Pentecôte et martinets noirs

Pentecôte et martinets noirs
Amoureux des oiseaux, j’attends toujours avec impatience le retour des martinets noirs qui nous arrivent d’Afrique selon un calendrier précis : le 1er mai, plus ou moins 3 jours. Ils repartent tout début août. Ils volent au-dessus des villes (les hirondelles, plus petites et noires et blanches, squattent plutôt les villages) et aiment faire des courses folles le matin ou le soir en piaillant avec joie, autour d’une place ou à l’intérieur d’un pâté de maisons. C’est l’un des oiseaux les plus rapides du monde : 200 km/h en piqué, plus de 100 dans ses accélérations horizontales, souvent 60. Sa famille est celle des Apodidae (apodes, litt. sans pattes) : cela signifie que leurs pattes sont trop faibles pour les soutenir. Autrement dit, ils ne peuvent pas se poser, contrairement aux hirondelles. Ils nichent sous les toits et c’est donc le seul moment où ils s’arrêtent de voler. Ils boivent en l’air, mangent en l’air, et même dorment en l’air ! Si par hasard ils tombent au sol, ils y sont cloués car ils sont incapables de redécoller par eux-mêmes s’il n’y a pas une très grosse bourrasque. Mais nous pouvons alors les prendre dans nos mains et les projeter en l’air.
Saint François de Sales nous compare à ces oiseaux : si nous sommes dans notre élément, dans la grâce de Dieu, nous volons, nous déployons nos qualités, notre liberté. Quel est cet élément ? L’amour, bien sûr. Malheureusement, depuis le péché originel, nous sommes cloués au sol. Comme un oiseau apode, l’homme pécheur ne peut pas redécoller dans l’amour de Dieu et du prochain par ses propres forces. Mais le Seigneur ne veut pas dans sa miséricorde nous laisser mourir par terre et c’est tout le sens du Mystère pascal qui se termine aujourd’hui : il envoie la bourrasque de l’Esprit pour nous faire redécoller, pour nous faire retrouver l’amour et le goût du ciel. Que les martinets au-dessus de nos têtes nous aident à vivre la Pentecôte.
Père François Weber, curé