A l’abri de toute épreuve ?
Ce dimanche nous unit à la fois au triomphe de Jésus acclamé par les foules munies de rameaux et aussitôt après à la cruelle épreuve de la passion. Ici-bas, aucun homme n’est à l’abri de l’épreuve, pas même les chrétiens, pas même les saints, pas même Jésus.
Or, depuis quelques mois, les nouvelles formulations des prières nous obligent tous à nous interroger. Pourquoi commençons-nous par reconnaître nos péchés avant de célébrer l’eucharistie ? Que signifie que le Fils est consubstantiel au Père ? Comment l’assemblée s’associe-t-elle au sacrifice offert par le prêtre ? Qu’est-ce que ce « repas des noces de l’Agneau » auquel nous sommes invités ?
C’est notamment la nouvelle version de l’embolisme (la prière qui suit et développe le Notre Père), plus fidèle au texte original, qui soulève des étonnements, voire des indignations :
« Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps : soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve, nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur. »
A l’abri de toute épreuve ? Comment !? Un chrétien qui souffre serait-il donc un mauvais chrétien ? Bien sûr que non !
Un indice peut nous mettre sur la voie d’une juste interprétation : l’embolisme parle aussi d’être libérés de tout péché. Or, nous savons bien qu’ici-bas nous ne serons jamais libérés de tout péché. Le juste tombe sept fois mais se relève (Pr 24,16) et c’est notre lot à tous en cette vie : pécher et nous laisser réconcilier par le Seigneur, particulièrement dans le sacrement du pardon.
C’est seulement au ciel que nous serons fixés dans le bien pour de bon, assurés de ne plus pécher.
Le temps futur désigné par cette prière, ce n’est pas la semaine prochaine ; c’est le ciel où nous parviendrons un jour, soutenus par la miséricorde du Seigneur, et où nous serons, vraiment et pour toujours, libérés de tout péché et à l’abri de toute épreuve.
Alexandre-Marie Valder, prêtre