Vous êtes devenus lumière dans le Christ

Vous êtes devenus lumière dans le Christ
Frères et sœurs, ce cierge que nous tenons en main symbolise notre personne. Mèche et cire étroitement associées composent ce cierge. Sans mèche, pas de cierge ; sans cire, pas de cierge. Il en est de même pour notre âme et notre corps qui forment ensemble la personne unique qu’est chacun de nous.
De plus, ce cierge éteint, vous en conviendrez avec moi, a l’air un peu bête, juste posé là. Oh, bien sûr, tant qu’il est éteint, il ne risque pas de lui arriver quoi que ce soit. On peut le coucher à plat et le laisser là. Tranquille. Pépère.
Dès lors que l’extrémité de la mèche est allumée, plus question de le laisser couché. Le cierge allumé trouve son orientation naturelle en accomplissant ce en vue de quoi il existe : illuminer. Dès lors que la fine pointe de l’âme reçoit la lumière, cette lumière que nous fêtons aujourd’hui, alors la personne est pleinement ce qu’elle est appelée à être. Cet homme ou cette femme se tient debout, comme un vivant, les pieds sur terre, la tête tendue vers le ciel.
C’est lorsqu’il est enflammé que ce cierge répond pleinement à sa vocation de cierge. C’est en se consumant, en se donnant, qu’il devient ce qu’il est appelé à être. Ainsi en est-il de l’être humain, « seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » et qui « ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même », selon la phrase du Concile Vatican II que saint Jean-Paul II aimait à redire.
Mesurons le paradoxe : pour être pleinement lui-même, ce cierge a besoin de la flamme, c’est-à-dire de quelque chose qu’il ne peut pas tirer de lui-même. Cette flamme, il l’a nécessairement reçue d’un autre cierge, qui l’avait reçue d’un autre cierge, et ainsi de proche en proche jusqu’à la source de toute flamme.
Pour être pleinement ce que nous sommes, pour vivre pleinement notre vocation humaine, nous avons besoin de recevoir une lumière qui vient de plus grand que nous, de Dieu lui-même.
Aujourd’hui, en cette fête de la Présentation du Seigneur, fête de la Chandeleur, nous célébrons cette lumière venue dans le monde, lumière sans laquelle nous resterions tels des cierges bêtement couchés en fagot dans leur carton.
Aujourd’hui, nous louons et nous rendons grâce, c’est-à-dire que nous disons à la fois « bravo » et « merci » à notre Dieu pour la lumière du Christ. Il est né il y a quarante jours, et aujourd’hui sa lumière se répand et se transmet jusqu’à nous. En ce jour, la liturgie grégorienne chante : « Il vient, le Seigneur, il vient éclairer les yeux de ses serviteurs. »
Nous croyons que le Seigneur Jésus est le Sauveur du monde, notre Sauveur. Sauver, pour Jésus, c’est notamment éclairer nos yeux, nous illuminer, faire apparaître en pleine lumière pour nous qui est vraiment Dieu et qui sont vraiment les hommes et les femmes pour lui.
Aujourd’hui, en cette fête de la Présentation, nous avons porté des cierges allumés en l’honneur du Christ notre Dieu. Il est « lumière pour éclairer les nations », « l’astre d’en haut qui nous visite pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort », « la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde », « la lumière du monde ».
« Vous êtes la lumière du monde », disait Jésus à ses disciples, et il nous le redit également aujourd’hui. Le cierge allumé que nous avons porté au début de la célébration et celui que nous porterons dans la nuit de Pâques nous engagent. Une chrétien est un porteur de lumière, et ce depuis le jour de son baptême.
Que l’on soit baptisé bébé, enfant ou adulte, on reçoit la lumière du Christ, on devient lumière dans le Christ. En transmettant cette lumière, le prêtre ou le diacre déclare – et entendons cette parole pour nous ce matin : « Vous êtes devenus lumière dans le Christ : marchez toujours comme des enfants de lumière ; demeurez fidèles à la foi de votre baptême. Alors, quand le Seigneur viendra, vous pourrez aller à sa rencontre dans son Royaume avec tous les saints du Ciel. »
Nous avons reçu la lumière du Christ, cette lumière qu’aucun de nous n’aurait pu tirer de lui-même. Cette lumière nous est donnée d’abord pour nous-mêmes, afin d’éclairer notre marche jour après jour, « pour conduire nos pas aux chemins de la paix », mais aussi pour que nous soyons lumière pour ceux qui nous entourent, et que nous les conduisions vers la source de cette lumière.
À l’origine, la fête de la Présentation s’appelait la fête de la Rencontre, rencontre de Dieu avec l’humanité représentée par Syméon et Anne. En son Fils, Dieu est venu éclairer les yeux de ses serviteurs et de ses servantes, les rencontrer afin de les préparer à « aller à sa rencontre dans son Royaume avec tous les saints du Ciel. »
Louange et action de grâce à Dieu notre Père, par son Fils Jésus le Christ, dans l’Esprit de lumière. Amen.
Père Alexandre-Marie Valder