Homélie du 22 novembre 2020
L’avez-vous remarqué ?
Jésus-Christ, dans sa courte vie, pour ainsi dire, n’a pu offrir « que » sa présence. Mais quelle présence !
Expliquons-nous.
Tout fils de Dieu qu’il est, Jésus, dans sa vie d’homme, incarné comme nous, n’a pas été magicien, omniprésent du nord au sud d’Israël, encore moins de l’est à l’ouest du monde de l’époque, de l’empire romain.
Certes, Jésus, ici et là, a guéri. « Ému de compassion » envers les foules sans pasteurs, sans vraie nourriture, il a guéri et nourri. Mais il ne l’a fait ni « en bon prince », ni en guérisseur doté d’un don d’ubiquité, ni en gourou fascinant.
L’œuvre du Fils de Dieu est celle qu’il partage avec le Père des cieux : délivrer les captifs qui vivent en esclaves du mal, en partageant leur vie pour mieux leur faire traverser ce passage douloureux vers la Vie Nouvelle, douloureux de tous ces deuils de nos anciennes habitudes aveuglantes.
Le Fils de Dieu n’accomplit pas cette œuvre par le pouvoir tel que les hommes l’entendent la plupart du temps. Il n’a pas besoin de dominer.
Au contraire, il se fait serviteur, il se met à notre hauteur, et même à hauteur d’hommes à terre. Il souffre avec. Jusqu’à recueillir notre souffle fatigué, et même jusqu’à notre dernier souffle.
« Mouillant ainsi sa chemise », il fait autorité. Il n’a pas besoin de la revendiquer. Ni par un sceptre, ni par des cavaliers. « Le Christ, combien de divisions ? » Aucune.
Voilà de quelle manière il est roi, Jésus-Christ. Sa dépossession est une puissance. Son don total est la vraie puissance, la seule porteuse de cette Eau Vive jaillissante en vie éternelle. C’est un Agneau bien singulier parmi les loups : lui seul est porteur d’une vie indestructible, car venant « d’en haut », de son lien éternel avec le Père, dans ce Souffle qu’est l’Esprit.
Le pouvoir selon Dieu, à la différence de celui des hommes, se remet totalement. Loin de toute accaparement.
Le fils remet entre les mains du Père la création toute entière qu’il est venu « ramasser », assumer, en vue de l’accomplir.
Dieu, l’éternel Innocence, nous demande de l’accueillir. Il le fait tel un mendiant à la porte des cœurs. Mendiant néanmoins fin connaisseur de ces mêmes cœurs complexes, souvent malades.
Pas étonnant qu’Il nous demande de l’aider dans sa tâche ! Car en nous demandant de visiter les malades, les prisonniers, de couvrir celui qui est nu, etc… Ne nous demande-t-il pas de signifier sa présence, de révéler sa présence – déjà là – dans ces cœurs meurtris, affamés, refroidis, que ceux-ci soient cachés ou visibles ?
Voilà quelle est son autorité, à Jésus. La vraie : celle qui vise à « faire grandir » quelqu’un.
Un tel « roi », oui, est digne de foi. N’est-ce pas ainsi que nous sommes appelés à être « rois » nous aussi par notre baptême ? Laissons-le nous rassembler en un seul peuple, un peuple de rois !
Marc Haeussler, curé