Nous attendons un sauveur, le Seigneur Jésus Christ

Nous attendons un sauveur, le Seigneur Jésus Christ

Nous attendons un sauveur, le Seigneur Jésus Christ

Des cieux, « nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux »

Le temps du Carême nous fait toucher nos limites et notre besoin d’être secourus. Des cieux, nous attendons un sauveur…

Le salut nous vient des cieux, c’est-à-dire d’au-delà de nous-mêmes. On ne peut que le recevoir d’un autre, de Dieu lui-même, qui est à l’origine du salut et qui le mène à son accomplissement.

C’est le Seigneur seul qui a pris l’initiative d’appeler Abraham hors de son pays, de lui adresser une promesse, de lui proposer une alliance. Remarquez le thème du sommeil dans les lectures d’aujourd’hui : sommeil d’Abraham, torpeur qui s’abat sur les apôtres. Ce sommeil représente la relative passivité de l’être humain devant Dieu. L’homme dort tandis que le Seigneur est à l’œuvre.

Dans le livre de la Genèse, le Seigneur, sous l’apparence d’un feu, passe entre les animaux partagés tandis qu’Abraham est endormi. Pour conclure une alliance en bonne et due forme, les deux contractants auraient dû accomplir ce geste, en s’engageant par le sang. Ce jour-là, seul le Seigneur s’est engagé.

Des cieux, nous attendons un sauveur, le Seigneur Jésus Christ…

Dieu nous a aimés le premier. Il a fait alliance avec nous. Bien des siècles après Abraham, saint Jean écrira : « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés », en écho à Jésus s’adressant aux disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis. »

Dans le Christ, le salut de Dieu est offert gratuitement, inconditionnellement. Pas facile à accepter pour notre orgueil, et ce n’est pas pour rien que le pape François en parle comme de « l’ascèse la plus exigeante : celle de nous abandonner à son amour, de nous laisser attirer par lui ». Beaucoup d’hommes et de femmes sont prêts à consentir à des sacrifices et à des efforts considérables pour « faire leur salut ». Dans les spiritualités orientales, on s’efforce par soi-même de s’extraire des cycles de réincarnation. Même l’islam consiste à observer les commandements d’Allah, en apparence bien plus exigeants que ceux de l’Évangile, afin qu’il accorde le paradis en récompense.

Nous, nous attendons un sauveur, le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux.

Le salut que Dieu offre dans le Christ à toute personne dépasse infiniment les espoirs des religions du monde. Nous partagerons l’adoption filiale et la gloire du Christ. La lumière de gloire qui a resplendi dans le corps du Christ au jour de la transfiguration est offerte, la sainteté qui est le propre de Dieu, sont offertes à toute personne qui accepte de les recevoir. Même nos pauvres corps, marqués par la finitude et la fragilité, partageront la même gloire que celui du Christ transfiguré. Nous croyons à la résurrection de la chair, à la divinisation de tout ce que nous sommes, esprit, âme et corps. En son Fils, Dieu s’est humanisé afin de nous diviniser. Scandale pour toutes les sagesses du monde ! Pour les hommes, c’est impossible, mais tout est possible à Dieu. À condition de le laisser agir.

« Beaucoup de gens, pleure saint Paul, se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont à leur perte. » L’un des aspects du mystère de la croix, c’est de faire voir Dieu tel qu’il est : désarmé, livré, mains vides et bras ouverts, Dieu dont l’homme n’a rien à craindre, à qui il peut s’abandonner, par qui il peut se laisser attirer. En méditant le chemin de croix pendant ce Carême, pensons à ce que saint François d’Assise disait de l’Eucharistie : « Regardez l’humilité de Dieu », ou ce qu’en disait sainte Thérèse de Lisieux : « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit… il n’est qu’amour et miséricorde. »

Voilà qui est le sauveur que nous attendons des cieux, le Seigneur Jésus Christ…

Saint Paul a consacré une bonne partie de son ministère à lutter contre la tendance des nouveaux disciples à retomber dans l’observance scrupuleuse de règles religieuses, espérant ainsi, en quelque sorte, contraindre Dieu à les récompenser. Mentalité d’esclaves, de mercenaires et de courtisans qui travaillent pour s’attirer les bonnes grâces de la divinité.

Imaginons des enfants qui se diraient : « Prenons notre repas à table en famille, écoutons les histoires que nous racontent papa et maman avant de dormir, faisons-nous des câlins, vivons ensemble, jouons ensemble, rions ensemble, et alors ils finiront bien par nous aimer. » Absurde ? C’est pourtant ce que nous faisons trop souvent, nous les baptisés, et moi le premier : « Participer aux rencontres paroissiales, aller à la messe, prier le chapelet, rendre service, etc. : après tout cela, Dieu va quand même finir par reconnaître que je suis juste, que je suis bon chrétien et que je mérite son amour. »

Or Paul n’a eu de cesse de répéter, à la suite de Jésus, qu’il en va de nous comme d’Abraham : « Il eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste. »

Comme Abraham, ayons foi dans le Seigneur. Faisons tout simplement confiance à celui qui vient à nous, désarmé. Comme Pierre, Jacques et Jean, laissons Jésus nous conduire sur la montagne de la prière. Regardons de tous nos yeux, écoutons de toutes nos oreilles. « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

Tu es déjà aimé(e), tu as déjà ta place dans la maison. Vis en fils et fille de Dieu, comme nos frères aînés les saints : ferme ta porte, ouvre ta Bible et prie dans le secret, crois et viens aux sacrements, pleure sur tes péchés, demande pardon et ris de l’amour qui t’est offert gratuitement.

Plie ton orgueil et accepte de simplement recevoir ce que nul argent ne peut acheter, que nul effort ne peut mériter.

Plie ta suffisance, laisse-toi sauver. Tu ne suffis pas. Dieu seul suffit.

Père Alexandre-Marie Valder