« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.” 

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.” 

« Voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : “Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.” » Ce titre d’Agneau de Dieu donné à Jésus, nous le réentendons. À chaque messe, nous chantons « Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde… » et, juste avant la communion, le prêtre dit : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde, heureux les invités au festin des noces de l’Agneau. » Qu’est-ce que cela signifie ?

L’Agneau de Dieu, c’est d’abord l’Agneau de la Pâque.

Rappelons-nous : au temps de l’Exode, le Seigneur a délivré son peuple esclave en Egypte. Un fléau parcourait le pays d’Egypte et frappait les premiers-nés. Sur l’ordre du Seigneur, en signe de l’Alliance, les familles d’Israël avaient marqué leurs portes avec le sang des agneaux sacrifiés. Alors le fléau passait par-dessus les maisons marquées du sang et les épargnait. Chaque année depuis plus de 3000 ans, et encore aujourd’hui, les juifs commémorent cet événement en célébrant la Pâque. On mange de l’agneau rôti au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. On marque le bois des portes de son sang et on ne doit pas en briser les os.

Au début de l’évangile de Jean, nous venons de l’entendre, Jésus est appelé l’Agneau de Dieu. À la fin de l’évangile, c’est la veille de la Pâque, alors qu’à Jérusalem on sacrifie les agneaux, que Jésus verse son sang sur le bois de la croix, sans que ses os ne soient brisés.

L’évangile de Luc aussi fait le lien entre la vie offerte de Jésus et le sacrifice pascal en mémoire de l’Alliance. « Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit : “J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu… Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.” »

Jean, Luc, mais aussi Pierre et Paul disent explicitement que Jésus est le véritable Agneau de la Pâque. « Vous le savez, écrit Pierre, ce n’est pas par des biens corruptibles… que vous avez été rachetés… mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ. »

Autrefois, il s’agissait de délivrer Israël de l’esclavage en Egypte sous la conduite de Moïse, de faire de lui le peuple de Dieu et de le faire entrer dans la Terre Promise. Aujourd’hui, c’est bien plus grand : c’est toute l’humanité qui doit être délivrée d’un esclavage plus terrible encore, celui du péché, qui doit devenir l’Église, le Corps du Christ, et entrer avec lui dans la Jérusalem nouvelle préparée par Dieu au Ciel. Dans l’apocalypse, saint Jean écrit : « l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

Jésus est à la fois l’Agneau et le Pasteur. Il est en même temps celui qui marche avec nous, au même pas que nous, et celui qui conduit et montre le chemin. Et si Jésus est vraiment le Bon Pasteur, c’est parce qu’il a accepté d’être l’Agneau docile et muet, le vrai Serviteur du Seigneur.

Dans les Actes des Apôtres, il y a ce moment où Philippe rencontre un eunuque sur la route de Gaza. L’eunuque revient de son pèlerinage à Jérusalem et il lit à haute voix le livre du prophète Isaïe : « Comme une brebis, il fut conduit à l’abattoir ; comme un agneau muet devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche. Dans son humiliation, il n’a pas obtenu justice. Sa descendance, qui en parlera ? Car sa vie est retranchée de la terre. » Alors l’eunuque interroge Philippe : de qui le prophète parle-t-il ? Et Philippe, à partir de ce passage de l’Écriture, lui annonce la Bonne Nouvelle de Jésus.

En parcourant les Évangiles, nous voyons que Jésus est infiniment puissant pour lutter contre le mal et délivrer du péché. En même temps, Jésus est infiniment docile à la volonté de son Père. D’abord petit enfant impuissant à Bethléem, il est balloté jusqu’en Egypte puis à Nazareth. À Cana, c’est en quelque sorte Marie qui le force à se révéler au monde par le signe de l’eau changée en vin. Plus tard, Jésus dira de lui : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père. » Sa docilité le conduit jusqu’à la croix et au tombeau, et c’est précisément ainsi qu’il sauve le monde.

Disciples de Jésus, notre passe aussi par ce moment de remise entre les mains du Père. C’est un exemple que Jésus nous a donné, afin que nous ayons le courage de suivre jusqu’au bout ce chemin, un chemin de confiance totale et absolue dans le Père qui a promis de ne pas nous abandonner, un chemin d’amour total et absolu pour nos frères, sans jamais répondre par la violence, le dénigrement, l’amertume ou le découragement.

Jésus est l’Agneau de Dieu. Il est l’Agneau pascal dont le sang délivre des forces du mal. Il est l’Agneau muet et docile qui offre sa vie pour ses frères. Il est enfin l’Agneau triomphant dont parle Jean dans l’Apocalypse, cet Agneau dressé qui reçoit louange et honneur, gloire et souveraineté pour les siècles, cet Agneau devant qui tremblent les puissances du mal, cet Agneau qui célèbre des noces éternelles avec son Epouse, l’Église.

Tant d’hommes et de femmes ignorent encore qu’ils sont invités à ces noces. Tant d’autres ont remisé le carton d’invitation au fond d’un tiroir. Heureux sommes-nous, frères et sœurs, nous qui aujourd’hui avons répondu “présent” à cette invitation à partager dès cette vie le festin des noces de l’Agneau.

Père Alexandre-Marie Valder