Notre grave et belle mission d’intercéder pour tous (Vendredi saint)

Notre grave et belle mission d’intercéder pour tous (Vendredi saint)

Notre grave et belle mission d’intercéder pour tous

Dans la Loi de Moïse, le Seigneur Dieu avait prescrit aux grands prêtres, c’est-à-dire à Aaron et à ses descendants, de porter différents vêtements liturgiques pour célébrer le culte dans le Temple. Ils revêtaient notamment un pectoral d’or et de pourpre, incrusté de pierres précieuses portant les noms des douze fils d’Israël. Ainsi le grand prêtre portait-il ainsi sur son cœur l’ensemble du peuple pour lequel il intercédait.

Le Seigneur Jésus, nous dit la lettre aux Hébreux, est le grand prêtre par excellence.  Contrairement au grand prêtre, descendant d’Aaron, le Seigneur Jésus n’a pas revêtu les vêtements sacrés : caleçon et tunique de lin, tunique brodée, ceinture, scapulaire, pectoral, manteau et turban. Au contraire, il s’est laissé dépouiller de tout : ses compagnons qui l’abandonnent, son honneur bafoué par les jugements injustes, son corps battu et flagellé, son visage défiguré, ses vêtements arrachés et partagés, sa vie enfin. Tout se passe comme si le Seigneur Jésus, le grand prêtre par excellence, prenait sur ses épaules tout ce que l’humanité compte d’accablés, d’abandonnés, d’humiliés, de maltraités, et jusqu’aux morts eux-mêmes.

Le grand prêtre, descendant d’Aaron, pénétrait dans le sanctuaire du Temple de Jérusalem, portant sur son cœur les noms des douze tribus d’Israël. Il entrait en présence du Seigneur Dieu et intercédait en faveur du peuple tout entier. Le Seigneur Jésus, lui, est entré dans le Ciel même, chargé de tout le mal qui pèse sur l’humanité, de tout le péché que commettent les hommes et les femmes.

Chaque année, le grand prêtre, descendant d’Aaron, présentait au Seigneur Dieu tout le péché du peuple d’Israël, ainsi que le sang du taureau offert en sacrifice. Et chaque année, le pardon était accordé. Le Seigneur Jésus, une fois pour toutes, a porté sur la croix tout le péché du monde, toute la désobéissance et la rébellion et la haine de l’humanité contre son Père. « Par l’offrande de son corps, comme le chante l’une des préfaces pascales, il [a mené] à leur achèvement, dans la vérité de la croix, les sacrifices de l’ancienne Alliance ; et quand il remet [à son Père] son esprit pour notre salut, il est à lui seul le prêtre, l’autel et l’agneau du sacrifice.

Car ce n’est pas le sang d’un taureau que le Seigneur Jésus, le grand prêtre par excellence, a versé ; c’est son propre sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, le sang du Fils infiniment obéissant qui rachète toutes les désobéissances humaines.

La parole du prophète Isaïe prend une tonalité toute particulière lorsque nous contemplons la croix : « Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme. »

La croix du Seigneur Jésus est cette estrade paradoxale où le serviteur du Seigneur Dieu est monté, s’est élevé et a été exalté. La croix est le Trône de la grâce dont la lettre aux Hébreux nous disait : « Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. »

Frères et sœurs, le baptême et la confirmation nous ont consacrés comme peuple sacerdotal. Aujourd’hui, c’est à nous, l’Église, que revient la belle et grave mission de porter le monde devant le Seigneur Dieu. Le salut obtenu par le Seigneur Jésus une fois pour toutes doit encore se propager grâce à nous à l’ensemble du monde et de l’histoire.

Ainsi, en ce jour si particulier, nous allons prier le Seigneur notre Dieu pour le monde entier, à travers les dix intentions de la grande prière universelle. Puis nous nous avancerons vers le Trône de la grâce, la croix du Seigneur Jésus, portant en nos cœurs les noms de ceux qui nous sont chers, comme le faisait le grand prêtre à Jérusalem autrefois. Au long de l’année, vivons de la même manière chacune des messes auxquelles nous participerons, comme un moment d’intercession.

Préparons-nous en silence à accomplir notre belle et grave mission d’intercéder pour tous, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Amen.

Père Alexandre-Marie Valder