus Christ selon saint Jean (11, 1-45) )
Auprès du tombeau de son ami, après avoir prié, le Seigneur Jésus cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Méditons simplement sur ces trois petits mots : Lazare, viens, dehors.
Le Seigneur appelle Lazare par son nom. Le nom que nous portons est le signe de cet amour personnel de Dieu pour nous. Chacun de nous est unique aux yeux de Dieu ; chacun est voulu personnellement, connu personnellement, appelé personnellement, aimé personnellement. Notre nom est tout un programme. Confidence, tu portes un nom qui signifie « confiance » ; quel beau programme !
Beaucoup autour de nous pensent qu’après la mort, nous disparaissons dans le grand Rien. Pour d’autres au contraire, nous nous fondons dans le grand Tout. En fait, c’est la même chose : c’est la fin de la personne que je suis. Un disciple de Jésus ne peut pas croire cela. Dieu le Père m’a personnellement voulu, connu, appelé et aimé ; va-t-il me laisser disparaître comme on jette un vieux jouet ?
Continuons de creuser. Nous sommes faits de matière et d’esprit. La plupart des philosophies et sagesses s’accordent sur l’immortalité de l’âme humaine, ce principe spirituel qui fait que la matière dont nous sommes composés est un corps humain. Le corps s’abîme et meurt, tandis que l’âme est immortelle. Nous chrétiens, nous osons dire quelque chose de plus beau encore : aujourd’hui, être humain, c’est être corps et âme. Un être humain, ce n’est pas une âme toute seule. Ce n’est pas ainsi que Dieu nous a faits. Va-t-il nous faire vivre pour toujours avec seulement l’âme, la moitié de ce que nous sommes aujourd’hui ?
Mais non ! Nous croyons au contraire à la résurrection de la chair. Le Seigneur Jésus est ressuscité avec son âme et son corps, et nous croyons que, nous aussi, nous retrouverons nos corps, transformés, transfigurés, et pourtant de vrais corps humains.
Cette résurrection de la chair, de l’être humain tout entier, corps et âme, est pour tous, mais elle n’est pas pour tous de la même manière. Tous, nous ressusciterons ; mais en vue de quoi ? pour quoi faire ? Un jour le Seigneur Jésus enseignait en disant : « Un jour, tous ceux qui sont morts entendront ma voix et ressusciteront, ceux qui auront fait le bien pour vivre, ceux qui auront fait le mal pour être jugés. » (cf. Jn 5, 28-29)
Frères et sœurs, écoutons la voix de Jésus. Et que dit-il ? « Viens ! », dit Jésus à Lazare. « Viens ! », dit Jésus à Confidence, à moi et à chacun ici. Le Seigneur ne veut pas faire sans moi. Il demande ma participation libre à son projet pour moi. Tout simplement parce que son projet pour moi, c’est l’amour, et qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à aimer.
Chaque instant de notre vie aujourd’hui est placé sous le signe de cet appel de Jésus : « Viens ! » Ce « Viens ! » résonne différemment selon la situation de la personne, selon le moment de la journée : ce peut être « Viens prier », « Viens lire la parole », « Viens à la messe », « Viens te confesser », ou bien encore « Viens au bureau », « Viens ouvrir la porte à celui qui frappe », « Viens écouter celui qui a besoin de parler », sans oublier « Viens te reposer un peu », un jour, ce sera aussi « Viens prendre ta part de ma croix », « Viens à moi avec ta fragilité, ta maladie », et enfin « Viens, remets en moi ton esprit »
Quand le Seigneur dit : « Viens », il dit toujours : « Sois avec moi ». C’est ce que saint Paul veut dire en parlant de vivre sous l’emprise de la chair ou de l’Esprit, c’est-à-dire ou bien vivre sans Dieu, ou bien vivre avec Dieu. À chacun de choisir l’un ou l’autre chemin, ou plutôt l’une ou l’autre façon de marcher sur le chemin : avec ou sans Dieu. Ainsi que nous aurons choisi de vivre aujourd’hui, avec ou sans Dieu, ainsi sera notre résurrection.
Il reste encore un troisième mot : « Dehors » Pourquoi venir « dehors », alors qu’on est si bien chez soi ? Parce que notre Dieu est le Dieu vivant, et non pas le vieux divan. Confidence, tu as commencé à découvrir la Bible et l’histoire de nos ancêtres avec Dieu. Tu as peut-être remarqué que ce sont des hommes et des femmes qui bougent beaucoup : Abraham, Isaac et Jacob qui vont toujours de campement en campement, Moïse qui traverse le désert avec son peuple, David, Elie, Isaïe, et les autres : Dieu ne les laisse jamais tranquilles, il veut les conduire toujours plus loin.
Pense aussi à Marie, surprise par le beau projet de Dieu pour elle : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils… Il sera appelé Fils du Très-Haut et son règne n’aura pas de fin. » Et aussitôt Marie se met en marche vers Elisabeth.
Le Seigneur Jésus nous appelle par notre nom. Il nous dit : « Viens dehors », c’est-à-dire : « Sors de tes certitudes, sors de ton confort ; fais-moi confiance, même si c’est un peu effrayant ; viens vers la vraie vie, une vie en plénitude. »
Confidence, ton baptême sera pour toi ce moment où Jésus dira : « Confidence, viens dehors ! Je te connais, je t’ai choisie, je t’appelle. Réponds-moi, marche avec moi, vis avec moi aujourd’hui afin de vivre avec moi pour toujours. »
Et nous frères et sœurs, nous qui sommes baptisés, nous sommes un peu comme Lazare. Nous le savons bien : Lazare n’est pas ressuscité comme Jésus est ressuscité. Jésus ressuscité est appelé « le Vivant » alors qu’ici, Lazare rappelé à la vie est encore appelé « le mort ». Lazare va à nouveau mourir quelques années plus tard, ainsi que ses sœurs Marthe et Marie.
Et pourtant, pour Lazare, Marthe, Marie et tous ceux qui étaient là, tout est différent désormais. Ils savent qu’ils sont liés au Seigneur Jésus, qu’ils peuvent choisir de vivre avec lui, lui qui a tout pouvoir sur la mort, lui qui fait vivre ce qui était mort, lui qui est la résurrection et la vie.
Alexandre-Marie Valder, prêtre