Par l’Esprit Saint, porter du fruit
Par l’Esprit Saint, porter du fruit
« Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. » Le psaume que nous avons entendu nous fait contempler la création de Dieu, vivifiée et renouvelée par l’Esprit Saint. « Veni Creator Spiritus ! Viens Esprit Créateur ! », prions-nous ces jours-ci pour accueillir l’Esprit qui donne vie à toute chose. Et dans le credo, nous disons : « Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ».
Avec la confession de l’Esprit Saint, la foi chrétienne assume l’intuition des religions qui imaginent la divinité intimement présente à toute chose. On a raison de croire que Dieu porte toute créature par son souffle créateur et aussi que, de la pierre à l’être humain en passant par l’arbre et l’étoile, tout parle de Dieu.
À l’origine, la fête juive de la Pentecôte – Chavouot – était une fête agricole qui célébrait la moisson du blé. Sous le souffle du Dieu Créateur, la terre commence à porter son fruit le plus précieux en faveur des humains qui rendent grâce au Créateur.
Il existe aussi un lien étroit entre les fêtes juives de Pessah et Chavouot, entre Pâques et Pentecôte. Pessah commémore la libération de la servitude en Egypte et Chavouot commémore le don de la Loi sur le Sinaï, la Loi qui apprend comment bien vivre, comment mettre en valeur la liberté reçue. Si Pâques est la fête de la libération, Pentecôte est la fête de la vie libérée.
Il en est de même pour nous chrétiens. Pâques est la fête de la libération, car la résurrection du Christ nous délivre de la mort. Pentecôte est la fête de la vie libérée : l’Esprit du Christ nous est donné pour nous faire vivre comme des hommes et des femmes libres, comme des fils et des filles de Dieu.
Sous le souffle de l’Esprit Créateur, la nature est vivifiée et donne son fruit, chaque plante, chaque animal selon son espèce. Sous le souffle du même Esprit, l’humanité est vivifiée et donne son fruit. Saint Paul décrit le fruit de l’Esprit Saint en nous : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi.
Au fond, voici le fruit que nous voudrions tous porter. Au contraire, lorsque poussent chez nous l’inconduite, l’impureté, l’idolâtrie, les haines, les rivalités, la jalousie, les emportements, les divisions et tous les autres travers dont l’apôtre nous donne la liste, nous savons que nous vivons en dessous de ce que nous sommes. Cela arrive lorsque nous cédons à la paresse et à l’attrait de la facilité. Aimer vraiment, cela demande un véritable effort.
L’Évangile nous rappelle que le Seigneur Jésus a promis d’envoyer à ses disciples un autre Défenseur, un Consolateur, Quelqu’un qui sera toujours avec eux. L’Esprit Saint que les disciples ont reçu, que nous avons reçu, que nous ne cessons de recevoir, est le même Esprit qui repose en plénitude sur le Seigneur Jésus. Il est l’Esprit du Père et du Fils, qui reçoit même adoration et même gloire, l’Esprit qui vient du Père, qui reçoit tout ce qui vient du Fils et qui nous en fait le don.
L’Esprit Saint vient du Seigneur Jésus et reconduit vers lui. Le Seigneur Jésus ne cesse de nous l’envoyer, chaque année, chaque jour, à chaque instant. Chaque année, il envoie l’Esprit sur l’Église qui célèbre la Pentecôte. Il envoie l’Esprit sur les hommes, les femmes et les enfants qui sont baptisés et confirmés. Chaque jour à la messe, il envoie l’Esprit sur les chrétiens pour faire de nous son corps. Nous appelons l’Esprit sur les pénitents qui demandent le pardon, sur les malades, sur les fiancés qui se marient, sur ceux qui sont ordonnés. Depuis ce jour de Pentecôte, il y a deux mille ans, les écluses du Ciel sont ouvertes et l’Esprit ne cesse de descendre sur l’Église et sur le monde entier.
Dans les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre, et aussi pour consacrer l’autel d’une église, nous employons de l’huile, cette huile consacrée que l’on appelle le Saint-Chrême. Cette huile est le symbole de l’Esprit Saint, Esprit comme une huile qui oint le Seigneur Jésus, huile qui fait de lui le Christ, c’est-à-dire l’Oint de Dieu, huile qui ruisselle sur les membres de son corps, sur nous. Le chrême – avec « chr » – repose sur le Christ et sur les chrétiens.
L’Esprit Saint descendu sur Marie lui a donné de concevoir en son sein le Fils de Dieu, le Verbe incarné. L’Esprit qui descend sur le pain et le vin fait d’eux le corps et le sang du Christ. L’Esprit qui descend sur l’assemblée fait d’elle l’Église, le corps du Christ. Voilà ce que fait l’Esprit Saint : il fait naître et grandir le Christ en tout ceux qu’il touche. Le Père envoie son Esprit sur les hommes et les femmes pour les façonner à l’image de son Fils bien-aimé.
Pour parler de l’Esprit Saint, nous employons aussi l’image du vent, de l’eau et du feu. Le vent est toujours le même ; ses effets sont pourtant différents en chaque chose : il disperse les graines du pissenlit ou du bouleau, il fait avancer le bateau, il fait tourner le moulin et l’éolienne pour moudre ou générer de l’électricité. L’eau est toujours la même ; ses effets sont pourtant différents en chaque chose : selon la plante qu’elle irrigue, elle ira gonfler la chair d’une pomme, d’une tomate ou d’une courgette. Le feu est toujours le même ; ses effets sont pourtant différents en chaque chose : il consume le bois, purifie le minerai, assouplit le métal, cuit le pain.
Ainsi en est-il de l’Esprit : tous reçoivent le même Esprit qui produit des effets différents en chacun et fait porter un fruit de sainteté unique. Il en est comme dans la séquence, que je vous invite à méditer dans les jours qui viennent en continuant à ouvrir vos cœurs à l’Esprit Saint.
« Viens, Esprit Saint, en nos cœurs… À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient, donne tes sept dons sacrés. Donne mérite et vertu. Donne le salut final. Donne la joie éternelle. Amen. »
Père Alexandre-Marie Valder