Les vacances, un martyre ?
Avec la fin du mois de juin arrivent les vacances d’été consacrées au repos. Ce même mois de juin avait débuté par la mémoire de nombreux martyrs : Justin (†165), Pothin, Blandine et les martyrs de Lyon (†177), Marcellin et Pierre (†315), Boniface (†754) et les martyrs d’Ouganda (†1886). Le martyre, c’est accepter de perdre sa vie avec la certitude que celui qui perd sa vie pour le Seigneur la sauvera, tandis que celui qui veut sauver sa vie la perdra (cf. Luc 9,24), puisque le Seigneur est assez puissant pour tirer de la mort une surabondance de vie, comme il l’a fait dans la Pâque de Jésus.
La prière est une forme de martyre. C’est accepter de perdre du temps, de faire ce qui semble totalement improductif, sûr que ce temps perdu est en réalité un temps offert à Celui qui saura en tirer un fruit immense.
Le repos aussi met en jeu notre foi.
Au commencement du monde, Dieu prit de la poussière du sol pour en façonner l’humain comme un être inerte. Puis il insuffla en lui son souffle et il devint un être vivant, mouvant, œuvrant. Dès l’origine, l’humain avait reçu la mission d’imiter Dieu et de concourir à l’œuvre immense de la création. « Le travail constitue une dimension fondamentale de l’existence de l’homme sur la terre », rappelait Jean-Paul II dans son encyclique Laborem exercens (1981).
Oui mais voilà : le travail, comme toute belle chose, peut devenir une idole qui asservit. C’est comme si nous avions peur que le repos nous ramène à l’inertie originelle de la poussière dont nous sommes tirés. Voilà pourquoi le vrai repos est un acte de foi en Dieu, qui est assez puissant pour poursuivre son œuvre, un acte de confiance dans les choses et les personnes qui continuent de tendre vers le bien, même lorsque je cesse de travailler.
Ainsi, le chrétien qui travaille est martyr, c’est-à-dire témoin, de Dieu créateur qui fait participer à son œuvre ; le chrétien qui se repose est aussi martyr de Dieu qui agit avec puissance lorsque nous lui remettons notre vie, notre temps et notre effort, avec une infinie confiance.
Bon repos à tous.
Alexandre-Marie Valder, prêtre