» Nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est (1Jn3)
Dès aujourd’hui, nous devenons peu à peu ce que nous regardons. Lorsque je contemple de la beauté, celle-ci me façonne. Lorsque je me laisse toucher par la bonté d’un geste, d’une attitude, d’une parole, je me « bonifie », je deviens un peu meilleur, par une heureuse contamination.
Ainsi, de petits fragments de sainteté nous traversent. De cette sainteté divine puisque Dieu seul est Saint. Unis au Christ-avec-nous, nous aussi, sommes « saints ». Par pur don. Des rachetés. Des relevés de l’ornière. Des saints.
Plus encore, nous sommes appelés à voir Dieu ! Alors, « nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’Il est » ( 1Jn 3). Dès aujourd’hui, éduquons notre regard pour qu’il décèle les prémices de cette vision de Dieu.
Qu’il s’agisse de « fragments de sainteté » en nous ou des saints eux-mêmes ( reconnus comme tels ou non), la participation à la vie divine est déjà là, en dépit, souvent, des apparences. Certes, je peux voir de monstrueuses ténèbres dans le monde ; je peux voir aussi, au milieu de ces ténèbres, ces traits de lumière d’un bienheureux Marcel Callo aimant ses frères ou d’un père Maximilien Kolbe à l’amour invaincu, dans les camps de concentration. Rien que pour eux, grâce à eux, c’est la multitude que Dieu sauve, pour leur vie éternelle.
Au moment de ces faits, bien peu voyaient cette lumière. Aujourd’hui aussi, nous ne la voyons pas immédiatement. Et pourtant, c’est certain, des « petits » passent sous les radars des infos, posent de minuscules gestes autour d’eux, là en Arménie, ici en Israël ou en Palestine, là en Ukraine ou en Russie, ici en France, à chaque fois qu’un acte ou une parole relève le coeur brisé ou humilié, à chaque fois qu’une mère est aidée, au moment où, désespérée, elle pensait de pas pouvoir accueillir l’enfant dans son ventre, que sais-je encore ?
Ce que nous appelons la révélation (biblique), c’est précisément ce dévoilement de ce qui n’est pas du tout évident à nos yeux trop choqués, impressionnés, aveuglés par le mal, à savoir que le bien, souvent, « ne fait pas de bruit » ( Saint François de Sales). L’Amour vainqueur n’est pas un géant, mais un Agneau invaincu, « sous le bruit ».
La sainteté n’est pas la perfection. Elle est cette constance dans la foi, l’espérance et la charité – graines d’immortalité. Les monstres de ce monde, impressionnants, s’envolent en poussière. Seule la charité demeure. On peut être tout petit à l’échelle de l’histoire humaine, et être le seul porteur de Vie. Ainsi de la charité. Ainsi de Dieu-en-nos-pauvres-vies.
« Nous qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance » ( Rm 8, 23-25). Un petit tressaillement ose même se manifester,… une joie insolente pointe le bout de son nez !
Marc Haeussler, curé