Croyons-nous à la victoire de la vie sur la mort et osons-nous en témoigner ?

Croyons-nous à la victoire de la vie sur la mort et osons-nous en témoigner ?

« Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice. »

Voici quelle est la proclamation de foi de Pierre, le jus concentré de l’Evangile, ce qu’on appelle le kérygme. Être chrétien, c’est croire au Christ Crucifié et Ressuscité, c’est faire sien le kérygme. Et faire sien le kérygme, c’est l’intérioriser sans le déformer, l’intégrer sans l’affadir, et aussi le faire transparaître dans nos œuvres.

Trois questions peuvent servir de pierres de touche pour vérifier notre foi en la Résurrection. Si nous croyons Jésus vivant, est-ce que nous cherchons à le rencontrer ? Si nous croyons que le Crucifié est aussi le Ressuscité, sommes-nous convaincus que Dieu peut vraiment transformer le mal en bien ? Si enfin nous croyons à la victoire de la vie sur la mort, osons-nous en témoigner ?

 Est-ce que nous cherchons à rencontrer le Ressuscité dans notre quotidien ?

Si nous sommes convaincus que Jésus est vivant aujourd’hui et qu’il désire notre présence, répondons-nous à son appel ? Pierre et ses compagnons ont rencontré Jésus sur le rivage de la mer, là où ils pratiquaient leur activité de pêcheurs. Soyons-en bien sûrs : notre vie quotidienne ne nous empêche pas de rencontrer Jésus. Bien au contraire, elle est le lieu privilégié pour faire l’expérience du Ressuscité. Comment ?

Lorsque le disciple que Jésus aimait voit Jésus sur le rivage, il le reconnaît : « C’est le Seigneur ! » Reconnaître Jésus dans notre vie quotidienne est l’affaire d’un regard d’amour : un regard attentif à chercher la présence de Jésus, un regard qui relit la vie pour y discerner comment Jésus y a agi, un regard qui s’émerveille et qui célèbre, comme dans le psaume : « Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie ! Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi ; et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce ! »

Ce regard d’amour s’exerce. Cela demande de prendre du recul dans la vie quotidienne, d’être fidèles aux rendez-vous de la prière, de la vie liturgique et sacramentelle. Très concrètement, nous savons que Jésus nous attend lorsque nous méditons la Bible, lorsque nous faisons silence pour écouter sa voix, lorsque nous venons adorer l’Eucharistie ou y communier, lorsque nous le laissons nous relever dans le sacrement du pardon. Comme les apôtres, lorsque nous expérimentons la sécheresse, la stérilité et l’échec d’une pêche infructueuse, c’est sans doute que le moment est venu de revenir à Jésus et de le laisser nous redonner la fécondité et la joie.

 Le Crucifié est le Ressuscité : la mort scandaleuse du Fils de Dieu a débouché sur le triomphe de la vie éternelle. Sommes-nous profondément convaincus que la puissance de Dieu sait transformer le mal en bien, le pire en meilleur ? Vivons-nous comme des personnes qui savent que la mort ne saurait avoir le dernier mot ?

La résurrection de Jésus nous l’assure : la mort ne l’emportera pas au paradis. A la fin, tout s’achèvera dans la célébration et la louange, comme l’aperçoit saint Jean dans la vision que nous rapporte l’Apocalypse.

La première lecture nous montrait les Apôtres en butte à la contradiction et même souffrant pour le nom de Jésus. « Ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. » Pierre et ses compagnons en sont sûrs : les épreuves n’auront qu’un temps, et même elles sont le chemin de la vie éternelle. La vie chrétienne n’est pas un chemin semé de roses. Nous le savons cependant : comme pour Jésus, nos croix petites ou grandes nous ouvrent les portes du ciel. Ce doit être pour nous une occasion de joie profonde.

 « Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint,

que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. » » L’Evangile ne nous est pas donné pour notre petit confort personnel. S’il nous semble que notre foi s’affadit, c’est peut-être que nous n’osons pas suffisamment en témoigner. Trouver les mots pour dire la foi, c’est déjà chercher à la fortifier.

Ceux que le livre des actes nous montre en train d’annoncer hardiment l’Evangile sont les mêmes qui ont rencontré Jésus au bord du lac. Evangéliser, c’est dire à ceux qui ne le connaissent pas ce que Jésus a dit, ce qu’il a fait, de façon à ce qu’ils le sachent et qu’ils sachent que nous en sommes sûrs. Les apôtres témoignent de ce qu’ils ont vu et entendu auprès de lui. Ils ne professent pas une idée, ils racontent une personne.

Et nous ? Sommes-nous capables d’identifier, de raconter notre vie avec Jésus, ce dont nous avons été témoins. Nous en serons capables si et seulement si nous avons honoré ces rendez-vous quotidiens de la prière, si nous avons cherché à relire son passage dans notre vie.

 Je conclus. Frères et sœurs, la foi en la résurrection est-elle profondément ancrée en nous ? Cherchons-nous à rencontrer Jésus vivant aujourd’hui dans la prière, la parole et les sacrements ? Sommes-nous convaincus que la vie est victorieuse et que la mort n’est plus qu’un chien qui grogne ? Sommes-nous soucieux enfin de dire notre foi, de la faire partager à ceux qui ne connaissent pas encore la joie de l’Evangile ?

 

Alexandre-Marie, prêtre