Les sacrements, une école d’humilité
Lorsque nous lisons la parole de Dieu, seuls ou en groupe, la tentation est forte de chercher « le sens du texte », le « message caché » derrière cette parabole un peu absconse. Pour peu qu’un prêtre soit présent, on lui demande « de nous expliquer ce que la Bible veut dire en disant cela ».
Il y a bien sûr du bon dans cette démarche. Il y a aussi un travers : on se dit que, d’une certaine façon, une fois le message décodé, on pourra ranger sa Bible et passer à autre chose. À l’extrême, mais ce n’est pas si rare, on dit : « Le but de la prière, de la Bible et de la messe, c’est d’aimer son prochain. Moi, c’est bon, j’aime mon prochain, donc je peux me passer du reste. »
Or il en va du Seigneur comme du laboureur de la fable de La Fontaine. Le trésor n’est pas quelque chose que l’on trouve en labourant le champ. Le trésor, c’est de labourer le champ. Le but de la prière, de la méditation de la Bible, de la participation aux sacrements, c’est la rencontre toujours renouvelée avec le Seigneur.
Les sacrements nous rendent humbles en dénonçant notre tentation orgueilleuse d’établir une connexion directe avec le divin.
Pour ceux qui croient que Dieu s’est rendu accessible en son Fils Jésus et par le don de son Esprit, il n’est pas d’autre voie que l’humble école des sacrements. C’est l’eau du baptême qui nous fait entrer dans la vie de Dieu. C’est la réception renouvelée du pain eucharistique qui nous y fait croître. C’est la parole du ministre du pardon qui la ranime lorsque nous l’avons laissé s’éteindre. La connexion directe avec Dieu qui nous dispenserait de ces humbles médiations n’existe pas.
Rien que de très humain là-dessous en réalité. Y a-t-il connexion directe entre amis, entre époux, entre parent et enfant ? Non sans doute, rien que de pauvres paroles et d’humbles gestes d’amour qui réalisent ce qu’ils signifient : « Tu es là. Je suis là. Nous sommes ensemble. Tu es précieux. Tu comptes pour moi. Je prends soin de toi. Je t’aime. »
Alexandre-Marie Valder, prêtre