Quand dois-je prier ?
Quand j’en ai envie ?
Oui, il est bon de prier quand j’en ai envie et quand j’en ai besoin. Il n’y a pas de honte à suivre ce bon mouvement du cœur : transfigurer le simple contentement en une prière d’action de grâce, transfigurer l’inquiétude en prière de demande. La prière me fait du bien. « La prière est un avant-goût du ciel, un écoulement du paradis, disait le curé d’Ars à ses paroissiens. Elle ne nous laisse jamais sans douceur. C’est un miel qui descend dans l’âme et adoucit tout. Les peines se fondent devant une prière bien faite, comme la neige devant le soleil. »
Quand je n’en ai pas envie ?
Oui, et aussi quand je n’en ai pas besoin. Si je ne prie que quand j’en ai envie ou besoin, c’est que j’ai une drôle d’image de Dieu. Aimerais-je être à la place de celui à qui on ne parle que parce qu’on y trouve son intérêt ? Que c’est beau, au contraire, lorsque notre prière dépasse le niveau du « j’ai envie » et arrive au « je veux, parce que c’est important ».
Plutôt le matin ? Plutôt le soir ?
Plutôt les deux, si c’est possible ! Il est beau de confier ma journée au Seigneur. Le matin est comme une image de la résurrection. Aujourd’hui, je peux toujours repartir à neuf. Et le soir, je remets mes joies et mes peines au Seigneur avec grande confiance : le passé à la miséricorde, l’avenir à la providence, le présent à l’accueil de la grâce de Dieu, selon le mot de saint François de Sales.
La nuit ?
Et pourquoi pas ? Je ne peux pas veiller comme les moines qui prient pour nous tandis que nous dormons ; cependant, lorsque le sommeil me fuit, pourquoi ne pas préférer le chapelet à la télévision ? Prier la nuit, c’est aussi prier au cœur de l’épreuve ; lorsque je n’y vois plus rien, je continue à tenir la main de Celui qui me veut du bien.
En tout temps ?
« Restez éveillés et priez en tout temps (Lc 21,36) », nous recommande Jésus. En effet, si j’ai pris l’habitude de prier quand j’en ai envie ou besoin, et aussi quand je n’en ai pas envie ni besoin ; si je prie le matin et le soir, si je prie dans la nuit de l’épreuve, toute ma vie ne sera qu’une suite de mots et de regards lancés vers le Seigneur, à l’image de sainte Thérèse de Lisieux qui écrivait : « Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. »
Alexandre-Marie Valder, prêtre.