Soyez saints !
Les lectures de ce jour mettent la barre très haut. 1ère lecture : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » Evangile : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Ma 1ère réaction : la sainteté, ce n’est pas pour moi ! Et pourtant…..
Oui, nous pouvons être saints. Et non, il ne faut pas se « mettre la pression » pour le devenir.
Oui, nous pouvons être saints. C’est ce que nous disent des personnalités illustres.
Ecoutons Saint François de Sales : « Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la sainteté. »
« C’est une erreur, et même une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote (= la vie avec Dieu, en Dieu) de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés. »
A l’époque de Saint François de Sales, c’était révolutionnaire. Il y avait le clergé d’un côté, qui s’occupait de l’Eglise, du culte, des sacrements, de l’Ecriture Sainte. Et les laïcs d’un autre côté, qui étaient spectateurs. Saint François de Sales donne aux laïcs toute leur place de baptisés dans la vie spirituelle et dans le chemin vers la sainteté.
Ecoutons aussi le Pape François. Il a consacré tout un livre à « L’appel à la sainteté dans le monde actuel » (Gaudete et Exsultate). En voici quelques passages, avec des exemples de la vie quotidienne.
« J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’.»
« Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. »
« Cette sainteté à laquelle le Seigneur t’appelle grandira par de petits gestes. Par exemple : une dame va au marché pour faire des achats, elle rencontre une voisine et commence à parler, et les critiques arrivent. Mais cette femme se dit en elle-même : « Non, je ne dirai du mal de personne ». (Ça n’arrive jamais aux hommes !!!) Voilà un pas dans la sainteté ! Ensuite, à la maison, son enfant a besoin de parler de ses rêves, et, bien qu’elle soit fatiguée, elle s’assoit à côté de lui et l’écoute avec patience et affection. Voilà une autre offrande qui sanctifie ! Ensuite, elle connaît un moment d’angoisse, mais elle se souvient de l’amour de la Vierge Marie, prend le chapelet et prie avec foi. Voilà une autre voie de sainteté ! Elle sort après dans la rue, rencontre un pauvre et s’arrête pour échanger avec lui avec affection. Voilà un autre pas ! »
« Quand le Cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân était en prison (13 ans au Vietnam), il avait renoncé à s’évertuer à demander sa libération. Son choix était de vivre « le moment présent en le comblant d’amour » ; et voilà la manière dont cela se concrétisait : ‘’Je saisis les occasions qui se présentent chaque jour, pour accomplir les actes ordinaires de façon extraordinaire’’ »
Oui, nous pouvons être saints. Et non, il ne faut pas se « mettre la pression », se crisper, en se disant : je dois être saint !
Là encore, écoutons Saint François de Sales, parler de la douceur envers soi-même. « Bien qu’il soit naturel que nous soyons mécontents et confus quand nous commettons une faute, encore faut-il que nous nous gardions d’en avoir un mécontentement aigre, chagrin et coléreux. Font une grande faute ceux qui, s’étant mis en colère, s’emportent de s’être emportés. » On tombe dans le cercle vicieux.
« Les remontrances d’un père, faites doucement et affectueusement, ont bien plus de force pour corriger un enfant qu’elles n’en auraient faites avec colère. »
Et puis, dans ce chemin vers la sainteté, il nous faut marcher aussi avec douceur. Sans se précipiter. Le Cardinal Newman, proclamé saint récemment par le pape François, a écrit cette belle prière :
Conduis-moi, douce Lumière,
A travers les ténèbres qui m’encerclent.
Conduis-moi, Toi, toujours plus avant!
La nuit est d’encre
Et je suis loin de la maison:
Conduis-moi, Toi, toujours plus avant!
Garde mes pas, je ne demande pas à voir déjà
Ce qu’on doit voir là-bas :
Un seul pas à la fois
C’est bien assez pour moi.
Il ne faut pas se mettre la pression avec des tas de résolutions que l’on ne tiendra pas. Et nous serons découragés. C’est d’ailleurs ce que veut l’esprit du mal : le découragement, qui entraîne la tristesse, qui entraîne l’inaction etc…
Le Carême approche, nous allons prendre des résolutions pour marcher sur le chemin de la sainteté, et la douceur envers soi-même peut nous y aider :
un seul pas à la fois,
c’est bien assez pour moi.
Antoine Mériaux, diacre