Le Seigneur Jésus vient à moi, pour moi, en moi, par moi.
Le Seigneur Jésus vient à moi, pour moi, en moi, par moi.
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers… Tout être vivant verra le salut de Dieu. »
Le Seigneur Jésus vient à moi. Je me prépare.
Cette année, à Noël, le Seigneur Jésus vient à moi. Le cycle de la liturgie se répète d’année en année, permettant aux chrétiens de tous les temps et de tous les lieux de vivre personnellement Noël. Ce qui s’est passé il y a 2000 ans en Judée est si lourd de conséquence que cela me concerne aussi. Imaginez que l’on n’ait jamais fêté Noël, sous prétexte que l’Incarnation s’est produite une fois pour toutes et qu’il n’y a pas lieu d’en faire mémoire.
Mais non, au contraire ! Noël revient chaque année afin que chacun puisse toucher du doigt le mystère qui s’est accompli un jour de l’histoire et qui a changé l’histoire pour toujours, afin que chacun puisse dire en toute vérité : « Cette année à Noël, le Seigneur Jésus vient à moi. Je me prépare. »
Le Seigneur Jésus vient à moi, celui que je suis cette année, toujours un peu différent de celui que j’étais l’année passée. Un peu meilleur, espérons-le. Un peu plus familier de celui qui vient pour moi. Un peu plus joyeux de le recevoir parce qu’un peu plus conscient du besoin que j’ai de lui, de son salut.
À la fin des temps, le Seigneur Jésus vient pour moi, pour me sauver. C’est-à-dire ? L’Écriture nous propose plusieurs images du salut : rassemblement, festin, guérison, etc. Ce dimanche en particulier, il est question d’être libérés et reconduits à la maison, de troquer un habit de tristesse, de misère et d’humiliation pour un vêtement de joie, de splendeur et de gloire, de progresser dans l’amour et la connaissance de Dieu.
Être sauvé, au-delà de toutes les images, ce n’est rien d’autre qu’être rétabli dans la communion avec Dieu et avec nos frères et sœurs. Si le Seigneur Jésus vient pour moi, c’est uniquement pour cela, pour me permettre de retrouver le chemin du cœur du Père et, du même coup, la fraternité, pour permettre à tous les hommes et les femmes de dire en toute vérité cette prière que nous disons parfois trop distraitement : « Notre Père… » Voilà ce que nous venons chercher à la messe et qu’on ne peut trouver nulle part ailleurs : Dieu lui-même.
le Seigneur Jésus lui-même n’a rien d’autre à offrir que l’amour du Père. Dieu n’a rien d’autre à donner que lui-même. Pour toute personne qui aime Dieu et cherche à faire sa volonté, l’amour du Père, c’est tout. À l’inverse, peut-être y a-t-il des gens pour qui rien de ce que Dieu a à offrir ne suffira jamais.
À la fin des temps, le Seigneur Jésus vient pour moi, pour me sauver. Je me prépare.
Aujourd’hui, si je le veux, le Seigneur Jésus vient en moi. Je me prépare.
Sans revêtir des aspects extraordinaires, la venue du Seigneur par son Esprit est pour tout disciple une expérience quotidienne. Que je récite les psaumes d’Israël, il chante en moi. Que je scrute les Ecritures, il parle en moi. Que je fasse silence, il repose en moi.
C’est tout spécialement vrai pour les sacrements. Le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la réconciliation, l’onction des malades, et aussi le mariage et l’ordre sont autant de Visitations du Seigneur Jésus en moi. Certaines de ces Visitations sont uniques : c’est une fois pour toutes que le baptême a fait de moi une création nouvelle dans le Christ, que j’ai quitté « la robe de tristesse et de misère », revêtu « la parure de la gloire de Dieu pour toujours », que j’ai été enveloppé « dans le manteau de la justice de Dieu », pour reprendre les paroles du prophète Baruc.
D’autres Visitations du Christ peuvent avoir lieu presque autant de fois que je le désire. En fait, chaque eucharistie, chaque réconciliation sont uniques, car toutes celles qui ont précédé m’ont changé et rendu plus semblable à celui qui vient en moi.
Aujourd’hui, si je le veux, le Seigneur Jésus vient en moi. Je me prépare.
Aujourd’hui, grâce à tout cela, le Seigneur Jésus vient par moi.
« Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir », a dit un jour le Seigneur Jésus. Cette joie plus grande de donner, de donner ce qu’il y a de plus grand, de donner Dieu lui-même, Jésus ne la garde pas pour lui seul. Nous aussi, chrétiens, consacrés par le baptême et la confirmation, par le mariage ou l’ordination, avons part à cela. Voilà pourquoi tout baptisé est oint de Saint-Chrême et qu’il reçoit la flamme pascale, afin de répandre autour de lui la bonne odeur et la lumière du Christ.
En préparant cette homélie, j’ai redécouvert un beau texte de Madeleine Delbrêl que je ne peux pas ne pas citer pour conclure :
« Un jour de plus commence. Jésus en moi veut le vivre. Il ne s’est pas enfermé. Il a marché parmi les hommes.
Avec moi il est parmi les hommes d’aujourd’hui. Il va rencontrer chacun de ceux qui entreront dans la maison, chacun de ceux que je croiserai dans la rue, d’autres riches que ceux de son temps, d’autres pauvres, d’autres savants et d’autres ignorants, d’autres petits et d’autres vieillards, d’autres saints et d’autres pécheurs, d’autres valides et d’autres infirmes.
Tous seront ceux qu’Il est venu chercher. Chacun est celui qu’Il est venu sauver. À ceux qui me parleront, Il aura quelque chose à répondre. À ceux qui manqueront, Il aura quelque chose à donner. Chacun existera pour lui comme si il était seul.
Dans le bruit il aura son silence à vivre. Dans le tumulte, sa paix à mouvoir… Béni soit ce nouveau jour qui est Noël sur la terre, puisqu’en moi Jésus veut le vivre encore. »
Père Alexandre-Marie, prêtre