Maternité de Marie, maternité de l’Église

Maternité de Marie, maternité de l’Église

Maternité de Marie, maternité de l’Église

Un jour que Jésus était en train d’enseigner et que sa mère et ses frères cherchaient en vain à le rejoindre, il dit : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. » Ainsi est ouverte à toute personne la possibilité d’être, en quelque sorte, mère, frère, sœur du Christ, pourvu qu’elle écoute la parole de Dieu et la mette en pratique.

Un fidèle-du-Christ, qu’il soit laïc, clerc ou consacré, est un homme ou une femme attaché au Christ par le lien de la foi et qui, par conséquent, écoute la parole de Dieu et la met en pratique. Chaque fois que nous lisons et méditons l’Écriture Sainte, seuls ou en fraternités, chaque fois que nous transmettons la foi, la morale, la prière, tout ce qui fait l’art de vivre du disciple de Jésus, à nos enfants ou petits-enfants, chaque fois que nous mettons en œuvre l’Évangile dans nos choix concrets de vie, nous participons à engendrer le Christ en nous et dans les autres. En un sens, si nous croyons aux paroles de Jésus, nous sommes « mères du Christ ».

Attention cependant : on n’est pas chrétien tout seul dans son coin. Si l’on peut être un chrétien, un fidèle-du-Christ, c’est uniquement en ayant part à la foi de l’Église. Bien sûr, l’Église, c’est la communauté chrétienne dans son ensemble, gardée en communion sur toute la terre par le pape et les évêques, gardée aussi en communion avec les apôtres et les chrétiens de toutes les époques.

La Bible telle quelle n’est pas la parole de Dieu. Hors de l’Église, la Bible n’est qu’un texte ancien, parfois inspirant, souvent indigeste. Proclamée, célébrée, méditée, interprétée par l’Église et dans l’Église, elle devient parole de Dieu capable de rejoindre toute personne, parole de Dieu concrète et personnelle au point de devenir sacrement : « Je te baptise… Sois marqué de l’Esprit Saint… Mon corps livré pour vous… Je te pardonne… »

L’Église est mère. Elle est mère en écoutant la parole de Dieu et en la mettant en pratique. Elle est mère en incarnant cette parole de Dieu dans sa manière de célébrer – sa liturgie – et dans sa manière d’agir – dans son enseignement moral. De toutes ces manières, l’Église est mère : elle engendre le Christ dans les âmes et dans les corps. Ce qui est vrai en particulier de tout fidèle-du-Christ est vrai en général de l’Église prise dans sa totalité.

Si l’Église dans sa globalité, et en particulier chaque fidèle-du-Christ qui a part à la foi de l’Église, est mère du Christ, c’est bien sûr parce que l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu, est à l’œuvre en elle. C’est uniquement sous le souffle de l’Esprit Saint que la parole de Dieu est devenue Ecriture Sainte, que l’Écriture Sainte devient chaque jour parole de Dieu et sacrements, que le Christ est cru aujourd’hui, célébré aujourd’hui, imité aujourd’hui, prié aujourd’hui.

La maternité de l’Église sous le souffle de l’Esprit Saint est la condition de la maternité de chaque fidèle-du-Christ, chacun dans sa vocation, sous le souffle de l’Esprit Saint. C’est le même Esprit Saint qui a soufflé autrefois sur la Vierge Marie pour que la Parole de Dieu prenne chair en son sein, le même Esprit Saint qui a soufflé sur Elisabeth afin qu’elle reconnaisse Celui qui était venu la visiter : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »

Dans la maternité de Marie, toute maternité dans l’Église trouve son modèle le plus accompli. Pour elle comme pour nous, il s’agit d’accueillir quelque chose qui nous dépasse, quelque chose qui ne procède pas uniquement de nous et qui pourtant ne peut pas advenir sans nous. Ce mystère s’éclaire par celui de la maternité humaine : la vie qui grandit dans le sein de la future mère ne procède pas uniquement d’elle, et pourtant elle prend une part active à la mise au monde de ce nouvel être. La vie du Christ qui grandit en Marie, en l’Église, en chacun de nous, est un pur don de l’Esprit Saint, et pourtant nous y prenons part.

Apprenons de Marie comment croire « à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur », comment célébrer, vivre et prier. Pour cela pas de meilleur moyen que la méditation de la vie du Christ à l’école de la Vierge Marie au moyen de la prière du rosaire. Les apparitions mariales, les enseignements des papes, le témoignage des saints et de nos ancêtres dans la foi nous y encouragent fortement.

En priant le rosaire, nous faisons mémoire de ce que Dieu a accompli dans la naissance et la prédication, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus.

Nous apprenons de Marie à mieux connaître le Seigneur Jésus authentique, toujours plus grand que l’idée que le monde nous en donne, celui qu’elle a porté, mis au monde et accompagné jusqu’à la croix.

Nous laissons Marie engendrer en nous son Fils, nous former à la ressemblance du Seigneur Jésus, faire de nous des fils et des filles de Dieu.

Nous accomplissons notre devoir de prier et d’intercéder pour le monde entier, sûrs que nos demandes sont portées par les mains de Marie.

Enfin, prier ensemble le rosaire, comme beaucoup le font en mai et en octobre, ou bien dans la rue, dans le bus, a aussi une valeur évangélisatrice.

Le rosaire est une prière autour de laquelle peuvent se retrouver jeunes et anciens, petits et grands, simples et savants, actifs et contemplatifs. Et si nous redécouvrions et faisions découvrir ce trésor au plus grand nombre dans les mois et les années qui viennent ? Et si nous demandions à Dieu par Marie la grâce de dire comme elle : « Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole. »

Alexandre-Marie Valder, prêtre