Bourse de corporal brodée main. Église Saint-Rémy de Chaligny, XXe siècle. © Commission diocésaine d’Art Sacré

Venez au Seigneur par l’Eucharistie 

Six pains dans une corbeille visiblement pleine, un poisson, de l’eau, finement brodés à l’intérieur d’une croix grecque sur une bourse de corporal¹. Cet objet se trouve à l’église Saint-Rémy à Chaligny. On retrouve souvent ce motif sur des tabernacles, des autels comme à Tabga au bord du lac de Galilée, lieu de la multiplication des pains. Peu de choses et, pourtant, chacune est riche d’échos dans l’Ecriture qui sont autant de portes ouvertes pour notre contemplation.

En Matthieu 14, la journée s’achève pour la foule qui a suivi Jésus. Le temps a filé à l’écouter parler et la faim revient avec la fatigue. « Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! » Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ce miracle dit de la multiplication des pains est un des premiers à être représenté dans l’iconographie. Il est signe de la Vie en plénitude qui s’accomplit dans le don de l’Eucharistie.

Le poisson lui-même est symbole de vie dans la Bible, lui qui nage dans les eaux de la mort sans périr, lui qui sauve Jonas de la noyade (Jonas 2). En tout, il est signe d’un Dieu qui pourvoit, nourrit son peuple fidèlement. Durant les persécutions des premiers siècles, il code le Nom du Christ sauveur : ICHTUS, Jésus-Christ, Fils de Dieu Sauveur, avant d’être remplacé par la Croix.

Quant au pain, il est la manne au Sinaï (Exode 16,4), l’enfant dans la mangeoire de Bethléem (Luc 2,12), le grain de blé qui meurt (Jean 12,20), le don de la Vie livrée du Christ dans le dernier repas (Matthieu 26,26), le signe par excellence à Emmaüs (Luc 24,30) lorsque Jésus est reconnu à la fraction du pain.

Et puis, regardons la Croix qui englobe tout. Ce bois qui permet, telle une Arche, de traverser l’eau de la mort. Ce bois où Jésus laisse transpercer son cœur pour nous donner l’eau vive qui devient notre milieu naturel de baptisés, eau de l’Esprit, Vie divine (Jean 3,5, Jean 4,14) qui consacre.

En observant ce motif, échappe-toi au bord du lac. Le matin est frais, il y a un homme sur le rivage. Du poisson grille sur un feu de braise, du pain est posé : Il t’attend. « Les enfants avez-vous du poisson ? » « C’est le Seigneur ! » s’exclame un disciple bien-aimé (Jean 21, 7).

Une seule question au fond de ton cœur : Et toi, m’aimes-tu ?

¹ Bourse de corporal : élément liturgique destiné à contenir le corporal dont le célébrant se sert au cours de la célébration de la messe.