« Seigneur, augmente en nous la foi » (LC, 17-5)

« Seigneur, augmente en nous la foi » (LC, 17-5)

L’Evangile d’aujourd’hui nous parle de la Foi, et nous donne l’exemple de quelqu’un, un lépreux, qui a la Foi en Jésus. C’est Jésus qui le lui dit : « relève toi et va : ta foi t’a sauvé. »

Dix lépreux, qui sans doute connaissaient la réputation de Jésus, et son pouvoir de guérir, viennent à la rencontre de Jésus, et lui demandent de prendre pitié d’eux. Ils ne demandent pas explicitement à Jésus de les guérir, mais c’est sous-entendu.

En guise de réponse, Jésus leur donne un ordre : « allez vous montrer aux prêtres. » Cet ordre annonce une guérison, car selon la loi de Moïse, c’est un prêtre qui doit constater la guérison d’un lépreux.

Les lépreux pouvaient espérer une guérison immédiate. Ils auraient pu la demander après la réponse de Jésus, ils auraient même pu discuter, presque marchander, comme nous savons si bien le faire. Car c’est comme si  Jésus leur avait dit : « attendez, et vous verrez. » Attendre ! Pourquoi attendre, alors qu’il peut les guérir tout de suite ?

Imaginez. Vous avez 40° de fièvre, vous allez voir un médecin qui vous dit : « rentrez chez vous et prenez votre température. » C’est tout. Pas un médicament, rien. Il faut avoir une très grande confiance en ce médecin pour rentrer chez soi sans discuter !

Eh bien ! Les dix lépreux obéissent à l’ordre donné, sans discuter, mettant en quelque sorte en pratique le « faites tout ce qu’il vous dira » de la Vierge Marie à Cana. Ils font toute confiance à Jésus. C’est un premier élément de la Foi.

Mais la Foi, c’est aussi et surtout tout ce que fait ensuite le lépreux, le seul, qui revient voir Jésus. 4 choses :

  1. D’abord, il fait demi-tour : revenir voir Jésus est plus important, plus urgent pour lui que de respecter la loi et que de se montrer aux prêtres.
  2. Ensuite, il glorifie Dieu à pleine voix : il témoigne. J’imagine qu’on a dû l’entendre chanter sur son chemin de retour !
  3. Puis il adore Jésus en silence : il se jette la face contre terre aux pieds de Jésus.
  4. Enfin, il exprime sa reconnaissance : il rend grâce à Jésus.

Avoir la Foi nous amène à différentes conclusions et actions : c’est ne pas oublier que tout me vient de Dieu, c’est revenir à Lui en toutes circonstances. C’est témoigner. C’est adorer. C’est rendre grâce.
Ce que nous avons entendu d’ailleurs dans l’acclamation juste avant l’Evangile :
« Rendez grâce à Dieu en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. »

Rendre grâce en toute circonstance… Vous me direz que ce n’est pas toujours facile. Quand nous sommes dans le deuil, la maladie, la souffrance, qui a envie de rendre grâce ? C’est là que la Foi nous aide à croire que dans le deuil, la maladie, la souffrance, le Christ nous accompagne de façon invisible. Car lui-même, il a commis les pires souffrances, le pire de notre condition humaine : être accusé injustement, condamné injustement, humilié, flagellé, crucifié. Il sait ce que nous vivons. Et il a dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 20)

Souvent, c’est vrai, Dieu nous semble absent et nous ne pouvons pas rendre grâce. Et souvent, nous avons besoin de temps pour comprendre, accepter. Et souvent, nous ne voyons pas Dieu avec nous, mais des mois, des années plus tard, nous comprenons la présence de Dieu dans notre passé : on ne voit souvent Dieu que dans le rétroviseur.

Au cours de cette Eucharistie (mot qui veut dire « rendre grâce »),  nous pouvons prier le Seigneur, comme les disciples de Jésus le faisaient (Evangile de dimanche dernier) : « Seigneur, augmente en nous la Foi ! » (Lc 17, 5)

Antoine Mériaux, diacre paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal