Je crois à la rémission des péchés
Je crois à la rémission des péchés
Frères et sœurs, parmi les thèmes communs aux lectures d’aujourd’hui, j’ai relevé celui du péché. Dans les Actes des Apôtres, après avoir dit leurs quatre vérités aux hommes d’Israël, Pierre conclut en disant : « Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. » Dans sa lettre, Jean nous exhorte à éviter le péché et en même temps nous assure que nous avons en Jésus un défenseur dont le sacrifice nous obtient le pardon de nos péchés.
Ces paroles des deux Apôtres trouvent leur origine dans la rencontre bouleversante avec le Ressuscité au soir de Pâques. Jésus leur a donné la paix , il leur a montré ses plaies, a ouvert leur intelligence et leur a dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins. »
Sans doute l’avez-vous déjà remarqué : dans l’Église, lorsque nous parlons du péché, c’est toujours sous la forme d’une Bonne Nouvelle. Dans le Credo, nous disons que nous croyons à la rémission ou bien au pardon des péchés. Dans le Gloria ou l’Agnus, nous chantons que le Christ enlève les péchés du monde.
Ainsi, s’il n’y avait qu’une seule chose à retenir aujourd’hui, ce serait ceci : le péché, c’est ce que Dieu pardonne. Le péché a donc à voir avec Dieu et aussi avec le pardon.
Le péché a à voir avec Dieu ; il n’est pas seulement une faute, un écart par rapport aux règles de la société. Ce qui est légal et de bon ton peut être un péché, et inversement. En contemplant les plaies du Ressuscité, Pierre, Jean et les autres disciples ont fait ce constat bouleversant : le mal commis par les humains atteint Dieu dans sa chair, il lui transperce le cœur. Il n’est pas anodin que le Seigneur se soit si souvent présenté sous les traits du père rejeté par ses enfants ou de l’époux trahi par son épouse. En lui-même, Dieu ne peut pas souffrir, évidemment. Toutefois, en tant qu’il se livre dans une relation, en tant qu’il court le risque de l’amour, Dieu s’expose à être violemment rejeté.
Chaque homme, chaque femme, est créé pour être aimé et pour aimer. Jean l’écrit à la fin de notre deuxième lecture : « En celui qui garde [la parole de Jésus], l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection. » Pécher, c’est refuser l’amour, c’est refuser Dieu lui-même. Lorsque Dieu pardonne les péchés, il fait bien plus que passer avec superbe et grandeur d’âme sur des écarts de conduite : il ne fait rien de moins que redonner l’être et la vie à ceux qui avaient choisi le néant et la mort.
En effet, frères et sœurs, Dieu pardonne les péchés. Et j’insiste : Dieu pardonne les péchés ; il ne les excuse pas. Dans sa diatribe de la première lecture, Pierre est très clair : vous avez livré Jésus, vous l’avez renié, vous l’avez tué. Pas les grands prêtres, pas les pharisiens, pas les Romains, pas les gens : vous. Si Pierre peut se le permettre, c’est parce qu’il sait qu’il n’est pas meilleur que les autres : lui aussi a pris part à la mort de Jésus. Le premier, il est passé par l’expérience de l’aveu et du pardon des péchés.
Aujourd’hui nous confondons excuse et pardon. Lorsque nous avons offensé quelqu’un, nous lui disons plus facilement « je m’excuse » que « je te demande pardon ». Quelqu’un a-t-il fait le mal ? Il faut l’excuser, ce n’est pas de sa faute : il est jeune, c’est la société, c’est l’alcool, ce sont ses fréquentations, ce sont les médias ou les jeux vidéos. Et si l’on ne parvient pas à l’excuser, alors aucun pardon n’est possible ; c’est fini pour lui : il est marqué à jamais, enfermé dans sa faute.
Il n’en va pas ainsi avec Dieu. Dieu n’excuse rien : à moi de reconnaître ma part de responsabilité dans le mal que j’ai commis. Avouer ses torts, dire « j’ai mal agi », c’est l’un des signes auxquels on reconnaît une personne adulte, mûre, responsable. C’est le premier pas vers le pardon des péchés. Dieu n’excuse rien, et il pardonne tout.
En effet, nous chrétiens, nous croyons au pardon des péchés. Il n’y a aucun péché qui ne puisse être pardonné, sauf celui de refuser de recevoir le pardon. Dieu pardonne tout, il pardonne toujours, il pardonne sans se lasser : tant que nous ne nous lassons pas de demander pardon, nous sommes assurés de le recevoir, toujours, à chaque instant.
Car je dois vous dire, frères et sœurs, que le pardon des péchés est toujours d’actualité. Dans sa lettre, Jean s’adresse sans doute à des chrétiens qui n’ont pas connu Jésus. Pour eux comme pour nous, la mort et la résurrection appartiennent au passé. Et pourtant c’est au présent qu’il leur parle du pardon des péchés : « Mes petits enfants, je vous écris cela pour que vous évitiez le péché. Mais si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés. »
Instruit par sa rencontre avec Jésus Ressuscité, Jean nous exhorte à la fois à la vigilance et à la confiance. Impossible pour un chrétien de vivre avec insouciance comme si le péché était sans importance. Il ne doit pas non plus désespérer du pardon. Il y a 2000 ans, une fois pour toutes, le Seigneur Jésus a obtenu le pardon de nos péchés par sa mort et sa résurrection. Le pardon des péchés a rejoint chacun de nous le jour de son baptême. Le pardon de nos péchés ne cesse pas de nous rejoindre. Chaque fois que nous confessons nos péchés au début de la messe, chaque fois que nous célébrons le sacrement du pardon, nous nous exposons à la puissance transformante du pardon.
Frères et sœurs, le temps pascal est un temps privilégié pour évoquer le péché, qui est ce que Dieu pardonne. Puisque le péché coupe de la vie, le pardon offert par le Ressuscité est une véritable résurrection. Depuis la résurrection du Christ, la porte du pardon est toujours ouverte. Alors ne nous lassons pas de demander pardon, de recevoir le pardon et d’offrir le pardon. Amen.
Père Alexandre-Marie Valder