Le Dieu fidèle, les fidèles de Dieu.
« Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur. » En ce commencement d’année liturgique, je souhaiterais que nous méditions ensemble sur la fidélité, celle de Dieu et la nôtre.
Frères et sœurs, notre Dieu est le Dieu fidèle ; il ne change pas, il est solide, tel un rocher sur lequel toute personne peut édifier sa vie. Notre Dieu est le Dieu fidèle, fidèle à sa promesse. Abraham et Sara, Moïse, Anne la mère de Samuel, David, Job, Marie et Joseph, et enfin Jésus : tous sont témoins d’un Dieu qui est fidèle à sa promesse. « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple, chante Zacharie, le père de Jean le Baptiste. Il a fait surgir la force qui nous sauve… comme il l’avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens… amour qu’il montre envers nos pères, mémoire de son alliance sainte, serment juré à notre père Abraham. »
Du premier instant du monde jusqu’à la consommation des siècles, en passant par le salut offert en Jésus-Christ, notre Dieu conduit l’histoire selon son dessein bienveillant, fidèle de son amour inconditionnel. « Tu es le Dieu fidèle, éternellement », chantons-nous parfois. Souvenez-vous de ce qu’il dit par la bouche du prophète Isaïe : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains (49,15-16). »
Frères et sœurs, depuis le jour de notre baptême, nous portons le beau nom de « fidèles ». Sûrs que Dieu est fidèle à ses promesses, qu’il est digne de confiance, digne de foi, le chrétien met en Dieu sa foi, sa confiance, il se fie en Dieu et croit aux promesses qu’il a faites. « Les paroles s’envolent », dit le dicton. « Des paroles, des paroles, des paroles », chante Dalida. La parole, lorsqu’elle vient du Dieu fidèle, est justement ce qu’il y a de plus fiable, une promesse sur laquelle Dieu ne reviendra jamais.
Oui mais voilà : même si nous portons le nom de « fidèles », nous faisons chaque jour l’expérience de notre infidélité, aussi bien dans les affaires humaines que dans notre vie de foi.
En quoi suis-je infidèle ? Je suis infidèle chaque fois que je ne suis pas digne de la confiance qui m’a été faite. Je dis et je ne fais pas. Je m’engage et je ne tiens pas sur la durée. Je reprends la parole donnée. Je suis inconstant et capricieux.
Bonne nouvelle ! Chaque fois que j’identifie l’infidélité dans ma vie, cela m’apprend beaucoup sur Dieu. Chaque fois que je fais souffrir les autres par mon infidélité, je découvre d’abord ce que Dieu n’est pas, lui qui est le Dieu fidèle, éternellement. Chaque fois que je souffre de l’infidélité d’autrui, je perçois quelque chose de la souffrance de Dieu face à l’infidélité de ses enfants.
Bien que nous soyons appelés fidèles, nous sommes inconstants et changeants. En outre, beaucoup de personnes avancées dans la vie spirituelle font cette expérience douloureuse : elles font tout leur possible pour être fidèles, pour tenir bon, et pourtant elles n’y trouvent que sécheresse et amertume. C’est souvent le signe que nous nous sommes mis à rechercher la fidélité pour elle-même, alors qu’elle n’est qu’un moyen, rien que l’écrin de la charité. Imaginez que dans un couple, on se donne tellement de mal pour ne pas être infidèle qu’on en oublie de se parler et de s’aimer ! Cela peut nous arriver avec Dieu.
Frères et sœurs, bonne nouvelle : notre Dieu est le Dieu fidèle, et même surabondamment fidèle. Notre Dieu est si juste qu’il rend juste ; il est si bon qu’il rend bon ; il est si fidèle qu’il rend fidèle. « C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus-Christ », disait saint Paul dans la deuxième lecture.
C’est déjà lui qui ouvre les yeux des pécheurs afin qu’ils reconnaissent qu’ils sont errants, endurcis, souillés et desséchés. « Tu étais irrité, mais nous avons encore péché et nous nous sommes égarés », disait le prophète Isaïe. C’est déjà lui qui ouvre la bouche des pénitents pour qu’ils crient vers lui : « Berger d’Israël, écoute ! Viens nous sauver… fais-nous vivre et invoquer ton Nom ! »
Le Seigneur, le Dieu fidèle, ne se satisfait pas de l’infidélité de ses enfants. Les lectures d’aujourd’hui disent de Dieu qu’il est un potier, un berger et un vigneron. Sans se lasser, sans se décourager, sans désespérer de quiconque, il prend soin de toute personne : il façonne et refaçonne, il guide sur le bon chemin, il émonde la vigne qu’il a plantée.
Frères et sœurs, le Seigneur, le Dieu fidèle, met sa confiance en nous, comme ce maître qui confie sa maison à ses serviteurs. La maison de Dieu, c’est nous. Nous ne pouvons rien faire sans lui, et il ne veut rien faire sans nous. Ce qu’il attend de nous, c’est de veiller ; veiller, c’est-à-dire rester attentifs, tendus vers le Ciel par la foi et l’espérance, et tout spécialement en ce temps d’Avent.
Que notre prière de chaque jour commence par un élan de foi et d’espérance : le Seigneur, le Dieu fidèle est là, il me parle et m’écoute. Que toutes nos activités sont mues par la foi et l’espérance : si humbles soient-elles, elles ont du poids, elles sont un chemin vers le Ciel. Dans la fidélité, réjouissons-nous d’être en chemin vers lui. En cas d’infidélité, réjouissons-nous aussi : le Dieu fidèle ne nous abandonnera pas.
Durant ce temps d’Avent, durant toute notre vie, soyons comme ce petit enfant dont parle Thérèse de Lisieux. Au bas de l’escalier trop haut pour lui, sans se décourager, il s’efforce de monter, tout en appelant sa maman qui l’attend en haut. Il sait, ce petit enfant, qu’elle ne tardera pas à descendre le prendre dans ses bras.
« Ah, Seigneur, Dieu fidèle ! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais… Fais-nous vivre et invoquer ton nom ! »