« L’Église […] se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait. »
L’Église se construisait et marchait… cela doit être étrange à voir. C’est pourtant par ces mots que saint Luc tente de rendre cette alliance de stabilité et de souplesse qu’il observe en contemplant la jeune Église C’est que l’Église n’est pas une ONG ; elle est véritablement un organisme vivant, et même une personne. Elle est à la fois fidèle et pure comme une épouse, stable et solide comme une ville, unie comme comme une maison, diverse et bruissante comme un troupeau de brebis, luxuriante comme une vigne… Et cette Église que décrit saint Luc n’est pas une autre que celle que nous sommes aujourd’hui : des pierres vivantes animées par l’Esprit de Jésus.
Dans les lectures de la messe, le psaume est toujours choisi pour éclairer la lecture qu’il précède. Aujourd’hui, nous avons entendu le psaume 21, c’est-à-dire le même que celui que nous entendons le dimanche des Rameaux (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné… »). Ce jour-là, il était question de l’annonce des souffrances de la Passion de Jésus ; aujourd’hui au contraire, nous entendons des paroles triomphales.
« Ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : “A vous, toujours, la vie et la joie”… la terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur… on annoncera le Seigneur au peuple qui va naître » Avouons-le : il n’est pas facile, lorsque nous voyons notre monde, de nous joindre à ces paroles de jubilation. Et pourtant, c’est aussi cela mettre notre foi dans le nom de Jésus (Dieu sauve), comme nous y invite saint Jean dans la deuxième lecture.
Nous croyons en Dieu qui a fait le ciel et la terre, en Jésus mort et ressuscité, en l’Esprit Saint qui réconforte l’Église, n’est-ce pas ?
Le Pape François, décidément jamais à court d’idées, a récemment institué une journée mondiale des grands-parents, qui se tiendra le 25 juillet prochain, sur le thème « Je suis avec vous tous les jours ».
Demain, sans aucun doute, viendra le temps du triomphe. Aujourd’hui, en France du moins, nous expérimentons le temps de la fidélité. Jésus ne nous demande rien d’autre : « Demeurez en moi… » Cette parole s’adresse aussi à nous ; c’est donc qu’elle est à notre portée.
Qu’est-ce que c’est pour nous, chrétiens du XXIème siècle, de demeurer en Jésus ?
En premier lieu, demeurer en Jésus n’est rien d’autre que demeurer dans l’Église. L’Église est ce peuple dont Jésus est le roi, cette maison dont il est la pierre angulaire, l’architecte et le maître, ce troupeau dont il est le pasteur, cette vigne dont il est le cep. Paul lui-même, après avoir rencontré Jésus, s’est empressé de se joindre à la communauté. J’emprunte une image à Mgr Aupetit, archevêque de Paris. Qui de vous a un ami à qui il dirait : « Tu sais que tu es mon très cher ami. Je veux passer du temps chez toi, et aussi t’accueillir chez moi, aussi souvent que possible. Mais ta rombière, je ne veux pas avoir affaire à elle. » A bon entendeur…
Ensuite, demeurer en Jésus, c’est demeurer dans la vérité de l’amour. Notre Dieu est incarné. L’amour est incarné. Aimer, c’est du concret. A votre avis, qui est la mère la plus aimante ? Celle qui est intarissable sur ses chouchous d’amour et qui inonde les réseaux sociaux de leurs photos et de leurs moindres faits et geste, ou celle qui leur chante pour la centième fois de la semaine leur comptine préférée ?
Et enfin, demeurer en Jésus, c’est demeurer dans la joie, cette joie que le pape François nous redit sur tous les tons (la joie de l’Évangile, la joie de l’amour, réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, pour reprendre les titres de ses écrits). Jésus ne disait rien d’autre en inaugurant sa prédication par le discours des Béatitudes : « Heureux… heureux… heureux… »
Chaque jour, le Seigneur vient vendanger sa vigne. Il n’en attend pas d’abord des prières ferventes ou des œuvres charitables, mais des saints. Le fruit de la vigne du Seigneur, c’est chacun de nous.