Homélie du 23 mai 2021
« Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi » Qui d’entre nous ne désire, du plus profond du cœur, que de telles vertus fleurissent chez son voisin, son époux, son épouse, son curé ou son banquier ? Oui, si seulement les autres étaient pleins d’amour, de joie, de paix, de patience, de bonté, de bienveillance, de douceur et maîtres d’eux-mêmes, comme je serais heureux ! Mais non, ce n’est pas ainsi que vont les choses : ce qui doit changer en premier dans l’Église et dans le monde, c’est moi.
Dès demain, nous replongerons dans le Temps Ordinaire ; nous serons envoyés dans le monde. Pourquoi ? Pour rendre témoignage. C’est bien ce que Jésus demande à ses disciples, à nous donc : « Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. » « Rendre témoignage », qu’est-ce que cela veut dire ?
Nous le croyons, et nous le redirons dans quelques instants : il y a 2000 ans, en Jésus de Nazareth, Dieu est intervenu dans l’histoire des hommes. Beaucoup autour de nous l’ignorent ou refusent de le voir. Nous, disciples du Christ, nous savons que nous ne pouvons pas vivre comme si de rien n’était. Oui mais voilà : il ne nous est pas toujours facile de savoir que faire ou que dire. Sans être dans les secrets du pape François, il me semble que c’est une clé de lecture des documents qu’il nous livre au fil de son pontificat : Jésus est vivant, qu’est-ce que cela veut dire pour l’évangélisation, la famille, les jeunes, le rapport à la création, la fraternité humaine ?
Celui qui nous donne les mots justes, la juste attitude, que ce soit au travail ou en famille, en public ou en privé, celui qui nous donne de mettre le Christ au cœur dans les grandes choses et les petites, c’est justement le Saint-Esprit. Jésus a agi, Jésus a parlé. Le Saint-Esprit, lui, ne parle pas et n’agit pas, mais il nous fait parler, il nous fait agir. N’allons pas croire cependant que le Saint-Esprit nous manipule. Non ! Lorsque saint Paul invite les Galates à marcher sous la conduite de l’Esprit, il n’est pas question de marionnette ou de télécommande.
L’Esprit n’agit pas en contraignant, mais en libérant. Lorsque je dégage la boue, les pierres et les branches d’un ruisseau, va-t-on dire que je contrains l’eau à couler sans obstacles ? Lorsque j’apprends à un enfant les règles de la grammaire et de l’orthographe, va-t-on dire que je le contrains à écrire sans faute ? Et lorsque l’Esprit donne aux Apôtres les mots pour dire ce qu’ils ont vu de manière à être compris de tous ceux qui les entendent, va-t-on dire qu’il les contraint à parler clair et vrai ? Et lorsque l’Esprit – non sans ma participation active – me détache peu à peu de toutes ces tendances – égoïsme, jalousie, colère, division, etc. – qui m’empoisonnent et empoisonnent les autres, vais-je me plaindre de ce qu’il me permet enfin de porter un fruit d’amour, de joie, de paix, de patience, de bonté, de bienveillance, de fidélité, de douceur et de maîtrise ?
La séquence de la messe d’aujourd’hui dit notamment : « Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti ». N’y cherchons pas une condamnation de la nature humaine mais ce simple constat : c’est toujours par l’Esprit Saint que nous sommes ramenés de la perversion à la conversion, c’est toujours lui qui réchauffe nos froideurs, guérit nos blessures, assouplit nos raideurs.
« Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi » : voici sans doute le plus beau cadeau que nous puissions nous faire et faire à ceux que nous aimons. Trois minutes chaque jour, faisons silence en nous et autour de nous, mettons-nous à l’écoute du Saint-Esprit qui ne demande qu’à nous guider vers la vie.
Roi du Ciel, Consolateur, Esprit de Vérité,
Toi qui es partout présent et qui emplis tout,
Trésor des biens et source de vie,
Viens, fais en nous ta demeure,
Purifie-nous et sauve-nous,
Toi qui es bonté.
En des temps pas si anciens, il existait une octave de Pentecôte. Aujourd’hui, nous sommes jetés dans le temps ordinaire dès le lendemain. Mais nous ne sommes pas seuls : depuis deux ans maintenant, le Pape François a institué la mémoire de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, le lendemain de la Pentecôte. Demandons à notre mère du Ciel d’être, avec elle, en Église, de fervents témoins du Christ.
Alexandre-Marie Valder, prêtre