La Victoire de la Vie

La Victoire de la Vie

La Victoire de la Vie

« Christ est ressuscité des morts. Par la mort, il a écrasé la mort. À ceux qui étaient au tombeau, il a rendu la vie. » Alléluia ! Alléluia !

Frères et sœurs, nous voici au matin de la fête de la Résurrection du Seigneur. En pensant à ce que je souhaitais vous dire ce matin, il m’a semblé qu’il fallait aller au plus simple. Nous avons vécu des célébrations très riches ces derniers jours. De plus, voici que s’ouvre le temps pascal, où nous aurons amplement le temps de goûter les différentes facettes de la Résurrection.

La Résurrection, c’est bien sûr le grand oui du Père à tout ce que Jésus avait dit et fait : oui, cet homme a vraiment parlé de la part de Dieu ; oui, cet homme est vraiment le Fils de Dieu et Dieu lui-même.

La Résurrection, c’est aussi l’accomplissement des promesses de l’Ancien Testament : Dieu est fidèle à sa promesse et à son alliance.

La Résurrection, c’est encore l’ultime libération, la libération du péché. Aussi sûr que la pierre n’a pu retenir le Christ au tombeau, nos péchés peuvent être brisés pour que nous soyons unis à Dieu. En même temps, la Résurrection nous assure que nous qui avons été unis au Christ par le baptême, nous sommes adoptés comme fils et filles de Dieu. Nous vivons déjà de la vie divine.

La Résurrection de Jésus, c’est enfin la source et la promesse de notre propre résurrection : à tout homme, à toute femme, il est offert de vivre pour toujours de cette vie qui déjà resplendit en Jésus.

 Tout cela, frères et sœurs, nous aurons tout le temps pascal pour le redécouvrir. Retenons simplement une chose pour aujourd’hui : la Résurrection, c’est la Victoire de la Vie. À condition toutefois d’écrire « Victoire » et « Vie » avec des V majuscules.

Car la Vie est bien plus que la vie dont nous faisons l’expérience. C’est bien plus que la vie biologique des plantes et des animaux : se nourrir, se reproduire, durer dans le temps. Même si un jour la médecine pouvait prolonger indéfiniment la vie biologique, cela empêcherait les hommes et les femmes de mourir, mais cela ne les rendrait pas forcément heureux.

La Vie, c’est même plus encore que cette vie que nous avons ici, avec les relations que nous tissons. La Vie avec un grand V, c’est une vie d’une telle qualité, d’une telle plénitude, que toute autre vie, à côté d’elle, ressemble à une mort.

La Vie, c’est une vie sur laquelle la mort n’a plus aucun pouvoir. Nous qui sommes ici, nous savons que nous sommes tous vivants et que nous allons tous mourir. Le Ressuscité, lui, vit d’une Vie qui ne connaîtra jamais de fin. Dans la première lecture, saint Pierre rappelle que Jésus, en Galilée et en Judée, était habité d’une puissance de vie telle qu’il guérissait les malades, chassait les démons et ramenait les morts à la vie. Il fallait la passion, la mort et la résurrection pour manifester que cette vie qui était en Jésus était la Vie.

Car la Vie, c’est tout simplement la Vie de Dieu, celle qui circule de toute éternité entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint, cette Vie qu’est Dieu lui-même, cette Vie dont saint Jean disait en parlant de Jésus : « Oui, la Vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. »

 Et la Victoire ? Il faut aussi l’écrire avec un V majuscule. D’abord pour dire que ce n’est pas une petite victoire, une victoire à l’arraché, une victoire sur le fil, une victoire aux tirs aux buts. La Victoire de la Vie, c’est une victoire large, sans appel, totale, absolue, incontestable, définitive. Christ est ressuscité des morts. Par la mort, il a écrasé la mort.

La Victoire du Seigneur Jésus est si totale qu’elle déborde. La Résurrection n’est pas que la victoire de Jésus ; elle est aussi la nôtre. Descendu au séjour des morts, le Ressuscité en remonte victorieux, entraînant dans son élan tous les hommes justes qui avaient vécu avant lui, ouvrant une voie pour tous ceux qui vivront après lui. La création tout entière se réjouit du triomphe du Seigneur.

La Victoire du Seigneur Jésus se répercute dans toute l’histoire humaine, dans chacune de nos histoires. Chaque fois qu’un homme ou une femme remporte une victoire sur le péché, chaque fois que quelqu’un opte pour la foi, l’espérance et la charité, chaque fois qu’un mourant s’endort dans la mort et s’éveille à la vraie Vie, c’est un écho de la Victoire du Seigneur dans sa vie.

La Victoire du Seigneur Jésus est absolument certaine. Quelles que soient les forces de mort à l’œuvre dans notre monde, quelle que soit leur effrayante puissance de destruction, nous croyons et nous affirmons que la Vie a déjà gagné. « Car notre agneau pascal a été immolé : c’est le Christ », nous disait saint Paul à l’instant. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, que nous communions à son corps et à son sang, nous réaffirmons notre foi en la Victoire de la Vie. Comme l’écrivait saint Jean-Paul II en 1995 dans son encyclique l’Évangile de la Vie, « [Le sang du Christ] est justement la raison la plus forte d’espérer et même le fondement de la certitude absolue que, selon le plan de Dieu, la vie remportera la victoire. »

 Aujourd’hui, frères et sœurs, la Vie a remporté la Victoire ! Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Alléluia !

Père Alexandre-Marie Valder