Désert et multitude (édito du 06 décembre 2020)

Désert et multitude (édito du 06 décembre 2020)

Les Écritures n’ont pas peur de la contradiction. Quand nous lisons cette phrase d’Isaïe : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion » (Is 40, 9), il nous apparaît que le messager ne se voit pas offrir le chemin le plus direct ni le plus facile… Et quand dans le même texte, où sont soulignés les rudes reliefs du désert où languit Israël exilé : « terres arides », « ravins », « montagnes et collines », « escarpements », nous voyons surgir sans crier gare la silhouette du berger qui tendrement « rassemble les agneaux, les porte sur son cœur, mène les brebis qui allaitent », nous sommes quelque peu surpris ! Bien sûr nous sommes invités à y tracer une route droite, à combler, niveler… Si le lieu informe apparaît un jour transformé en un séjour paradisiaque, « fleurissant comme la rose, couvert de fleurs des champs », nous comprenons que cette métamorphose ne se fait pas sans nous, qu’elle est le fruit de tout un travail de conversion.

Une autre contradiction s’offre à notre méditation : ce « désert » évoqué à deux reprises par les textes du jour, comme il se remplit soudain : « Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem… » ! Cela, tous les hommes qui pratiquent de près les espaces désertiques (un Charles de Foucauld par exemple) en font l’expérience : le désert est un lieu habité : le moindre signe, tout y annonce, tout y prépare la rencontre. La rencontre du divin, la rencontre de l’autre, connu ou inconnu.

Comme on le voit avec la prédication de Jean-Baptiste, quand Dieu crie dans le désert, celui-ci se peuple, des foules accourent. Pourquoi ? Parce que la Parole de Dieu crée la vie là où il n’y avait que solitude, désespoir, aridité. Cette Parole, c’est le Christ. Au désert image de notre condition terrestre désolée se substitue celle de la multitude réconciliée.

Équipe liturgique de St François de Sales, en écho à Vivre la messe du dimanche