Pasteur à la manière de l’Agneau immolé

Pasteur à la manière de l’Agneau immolé
Dans le livre de l’Apocalypse, Jean rapporte une vision grandiose : le Seigneur Dieu siège sur un Trône de gloire, entouré de milliers d’anges, des quatre Vivants, des vingt-quatre Anciens, des martyrs et des 144 000 élus. Il y a aussi une foule immense issue de toute l’humanité. Au milieu de tout cela, au plus près du Trône de Dieu, se tient l’Agneau debout et immolé, que la foule immense des sauvés reconnaît comme son pasteur. « L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. »
Pour nous, bien entendu, ce pasteur a le visage du Seigneur Jésus, le bon Pasteur. « Je suis le bon Pasteur, dit le Seigneur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. » Cette mission de pasteur qui est la prérogative de Dieu et de son Christ, le Seigneur Jésus l’a assumée en revendiquant comme ses propres brebis la part de l’humanité qui voudra bien de lui comme pasteur. Tous sont appelés et pourtant, à un instant donné, il y en a qui refusent d’être de ses brebis.
L’évangile de ce dimanche prend place à Jérusalem, lors de la fête de la dédicace. Les notables juifs viennent de mettre le Seigneur Jésus au pied du mur : « Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! » Et le Seigneur les a mis devant leurs propres contradictions. Alors qu’il ne cesse de leur dire et de leur montrer qu’il est le Christ, envoyé par le Père pour conduire ses brebis, eux ne veulent ni entendre ni voir, ce qui les empêche de croire. « Vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis », leur lance le Seigneur Jésus.
On pourrait penser qu’il s’agit de croire d’abord et ensuite d’être agrégé au troupeau du Seigneur et de le suivre. En réalité, c’est plutôt l’inverse, ou plutôt les deux en même temps : seul celui qui veut bien se faire brebis du pasteur, qui commence à marcher avec le Seigneur, à écouter, à regarder, peut recevoir la lumière de la foi. « La foi naît de ce que l’on entend, écrivait Paul aux Romains (Rm 10,17) et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ. » « Venez et vous verrez », avait dit le Seigneur à André et à l’autre disciple qui cherchaient à le connaître (Jn 1,39).
« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. » Le Bon Pasteur connaît ses brebis. Si quelqu’un cherche à connaître le Seigneur, s’il accepte de se faire brebis, de prêter l’oreille à sa voix, alors il découvre que c’est avant tout le Seigneur qui le connaît, lui. Nous en faisons l’expérience lorsque la parole méditée seul ou proclamée dans l’assemblée vient nous rejoindre personnellement.
Le Seigneur te connaît comme personne d’autre ne te connaît, comme Dieu seul peut te connaître. C’est ce qui a touché Nathanaël en rencontrant le Seigneur Jésus. « “D’où me connais-tu ?” Jésus lui répond : “Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu.” »
Le Bon Pasteur, ne connaît pas ses brebis seulement d’une connaissance tout extérieure. Unique et précieuse à ses yeux, chacune est connue par son nom, chacune est aimée d’un amour unique. Puisque le Seigneur te connaît parfaitement et qu’il t’aime d’un amour infini, alors tu peux lui faire confiance pour te conduire vers le Bien véritable dont ton cœur a soif. « L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. »
Le Seigneur Jésus, le Bon Pasteur, n’a pas d’autre désir que celui-ci : que toute personne prête l’oreille à sa voix, le suive et accepte de recevoir la vie éternelle. « Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. »
Le Seigneur Jésus est le bon Pasteur. Cependant, souvenons-nous que ce bon Pasteur est d’abord l’Agneau. C’est ainsi que Jean le Baptiste l’a désigné à ses disciples : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » C’est sous les apparences de l’Agneau debout et égorgé qu’il est célébré dans le livre de l’Apocalypse. Il est Pasteur à la manière de l’Agneau, et de l’Agneau immolé.
Agneau, il l’est en assumant la nature humaine dans toutes ses composantes. Il est devenu ce que nous sommes, êtres de chair et de sang, afin que nous devenions ce qu’il est : des personnes remplies de l’Esprit Saint, des fils et des filles de Dieu.
Agneau immolé, il a versé son sang précieux, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, en faveur de la multitude en rémission des péchés. La foule innombrable des sauvés est faite d’hommes et de femmes de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ce qui les rassemble c’est d’être passés par la grande épreuve, d’avoir lavé leurs robes, de les avoir blanchies par le sang de l’Agneau. Reconnaître mes péchés, accepter que l’Agneau innocent ait souffert à cause de moi, que je sois aimé sans aucun mérite de ma part, c’est douloureux, c’est la grande épreuve. C’est pourtant le seul chemin pour blanchir mes vêtements dans le sang de l’Agneau, pour être compté parmi les brebis du bon Pasteur.
Nous prions pour les vocations de prêtres. Toutes les vocations sont belles. Cette semaine cependant, nous demandons au Seigneur les prêtres dont nous avons besoin. Nous lui demandons d’appeler sans se lasser, de transformer par son Esprit Saint les cœurs de ceux qu’il appelle et surtout les nôtres, afin que nous soyons accueillants à ceux qui nous seront envoyés de la part du Seigneur.
Seigneur, nous te demandons les prêtres dont nous avons besoin. Suscite pour nous des pasteurs qui soient avant tout des agneaux, pleinement membres du troupeau ; des hommes qui, comme chacun de nous, soient assidus à la prière et à l’écoute de ta parole, qui puisent sans cesse à la source des sacrements du pardon et de l’eucharistie, qui chaque jour, sans se décourager, s’efforcent de rejeter le mal et de choisir le bien. Donne-nous des pasteurs qui soient des agneaux immolés, qui donnent leur vie sans compter pour leurs frères et sœurs, afin qu’ils aient la vie en abondance. Amen.
Père Alexandre-Marie Valder