Miséricorde du Seigneur
Lorsque je prépare des parents pour le baptême de leur enfant, nous parlons de la litanie des saints. Et certains parents sont étonnés de découvrir que ces saints et ces saintes que nous invoquons sont en fait des personnages historiques, des hommes et des femmes qui, à une époque donnée, ont été disciples du Christ comme moines, époux ou parents, esclaves, princes ou empereurs. Nous honorons la mémoire de personnes qui ont réellement marché avant nous sur le chemin de la foi.
Ce qui est vrai pour eux l’est d’autant plus pour Jésus lui-même. Les expressions « en ces jours-là » ou « en ce temps-là », qui ouvrent souvent les lectures nous le rappellent : c’est pour de vrai – comme disent les enfants – que Jésus a existé, qu’il a agi et parlé, qu’il est mort et ressuscité, qu’il a fait voir la miséricorde de Dieu. Rappelons-nous les mots de saint Jean que nous avons lus le Vendredi Saint : « Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. » Nous chrétiens, nous ne croyons pas en un message et nous ne pratiquons pas une sagesse : nous croyons en une personne, Jésus-Christ, et nous tâchons de l’imiter.
Ce n’est pas si évident. Hier comme aujourd’hui, beaucoup de gens ne veulent voir en Jésus qu’une figure symbolique. Lorsque saint Paul annonce l’Evangile à Athènes, on l’écoute volontiers. Et soudain, lorsqu’il affirme que ce qu’il raconte n’est ni un mythe ni une image, mais que cela s’est vraiment passé, que Dieu a vraiment fait miséricorde au monde à Jérusalem au jour de Pâques, il doit fuir sous les moqueries. Dans sa première lettre, saint Jean insiste : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage. » Et saint Ignace d’Antioche, au tout début du IIe siècle, témoigne : « Soyez pleinement convaincus de la naissance, et de la passion, et de la résurrection arrivée sous le gouvernement de Ponce Pilate. Toutes ces choses ont été véritablement et certainement accomplies par Jésus-Christ notre espérance. »
Au soir de la résurrection, Jésus a confié aux apôtres la mission d’être garants de la vérité historique de tout ce qui s’était passé. Si nous sommes réunis en ce dimanche pour célébrer la résurrection du Seigneur, c’est parce que nous croyons fermement que, un dimanche il y a 2000 ans, M. Pierre, M. Jean et les autres ont vu Jésus vivant et qu’ils ont transmis par oral et par écrit les œuvres de miséricorde du Seigneur pour que nous croyions « que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant [nous ayons] la vie en son nom. »
Alexandre-Marie, prêtre