Illuminés par le Christ, avançons dans la vie en enfants de lumière
Après avoir baptisé un enfant, le célébrant transmet à son parrain la flamme pascale en disant : « Recevez la lumière du Christ. » Au terme de la vie terrestre, nous retrouvons la flamme pascale transmise au défunt. Cette flamme, symbole de la foi au Christ mort et ressuscité pour nous, éclaire notre obscurité.
En recevant le cierge allumé à la flamme pascale, le parrain entend ces mots : « Recevez la lumière du Christ… veillez à l’entretenir. » Le cierge, il faudra bien l’éteindre tôt ou tard. Ce qu’il représente, c’est cela qu’il faut veiller à entretenir.
Dieu seul peut allumer dans une personne la lumière de la foi. Le Seigneur, le Dieu fidèle à qui l’on peut se fier et se confier, fait d’un homme ou d’une femme un « fidèle », quelqu’un qui a la foi. Quelle grâce et quelle dignité de pouvoir être appelé « fidèle », de porter le même nom que le Dieu fidèle.
La lumière de la foi se reçoit du Dieu fidèle. Charge à celui ou celle qui est devenu(e) fidèle de veiller à entretenir cette lumière de la foi. Pour les plus jeunes, cette responsabilité incombe aux parents, parrains et marraines. Très vite, cependant, il appartient à chacun de nourrir sa foi. Faute d’huile en effet, la foi s’éteint comme les lampes des vierges insouciantes de l’évangile.
Entretenir sa foi, cela demande bien sûr d’avoir une vie de prière personnelle et de faire de la messe le cœur battant de la semaine. C’est aussi se donner les moyens de mûrir intellectuellement dans la foi : certains posent des questions à un prêtre ou à un aîné dans la foi, d’autres lisent des magazines, des vies de saints, d’autres encore échangent avec d’autres chrétiens. On n’est jamais chrétien tout seul.
Lorsqu’on veille à l’entretenir, la lumière de la foi, comme une lampe, brille même dans l’obscurité la plus profonde. « Lumière dans notre obscurité, disons-nous aux funérailles, qu’elle éclaire ce pas que nous avons à faire pour repartir dans l’espérance. » « Que cet enfant, illuminé par le Christ, avance dans la vie en enfant de lumière et demeure fidèle à la foi de son baptême », dit le célébrant en remettant la lumière pascale au parrain. Comme la fiole de la reine Galadriel dans le Seigneur des Anneaux, la lumière de la foi nous est donnée pour avancer dans les ténèbres lorsque toutes les autres lumières s’éteignent.
Et des ténèbres, il y en a ! Le deuil d’un être cher nous fait redouter que la mort ne soit victorieuse de la vie. La guerre, la brutalité du quotidien, les conséquences dramatiques de l’égoïsme qui défilent sur nos écrans nous font craindre que l’absurde l’emporte sur le sens, que la violence l’emporte sur la douceur, que la spirale infernale de la destruction ne connaisse jamais de fin. En nous aussi, tous ces mauvais penchants dont nous ne parvenons pas à nous défaire pourraient nous convaincre que, dans nos vies, le péché finira par étouffer l’amour.
Bref ! l’Epoux tarde à venir.
Sans la lumière de la foi, comment tenir bon dans les ténèbres dans l’attente de l’Epoux ? Comment ne pas être abattus comme les autres qui n’ont pas d’espérance ? En écrivant aux Thessaloniciens éprouvés par le deuil, saint Paul n’a pas d’autre réponse que la foi : « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité. »
Frères et sœurs, illuminés par le Christ au jour de notre baptême, nous avançons dans la vie en enfants de lumière, depuis dix, trente ou quatre-vingts ans, à grandes enjambées ou à petits pas hésitants, avec mille chutes et mille relèvements.
Nous croyons que Jésus-Christ est mort et ressuscité pour nous. Nous croyons que ni la mort, ni l’absurdité, ni la violence, ni le péché n’auront le dernier mot en ce monde. Si aujourd’hui nous sommes affligés par toutes sortes de maux, nous croyons – et nous le redisons chaque jour – que « soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve, nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur. »
Car il viendra, frères et sœurs. Il viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin. Chaque année, la fin du temps ordinaire et le début de l’Avent nous font lever les yeux vers l’Epoux qui viendra pour mettre un terme à tout le mal, pour faire disparaître la mort pour toujours et essuyer les larmes de tous les visages.
À nous chrétiens, il est demandé de rester vigilants, de veiller. Ni vous ni moi n’avons à nous inquiéter de savoir comment Jésus sauve ceux qui ne le connaissent pas. Nous croyons qu’il n’y a pas d’autre chemin de salut que la mort et la résurrection de Jésus, et aussi « que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal (Gaudium et Spes). »
À nous qui connaissons Jésus, il est demandé de veiller à entretenir la lumière reçue à notre baptême : lumière de foi qui éclaire l’obscurité de ce monde, lumière d’espérance qui nous permet d’avancer vers la vie, lumière de charité qui nous attache à Dieu par un lien éternel.
S’il en est besoin, ranimons cette lumière par un surcroît d’attachement à Jésus, de conversion de vie, et en recourant au sacrement de la réconciliation. En tout cas entretenons-la, tout spécialement par la prière et l’approfondissement de notre foi. Veillons aussi les uns sur les autres, soutenons-nous mutuellement dans l’épreuve, ranimons la foi les uns des autres. Comme le dit saint Paul : « Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire. »
Frères et sœurs, voici comment s’achève la parole qui accompagne la transmission de la lumière pascale lors du baptême : « Ainsi, quand le Seigneur viendra, cet enfant pourra aller à sa rencontre dans son Royaume avec tous les saints du ciel. »
C’est ce que je nous souhaite à tous. Amen
Père Alexandre-Marie