Préparez vous car Il vient

Préparez vous car Il vient

Préparez-vous, car Il vient

Frères et sœurs, parmi tous les temps qui ponctuent notre année liturgique, l’Avent est probablement celui qui nous ramène le plus clairement aux racines juives de notre foi. L’Avent est le temps de l’attente, de l’espérance, de la vigilance. Appuyé sur la promesse que Dieu lui a faite, le peuple d’Israël traverse les siècles et les millénaires, les yeux fixés sur la venue du Messie de Dieu. Par sa seule existence, par sa fidélité au Dieu Unique, Israël est le témoin obstiné que le Seigneur parle et agit dans l’histoire humaine. À ce titre, mesurons bien ce que cachent les discours de haine qui se multiplient à l’encontre de nos frères juifs : rien de moins que le rejet d’un Dieu ami des hommes, qui fait alliance avec les hommes et qui leur adresse des promesses. La complaisance avec ces discours est incompatible avec la foi chrétienne.

Israël attend la venue du Messie de Dieu. L’Église attend son retour. Les uns comme les autres, nous vivons de la promesse qui nous a été faite par Dieu qui est fidèle et qui ne ment pas. Elle est pour Israël, et elle est aussi pour nous, la parole du prophète Jérémie de ce dimanche : « Voici venir des jours – oracle du Seigneur –où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda […] En ces jours-là, Juda sera sauvé, Jérusalem habitera en sécurité, et voici comment on la nommera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »

Le temps de l’Avent nous tourne vers le retour promis du Seigneur à la fin des temps. « Que le Seigneur […] affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints » nous disait saint Paul à l’instant. Car le Seigneur Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, va venir. Nous le confessons chaque dimanche dans le credo, et même chaque jour : « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus. Nous célébrons ta résurrection. Nous attendons ta venue dans la gloire… Délivre-nous de tout mal, Seigneur… nous qui attendons que se réalise la bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur. »

 Le Fils de l’homme va venir avec grande puissance et grande gloire, comme il l’a promis. La question est la suivante : serons-nous du côté des « nations affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots » et des « hommes qui mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde », ou bien serons-nous de ceux qui se redresseront et relèveront la tête, car la rédemption approche, de ceux qui diront « Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut » ?

Pour nous, disciples de Jésus, son retour ne devrait pas être une mauvaise nouvelle. Bien au contraire, comment ne pas se réjouir de le voir enfin face à face, d’être « libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve », d’être pour toujours avec le Seigneur ?

Affolement ou confiance, peur ou louange : ce qui déterminera notre attitude lors du retour du Seigneur, ce sera la manière dont nous aurons employé le temps qui nous est dévolu.

 Vous l’avez déjà entendu : l’espérance qui est la nôtre est différente du simple espoir. L’espoir concerne une issue favorable et relativement probable. L’espérance, elle, est certaine ; elle est fondée sur la parole de Dieu. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts, aussi sûr qu’il nous a dit un jour à chacun : « Tu es mon frère, ma sœur, mon ami », aussi sûr qu’il nous dit chaque fois que nous voulons l’entendre : « Ceci est mon corps… ceci est mon sang… Je te pardonne tous tes péchés… »

L’espérance est plus que l’espoir. Elle est aussi plus que la simple attente. Si je dois attendre le bus, je ne peux que faire autre chose pour me divertir, pour passer le temps, tuer le temps en attendant que mon bus arrive. Quel dommage que tant de gens passent pourtant leur vie à tuer le temps !

Que l’espérance qui est la nôtre nous amène au contraire à une attitude d’attente active, de vigilance, de préparation ; c’est là l’esprit du temps de l’Avent : se préparer à la venue du Seigneur à Noël, se préparer à son retour à la fin des temps.

Comment se préparer à la venue du Seigneur ? Comme Israël : en écoutant la parole de Dieu et en la mettant en pratique. « Seigneur, enseigne-moi tes voies, chante le psalmiste, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. » Saint Paul ne parle pas différemment à ses amis de Thessalonique : « Vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu » Et de même pour le Seigneur Jésus : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie. »

Frères et sœurs, ayons à cœur de garder des temps gratuits pour Dieu, pour écouter dans le silence, pour regarder avec attention une icône, une croix, une crèche en préparation, pour scruter l’Écriture Sainte et mettre en pratique la parole que nous aurons reçue de Dieu.

 Sur ce chemin de l’Avent, chemin d’attente active, de vigilance et de préparation, Marie, vierge d’Israël, fille de Sion, est notre maîtresse et notre guide. Prions le rosaire, méditons avec Marie les mystères de la vie de Jésus, et qu’alors « le Seigneur nous donne, entre nous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant […], et qu’ainsi il affermisse nos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. Amen. »

Alexandre-Marie Valder, prêtre