Choisis la vie
« Violence et dévastation ! », « Passe derrière moi, Satan ! », « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix. » : le prophète Jérémie, comme le Seigneur Jésus, comme tous les hommes de Dieu, doivent parfois faire entendre des paroles désagréables. Dans tous les cas, l’objectif est le même : appeler à la conversion, à un changement d’attitude. En effet, la parole de Dieu de ce dimanche nous redit une parole de bon sens, une vérité toute simple que beaucoup ont oubliée : tout ne se vaut pas.
Tout ne se vaut pas : il y a des chemins qui mènent à la vie et d’autres non. C’est la raison pour laquelle saint Paul nous demande de « discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. » Encore aujourd’hui, le pape François continue d’encourager ceux qui suivent des chemins de vie et à avertir ceux qui s’en écartent.
Au long des lectures de cette semaine, nous avons entendu Jésus avertir, et même invectiver durement les scribes et pharisiens hypocrites. Aujourd’hui, c’est Pierre qu’il reprend vertement : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » C’est bien que tout ne se vaut pas.
J’ouvre une parenthèse : ce n’est pas parce que Jésus oppose les « pensées de Dieu » et les « pensées des hommes » que tout ce qui vient des hommes serait mauvais. Il y a d’un côté les pensées des hommes attentifs à Dieu, et d’un autre côté les pensées des hommes qui vivent comme si Dieu n’existait pas.
Frères et sœurs, nous sommes invités aujourd’hui au discernement, à reconnaître la volonté de Dieu dans nos vies, à identifier quel choix me fait prendre un chemin de vie et quel choix non. Comment reconnaître la volonté de Dieu ?
La volonté de Dieu n’est pas toujours ce qui est le plus agréable ici et maintenant. Regardez Jérémie qui se plaint car il doit affronter l’insulte et la moquerie, et Jésus qui avertit que celui qui veut le suivre devra expérimenter la croix.
Même si la volonté de Dieu n’est pas ce qui est le plus agréable ici et maintenant, nous savons cependant qu’elle mène à la vie véritable. Souvenons-nous : lors de la crise sanitaire, certains ont donné trop d’importance à la santé physique par rapport à la relation humaine. Cela partait d’une bonne intention, mais cela a causé des dégâts à long terme. Combien plus si l’on privilégie le bien-être immédiat par rapport à la relation avec Dieu.
Suivre Jésus n’est pas toujours agréable, mais ne tombons pas non plus dans l’excès inverse. Il y a des gens qui vivent comme si l’option la plus pénible était forcément la plus agréable à Dieu ; bien sûr que non !
Lorsque nous sommes devant un choix, petit ou grand, la seule question à se poser, c’est : qu’est-ce que Jésus ferait à ma place ? quel est le chemin de la vie véritable ? Discerner la volonté, c’est toujours choisir la vie.
En effet, comme je le disais au début, nous savons bien que tout ne se vaut pas. En cette vie déjà, faire le bien est le chemin le plus sûr de la joie. Dieu est joie ; celui qui, dès aujourd’hui, marche sur le chemin de Dieu goûte déjà quelque chose de la joie promise à ceux que Dieu appelle auprès de lui.
Par ailleurs, il nous faut aussi entendre cette parole de Jésus : « Le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. » Tout ne se vaut pas, et la valeur de nos choix de vie sera dévoilée lorsque nous paraîtrons devant le Seigneur.
Cette perspective, nous ne devons ni en avoir peur, ni non plus nous en moquer. C’est tout simplement une question de bon sens et de cohérence.
Je vous propose une image. Imaginons que le Ciel ne soit qu’un immense tournoi de football, un tournoi que nous passerions notre vie d’aujourd’hui à préparer. Si quelqu’un disait : « Je veux aller au Ciel, mais le foot n’est pas ma priorité dans la vie. Je ne veux pas toucher un ballon de foot, ni aujourd’hui, ni jamais. », que pourrait lui dire le Seigneur à part : « Ta place n’est pas ici, malheureusement. »
La vérité, c’est qu’au Ciel, on ne fera rien d’autre qu’aimer Dieu et notre prochain. Celui qui, dès aujourd’hui, s’exerce à aimer, se prépare à la vie éternelle. Au contraire, que dira donc le Seigneur à quelqu’un qui aura vécu sans tenir compte de Dieu ou du prochain ?
Frères et sœurs, il y a quelques décennies, beaucoup de chrétiens se laissaient porter par le courant. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. À nous de peser nos choix quotidiens à la balance de l’amour de Dieu. Ce n’est pas toujours facile, mais quelle aventure passionnante !
Au fond, une seule question se pose : est-ce que je veux, oui ou non, attacher mes pas à ceux de Jésus ?Concrètement, cela revient à ceci : est-ce que je veux apprendre à le connaître, à connaître ce qu’il aime, ce qui est bon à ses yeux ? est-ce que je veux le rencontrer quotidiennement dans la prière ? est-ce que je veux lire et méditer sa Parole ? est-ce que je veux aussi écouter la sagesse de l’Église lorsqu’elle dessine le juste chemin du bonheur pour l’être humain ?
Discerner, cela demande de bien connaître le Seigneur ET de bien se connaître soi-même. Dans ses catéchèses sur le discernement, le pape François nous invite à débrancher notre pilote automatique et à prêter à attention à ce qui passe dans notre cœur, ce qui me rend joyeux ou triste, ce qui accroît ou diminue l’amour en moi.
« Dieu nous invite à évaluer et à choisir, il nous a créés libres et veut que nous exercions notre liberté (pape François). » Tout ne se vaut pas ; choisis donc la vie !
Père Alexandre-Marie Valder, prêtre