Messe des défunts

Messe des défunts

Vous savez pourquoi saint Paul évoque la question de la Résurrection dans la 1ère Epître aux Corinthiens ? Parce que les Corinthiens sont grecs et qu’ils ont du mal à penser que le corps humain va être saisi en Dieu et pas seulement l’âme. Les corps vont-ils ressusciter ? Le salut ne concerne-t-il pas que l’âme ? Telle est la position des philosophies grecques, et aussi de notre vieux fond indo-européen qui pense que l’âme est immortelle et qu’elle doit se dégager du tombeau de la matière.

Le raisonnement de saint Paul n’est pas facile à suivre : il sait que les Corinthiens sont chrétiens, qu’ils croient donc à la Résurrection du Christ. Mais ils n’arrivent pas à faire le lien avec la résurrection de leurs morts à eux.

Alors saint Paul va leur faire comprendre que la Résurrection n’est pas un événement qui ne concerne que le Christ. C’est un événement qui concerne toute la nature humaine. La résurrection du Christ fait partie du salut. De même que tous meurent, de même tous sont destinés à ressusciter.

Mais alors quel est le lien entre la Résurrection du Christ et la résurrection des morts en général ? Ecoutez ce que le Seigneur nous révèle lui-même : “Moi je SUIS la Résurrection et la Vie”. Marthe pense à un événement du futur : “Je sais que mon frère ressuscitera” – sous-entendu : quand les poules auront des dents. Mais le Christ la reprend avec douceur : Non, la Résurrection n’est pas un événement, “Moi je SUIS la résurrection et la Vie”.

Je dois vous l’avouer, j’ai beaucoup buté sur cette expression : “Je suis la résurrection”.

Il ne dit pas : je suis la cause de la Résurrection, je suis celui qui ressuscitera les morts, il dit bien Je SUIS la Résurrection. La Résurrection elle-même. Qu’est-ce que cela veut dire ?

C’est Benoît XVI qui m’a permis de mieux comprendre ce passage, dans son livre La foi chrétienne hier et aujourd’hui. La Résurrection n’est pas un événement du calendrier futur. La Résurrection est un dialogue. Un dialogue du Christ ressuscité avec chacun de nous. Un dialogue où le Seigneur dit : “Lazare, sors”.

Ce dialogue ultime, final, signale toute la complicité qui doit exister entre le défunt et le Seigneur. Et il n’est pas facile, à cause du mal que nous avons commis dans notre vie. Oui, un dialogue en paix avec le Seigneur qui EST la Résurrection ne peut avoir lieu que si l’âme est apaisée, si elle est allégée du mal qu’elle a commis.

Je dois vous le dire : cet apaisement n’est pas joué d’avance. Je sais bien que dans toutes les célébrations d’obsèques on ne cesse de dire que le défunt est “là-haut”, pour dire au paradis, pour dire avec Dieu. Ce n’est pas sûr. Je ne sais pas, je n’ai pas à juger les cœurs, seul Dieu juge les cœurs et je ne peux pas prendre sa place. C’est le secret de deux cœurs, celui du défunt devant le Cœur Sacré du Christ ressuscité. Alors si le cœur du défunt ne peut pas encore dialoguer en paix avec le Christ, il a besoin de nos prières pour l’alléger du mal qu’il a pu commettre. C’est le sens et l’objectif de la prière de ce soir.

François weber, curé