Vigile de Pâques
Et, voilà, Jésus, tu n’as pas été abandonné…
Le psalmiste ( Ps 15):
» Tu ne peux m’abandonner à la mort, ni laisser ton ami voir la corruption ».
Cri que le Christ a fait sien, au moment de ses angoisses, de ses sueurs à Gethsémani à l’approche de sa mort, ou sur la croix, quand le sentiment d’abandon s’empara de lui : « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? »
Lui, qui, par ce cri, maintenait encore le lien invisible avec le père, a pu s’écrier, à la suite d’Ezéchias ( Is 38) : » Des puissances de la mort, délivre-moi, Seigneur »…
Oui, en cette nuit de Pâques, la lumière a gagné sur l’obscurité. Le crucifié, Jésus de Nazareth, n’est plus à chercher en fouillant du regard l’obscurité du tombeau, du froid tombeau : « Il n’est plus ici… Il vous précède en Galilée! »
Oui, Dieu l’a ressuscité,
Dieu ne l’a pas abandonné à la mort.
Désormais délivré des puissances de la mort, il a un temps d’avance sur nous, il est le premier né d’entre les morts, le premier de la cordée des vivants, des vivants de la nouvelle naissance, cette naissance « d’en haut » dont il avait parlé à Nicodème interloqué.
Vit-il, Jésus-Christ, de cette vie nouvelle, seul ? Comme si l’Evangile racontait la belle et forte aventure de Jésus de Nazareth, une « aventure perso » : le Fils de Dieu, après une visite de quelques années parmi les hommes, leur a délivré un beau message, puis s’en est retourné, seul, vers son Père. Visite terminée, à nous de jouer !…
Nous l’aurons deviné, non. Son dessein, son œuvre, était et demeure infiniment plus grand : NOUS avons été emporté avec Lui au tombeau pour que NOUS partagions désormais sa Vie nouvelle de ressuscité. Oui, une résurrection comme la sienne nous a été acquise !
Nous l’avons dit tout au long de ces trois jours saints, le Fils-de-Dieu fait homme n’est pas « l’homme d’un moment », le héros-sauveur-influenceur-séducteur d’un moment, non, le Fils-de-Dieu fait homme, Jésus-Christ, est un homme de parole, et de parole tenue. Il EST la Parole et la Parole tenue, la Parole éternelle, le Verbe de Dieu, le verbe fait chair, qui a pris notre chair, c’est à dire notre humanité si fragile, si éphémère, si tiraillée, traversée de part en part par des peurs, rebelle à accueillir avec confiance la vie comme un Don de son Créateur.
C’est avec toutes les pesanteurs de nos cœurs de pierre qu’il est crucifié, Jésus, pour que désormais nos duretés de cœurs n’aient plus le dernier mot. Pour que nous soyons, grâce à lui, un homme nouveau, vivant DE sa Vie plus forte, DE son Esprit qui est son souffle divin.
Ayant répondu au mal par le bien, le Christ est désormais définitivement le dernier mot, ce bien comme réponse au mal, c’est à dire son Amour qui est « de toujours à toujours ».
Le « prince de ce monde » qui est cet esprit malin, cet esprit de la tromperie, des fausses grandeurs, des mensonges pour accabler, faire désespérer, cet esprit malin et malicieux, n’est pas le plus fort, et c’est un fait acquit !
En dépit des apparences, en dépit des déchaînements de violence qui peuvent encore tuer les corps, un mot, un cri, un nom sauve de la mort éternelle : Jésus-Christ sauveur, Agneau vainqueur.
Désormais, nous pouvons exalter avec le psalmiste ( Ps 29) :
Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie.
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie.
Que mon coeur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi,
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce!
Père Marc Haeussler