Charles de Foucauld
Jeune officier fêtard, courageux combattant, explorateur audacieux, et ensuite trappiste, ermite à Nazareth, puis prêtre au Sahara, touareg parmi les touaregs, frère universel, Charles de Foucauld meurt en 1916 à l’âge de 58 ans, d’une balle tirée par un adolescent pris de panique : qui est cet homme dont la jeunesse se passe à Nancy et dont on a dit qu’il était, avec la petite Thérèse de Lisieux, un phare pour notre époque ?
Un trajet ô combien sinueux et contradictoire, du moins en apparence !
Une enfance meurtrie : il perd successivement sa mère et son père à l’âge de 5 ans et demi, et n’aura de cesse qu’il n’ait trouvé un port d’attache sûr, à l’abri de la séparation.
Une éducation empreinte de la foi la plus fervente : cette foi, il la perd dès les lendemains de sa première communion (à la Cathédrale de Nancy), sous l’influence de ses lectures et de ses professeurs du Lycée National (futur Poincaré), pétris du rationalisme scientiste de l’époque.
Un engagement militaire longtemps doublé d’une vie de plaisirs ; mais l’appel du clairon, lors des combats en Tunisie ; la passion du géographe, dans le Maroc interdit, et, au terme de cette quête douloureuse, la rencontre d’un prêtre inspiré, l’abbé Huvelin, qui, alors qu’il est venu demander un enseignement, l’invite à s’agenouiller et à se confesser…
Commence alors la grande aventure intérieure, sous le souffle mystérieux de l’Esprit : l’unique but est désormais pour lui d’aimer et d’imiter Jésus, dans l’abaissement de sa vie cachée à Nazareth – un Nazareth qu’il choisira de vivra, lui, auprès des plus délaissés. Au bout de six ans, le moine trappiste se mue en ermite, mais un ermite sans clôture, disponible au tout venant, vivant la plus étroite proximité avec les plus pauvres : les touaregs, leurs esclaves…, un ermite missionnaire se résolvant à n’être apôtre que par la présence, la bonté, la célébration et le rayonnement de l’Eucharistie.
Un siècle a passé, mais ce qu’il a semé dans l’obscurité a germé, au point que les derniers papes n’ont pas manqué de souligner la voie nouvelle que l’ermite du Sahara a ouverte à l’Eglise d’aujourd’hui. Cette voie, la canonisation de frère Charles, ce 15 mai, en est l’ultime consécration.
Pierre Gille, Saint-François-de-Sales